Loi contre la vie chère en outre-mer
Vie chère en outre-mer : verdict le 5 septembre
Un projet de loi doit être dévoilé en conseil des ministres. Un examen de passage pour le ministre des Outre-mer, qui se sait très attendu sur ce texte.
« Pour corriger certaines inégalités économiques dont souffrent les outre-mer, un projet de loi relatif à la régulation économique outre-mer sera présenté au conseil des ministres du 5 septembre. » Le communiqué de presse de l’Elysée, qui a fait suite au conseil des ministres du 22 août, a fixé le calendrier. Il reste donc une quinzaine de jours pour préciser les contours de cette loi contre la vie chère très attendue depuis les émeutes sociales qui se sont échelonnées des Antilles-Guyane à la Réunion et Mayotte entre 2009 et 2012. C’est le conseiller Thierry Dahan, en charge de la concurrence et de la vie chère au ministère des Outre-mer, qui pilote le projet. Pour autant, après la série de consultations qu’a eues Victorin Lurel avec les acteurs concernés, au premier rang desquels, Bruno Lasserre, président de l’Autorité de la concurrence, ou Jean-Pierre Philibert, président de la Fédération des entreprises d’outre-mer, l’affaire s’annonce compliquée. « La FEDOM (Fédération des entreprises d’outremer) était presque dépêchée pour me montrer la ligne rouge », indiquait en juillet dernier, Victorin Lurel qui sait qu’en matière de grande distribution, les lobbies sont très puissants pour protéger ce qui fait le sel des profits : les exclusivités de marques ou de produits mais aussi les plateformes d’importation communes, toutes formes de cartels qui ne disent pas leur nom.
La FEDOM redoute un pouvoir d'injonctions structurelles de l'Autorité de la concurrence
Etienne Wasmer, professeur d’économie à Sciences po Paris, ne dit pas autre chose quand il recommande simplement, à l’occasion d’un rapport sur les causes de la cherté de la vie en Nouvelle-Calédonie, plus de concurrence : « Si on arrive à organiser la concurrence de manière plus poussée on peut penser aller vers une plus grande vérité des prix. » Mais veut-on vraiment laisser le ministre des outremers s’attaquer à ce problème ? « La Fedom, indiquait récemment son président, n’est pas opposée aux injonctions structurelles relatives aux abus de position dominante à condition qu’une différence soit faite entre des rentes de situation dues à des monopoles historiques et des positions dominantes dues à la seule performance entrepreneuriale. » Si Jean-Marc Ayrault, moins d’un mois après avoir reçu les parlementaires d’outre-mer, a réaffirmé hier, en conseil des ministres, sa préoccupation sur la question de la vie chère (l’urgence pourrait bien être décrétée), sa sincérité et donc la crédibilité de son ministre des Outre-mer, se mesurera surtout à l’aune du texte qui sera présenté le 5 septembre et des pouvoirs qu’il voudra bien accorder à l’Autorité de la concurrence.
FXG (agence de presse GHM)
Retour de la loi anti-obésité
Le député Lurel en avait fait sont cheval de bataille en 2011 et malgré un large consensus obtenu en commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale, la majorité UMP de l’époque avait retoqué cette proposition de loi destinée à réglementer le taux de sucres dans les laitages, glaces et sodas fabriqués et vendus en outre-mer pour lutter contre l’obésité. Maintenant qu’il est aux affaires, Victorin Lurel représentera-t-il sa loi sous forme de projet gouvernemental ? Possible, à moins qu’elle ne fasse l’objet d’une nouvelle proposition portée cette fois par sa suppléante à l’Assemblée, Hélène Vainqueur, et par le président de la délégation outre-mer du Sénat, Serge Larcher.