Les voeux à la presse de Sarkozy
Les derniers voeux de Sarko
« J’ai hésité… » Arrivé sobrement, sans talonnette, face à la presse qu’il avait invitée le 31 janvier à 17 heures, Sarko s’est prêté à sa deuxième et dernière séance de vœux à la presse de son quinquennat. La première, en janvier 2008, avait laissé quelques traces, notamment chez Laurent Joffrin… Sarko avait encore développé un grand concept qui fît long feu, « la politique de civilisation ». Bref un exercice si réussi qu’il n’avait plus adressé de vœux à la presse depuis. D’où ses hésitations. « Peut-on faire des vœux à la presse ? A titre personnel… Un journaliste a droit au bonheur… » Allusion pas même masquée à son fameux « un président de la République a droit au bonheur » en 2008, après avoir annoncé, un rien frimeur : « Carla et moi, c’est du sérieux. » Alternant humour et cynisme, le président de la République a néanmoins souhaité une année 2012 « pleine de passion, de rebondissements, d’épreuves et de force ». « C’est plus facile à décrire que le calme plat… » Et, à la façon de Lénine parlant à ses alliés socialistes, Sarko a proposé à la presse de « faire un bout de chemin ensemble » tout en faisant un parallèle avec la vie d’un couple : « Aucun stigmate annonciateur de déchirure dans notre couple… » Même s’il a soulevé un reproche : « Je vois bien vos astuces pour me remplacer… Vous m’avez élu homme de l’année 2011, j’espère que ce n’est pas pour me détourner de l’année 2012… » Plus sérieusement et s’adressant autant à lui qu’aux journalistes, Sarko a indiqué que « le mot sentiment n’a pas sa place entre nous, dans les rapports professionnels ». Il a aussi accordé à la presse le rôle de la critique : « C’est la seule façon de progresser. Là, merci j’ai fait des progrès considérables… » Le président sortant essaiera donc de ne pas décevoir la presse : « Je vais essayer de déjouer certains de vos pronostics. » Mais voulant se montrer au-dessus de la mêlée, il a parlé des idées : « L’enjeu des trois mois à venir est là ; ce sera le cœur de la campagne. » Sarko la voit comme la première véritable campagne présidentielle du XXIe siècle ; « la première où l’on verra le monde s’inviter dans le débat national français… » Et évoquant les réseaux sociaux, le président a eu ce mot : « Vous n’avez plus le monopole de l’info, ni même celui des médias, nous sommes dans l’univers de l’auto-information où chacun peut présenter sa vérité ou son désarroi… » Et réagissant à la vogue du buzz telle une « pulsion ado », il a conseillé aux journalistes de « laisser à la sphère de l’auto-information la pulsion de l’émotion immédiate et de garder (pour eux) la pédagogie de l’information calibrée ». Puis, il a rappelé les 580 millions d’euros d’aide de l’Etat pour la presse écrite : « La presse n’est pas le 4e pouvoir de la démocratie ; c’est un pilier ! » Et il a eu cette formule étrange : « La presse écrite est à la presse ce que les usines sont à l’économie… » Ambiance sidérurgie années 1980 ! Heureusement il y a le livre : « Nous sommes un pays où sortent autant de livres hostiles au président que de 1ers romans. C’est formidable, la presse est tellement libre ! » Alors, le maître a donné sa leçon : « Racontez des histoires, décortiquez les programmes, trouvez vos lecteurs, auditeurs, téléspectateurs. Si on réussit ça au premier semestre, alors on pourra attaquer le second… Le « on » ne me met pas dedans. » Et au cas où il y aurait un doute, il a précisé : « 2012 ne me décevra pas ! » Finalement, ces seconds vœux du quinquennat avait presque un parfum d’au revoir, au moins au cas où…
FXG (agence de presse GHM)