Lurel et l'eau
Victorin Lurel, président de la Région, a rencontré la ministre de l’Ecologie Ségolène Royal, hier. Au programme les futures lois sur la transition énergétique, la biodiversité, la conférence biodiversité qu’accueillera la Guadeloupe du 22 au 25 octobre prochains, la situation du port, mais aussi un sujet qui préoccupe les Guadeloupéens depuis trop longtemps : l’eau. Interview.
« L’ONEMA ne veut plus financer la Guadeloupe »
Qu’attendez-vous de la ministre de l’Ecologie sur le dossier de l’eau ?
Nous avons déjà tenu deux réunions en Guadeloupe pour trouver une solution. La première a fixé la règle, l’horizon et les montants. La deuxième a servi pour débloquer la situation à Capesterre-Belle-Eau : Véolia a accordé un moratoire de huit jours et on attend vendredi pour savoir si la présidente de la Communauté d’agglomération du sud Basse-Terre (CASBT) conclut. Et puis il a l’intervention de l’Etat. Un engagement a été pris et je voulais vérifier auprès de Ségolène Royal que l’office national des eaux et des milieux aquatiques (ONEMA) interviendra. Elle doit essentiellement financer l’assainissement à hauteur de 27 millions d’euros sur la période 2014-2020. Ce n’est pas suffisant d’autant qu’un courrier aurait été tenu disant que l’ONEMA ne voulait plus financer la Guadeloupe. Nous nous employons donc à faire réexaminer cette décision. Ségolène Royal a été très sensible et très ouverte à cette thématique. Il y a des centaines de millions de travaux à faire, dont 427 pour la seule réparation des canalisations. Il faut donc que l’ONEMA revienne. Nous avons formulé une demande pour au moins 30 millions sur l’horizon 2014-2020 en plus des 27, mais consacrés exclusivement à la Guadeloupe, compte tenu de l’état des réseaux. Bien évidemment, les autres partenaires vont cofinancer tout cela.
La gestion catastrophique de ce dossier de l’eau ne devrait-il pas aboutir à ce que des institutions comme le SIEAG mettent la clé sous la porte ?
Il y a une chose que personne n’a évaluée : avant, il y avait plus d’une dizaine d’autorités compétentes. Les intercommunalités sont arrivées et aujourd’hui, il y a encore six ou sept autorités compétentes dont le SIEAG. Le SIEAG, au-delà des appréciations portées sur sa gestion passée, avait le bénéfice d’être l’un des syndicats importants qui pouvait être le syndicat unique. Or, désormais, il y a six communautés de communes ou d’agglomérations qui se veulent également compétentes. C’est la raison pour laquelle, j’ai pris l’initiative de dire qu’il faut une seule autorité et donc confier tout cela à l’office de l’eau qui, présidée par Jacques Gillot, reste une institution indépendante avec des redevances payées par les uns et les autres.
La Guadeloupe peut-elle réellement se sortir de cette pénurie à répétition ?
Il faut mettre de l’ordre dans le paysage des institutions et des établissements publics qui gèrent l’eau. C’était l’objet de notre première réunion : l’architecture et la gouvernance de l’eau. Nous créerons ensuite un syndicat unique de production, mais également, en partie, de la distribution, notamment pour les réseaux.
Véolia a renoncé finalement à larguer la Guadeloupe ?
Ils sont venus me voir pour dire que si rien de sérieux n’était fait, des engagements fermes pris, des contrats signés, ils partiraient… Ils ont été bienveillants et ont accepté de reconduire pour huit jours supplémentaires sans aucune garantie, sans contrat, pour trouver un accord avec la CASBT, car c’est là où ça bloque. Alors que Gabrielle Carabin a signé en différant les problèmes de répartition d’actifs et de passif du SIEAG, la Basse-Terre pose un certain nombre de problèmes. Mais le terme du délai que nous a laissé Veolia arrive vendredi et nous devons parvenir à conclure pour ce qui concerne le château d’eau qu’est Capesterre-Belle-Eau.
Propos recueillis par FXG, à Paris