Loi vie chère
Loi sur la vie chère : la prudence est de mise
Et si la promesse de faire baisser le coût de la vie en outre-mer était trop grosse ? Les réactions des parlementaires d’outre-mer à l’issue d’ultimes concertations au ministère des Outre-mer laissent dans l’expectative.
« Je ne vais pas dire que ce sera compliqué. Mais ce sera difficile. Je ne vais pas dire que le ministre va s’attaquer aux lobbys, c’est un peu trop fort… » Les parlementaires ultramarins pèsent leurs mots quand il s’agit de parler du projet de loi sur la vie chère. Entre leur volonté de ne pas se retrouver en contradiction avec le ministre des Outre-mer et celle de ne pas s’attaquer de front aux responsables de la vie chère, il est parfois difficile d’obtenir le fond de leur pensée.
Lundi, ceux de la majorité, puis mardi, l’ensemble des parlementaires ont été reçus au ministère des Outre-mer. Pierre Frogier (UMP, Nouvelle-Calédonie), Paul Vergès (CRC, La Réunion), Alfred Marie-Jeanne (GDR Martinique) et Serge Létchimy (Apparenté socialiste, Martinique) n’avaient pas répondu à l’invitation mais étaient représentés. Le député Thierry Robert (RRDP, La Réunion) était le seul absent non représenté.
Victorin Lurel tenait à faire le point avec eux sur le texte qui sera débattu dès le 25 septembre en commission des affaires économiques, là où se joue l’essentiel.
Le ministre des Outre-mer, lui-même, a un discours teinté de prudence en diluant les responsabilités futures. « Il y aura, je l’espère, une plus grande implication des collectivités et des organisations de consommateurs. On doit se mêler de ce qui nous regarde, ce n’est pas l’Etat, à Paris, qui va décider seul de faire baisser les coûts, prévient Victorin Lurel. Si les consommateurs sont plus actifs, si la télévision, la radio du service public et les radios privées font des émissions donnant de l’information objective, sans pour autant fusiller et brûler les entreprises, ce combat peut être gagné. Il n’y a pas de fatalité de vie chère. » En clair, chacun doit y mettre du sien. L’Etat et la loi ne peuvent pas tout.
La députée socialiste de la Réunion, Monique Orphé, se réjouit de « la très bonne concertation ». Elle s’attend à ce que le projet de loi « passe facilement puisque tout le monde est d’accord pour dire qu’il est nécessaire d’intervenir sur la vie chère ».
Sans entrer dans les détails, Gabrielle Louis-Carabin (apparentée socialiste, Guadeloupe) estime qu’ « il y a surement des choses à améliorer ». Elle voit ce texte comme « une boîte à outils ». Elle espère qu’il va « permettre la régulation de certains prix pour pouvoir soulager le panier de la ménagère ». Mais elle « pense que ce sera difficile car on va s’attaquer à des structures qui existent depuis très longtemps. On a laissé faire ».
L’avis de Maurice Antiste, (PS, sénateur de la Martinique) sur la loi est plus abscons : « J’ai envie de dire qu’il manque tout et rien. On peut considérer que c’est un texte cadre mais, qui, en réalité, ne cadre pas tout. »
Alors, le projet de loi répond-il aux attentes ? Bruno Nestor Azerot (député GDR Martinique) attend plus de moyens financiers pour les observatoires des prix et pour la continuité territoriale. Mais il prévient : « Je suis un élu réaliste. On ne pourra pas tout faire d’un coup. »
Sur le même ton, Gabriel Serville, député GDR de la Guyane, trouve le « texte intéressant ». Il estime qu’il a « le mérite d’exister, mais il ne va pas tout à fait au bout de la logique ». Les populations attendent beaucoup de cette promesse du président de la République. Les élus le savent et se méfient. Un peu comme le ministre.
David Martin (agence de presse GHM)