Les Régions à l'Elysée
Hollande demande aux Régions d’accompagner sa politique de redressement
Le président François Hollande, le Premier ministre Jean-Marc Ayrault et quelques ministres au nombre desquels Michel Sapin, Cécile Duflot ou Victorin Lurel ont partagé hier midi un plateau repas avec les présidents des Régions de France. Si pour les outre-mer, seul Didier Robert (UMP-Réunion) n’a pas daigné y participer, pour l’Hexagone, Philippe Richert (UMP-Alsace) n’a pas voulu faire exception et s’est félicité, à la sortie, de cet échange. Au menu la banque publique d’investissement, le développement économique et la politique de l’emploi. Le président de la République a demandé aux Régions d’accompagner la politique gouvernementale. L’Etat et les Régions sont convenus de s’engager ensemble en faveur du financement des PME, du soutien à l’emploi et plus particulièrement la politique en faveur des jeunes sans qualification et la mobilisation des fonds européens en faveur de la croissance. A l’issue de cette réunion, une déclaration commune comportant 15 engagements précis a été adoptée. Les Régions seront membres du conseil d'administration de la Banque publique d’investissement et présideront son comité national d'orientation et les comités régionaux d’engagement pour accompagner les PME à l’export, investir dans l’innovation, agir en faveur des jeunes sans qualification, promouvoir les emplois d’avenir, accompagner la mise en place du contrat de génération et enfin, mobiliser les fonds européens. Le gouvernement a prévu de réunir à nouveau les Régions dans trois mois.
FXG (agence de presse GHM)
Réactions
Josette Borel-Lincertin, présidente de la Région Guadeloupe, a estimé qu’il s’agissait d’une réunion « importante et indispensable pour les Outre-mer ». Mme Borel a pris la parole pour insister sur la nécessité d’un « plan Marshall » pour la formation professionnelle et contre le chômage. « On a besoin de territorialiser les contraintes et les handicaps pour aborder le nouvel acte de décentralisation qui arrive », a-t-elle déclaré dans la cour de l’Elysée à l’isue de la rencontre. Ainsi avant d’aborder les nouvelles compétences qui seront dévolues aux Régions, la Guadeloupéenne, tout comme son homologue martiniquais, se sont félicités de ce que leurs collectivités allaient pouvoir gérer elles-mêmes les fonds européens. Quelles que soient l’ampleur de la crise et les conditions difficiles, la présidente a estimé que « ce tournant » (elle n’a pas dit « de la rigueur ») allait permettre de mieux appréhender le budget 2013. « C’est une rencontre à renouveler, au moins avec les ministres ! », a conclu Josette Borel avant de quitter l’Elysée et d’emmener avec elle le président Létchimy.
Serge Letchimy a pris, par deux fois, la parole, lors de cette réunion afin de faire valoir les particularités des Outre-mer par rapport aux dispositifs proposés :
« La gouvernance économique locale doit accompagner des dispositifs extrêmement importants pour la banque publique d’investissement, la gestion de proximité de la formation professionnelle par rapport aux emplois d’avenirs. C’est toute cette stratégie de développement territorialisé qui doit faire que les Régions supportent une dynamique endogène locale du développement économique par la création de PMI et TPE autour des mutations économiques globales, c’est ça qui était à l’ordre du jour avec les outils qui ont été présentés comme la gestion des fonds européens directement par les Régions, la banque publique d’investissement sous gouvernance des collectivités régionales avec bien sûr cette responsabilité de l’Etat, des stratégies de mutation économique et écologique. »
Rodolphe Alexandre
« Une réunion cordiale, respectueuse et conviviale avec beaucoup d’engagements et certainement la prise en compte de nos ambitions, de nos projets sur lesquels nous travaillons depuis trois ans ». Le président guyanais a pris la parole pour évoquer les fonds européens. « Ils me touchent directement car nous estimons aujourd’hui qu’il y a un problème franco-français sur la rédaction même des fonds structurels (Feder, Feoga, Feader, Fse). C’est-à-dire qu’on est la seule région de France à être en divergence et non en convergence à partir de notre retard structurel. Il était important de le dire officiellement au président de la République de façon à ce que nous puissions voir, avant le transfert des compétences comment nous pouvons rattraper le retard structurel de la Guyane. Le second point, c’était la clause de compétence générale puisqu’on va vers une collectivité unique, il est important que nous puissions aider ou accompagner les communes dans leurs projets ou leur résorption de déficit. Enfin, le troisième plan a été la coopération décentralisée ou transnationale en particulier avec le Brésil, le Surinam et le Guyana. Maintenant la Région va surtout attendre d’être dans la gouvernance, avoir l’actionnariat et participer à la BPI. »