Lurel et l'épandage aérien au banole sur les bananiers des Antilles françaises
Lurel : « Je n’ai pas l’âme d’un empoisonneur »
Victorin Lurel est revenu, hier, à l’occasion d’une rencontre avec la presse parlementaire, sur la suspension de l’épandage aérien des bananeraies antillaises avec du banole par les tribunaux administratifs de Basse-Terre et Fort-de-France. « On n’a pas subi la pression de lobby », a d’emblée rappelé celui qui a voyagé il n’y a pas si longtemps dans le même avion que le patron de l’Union des groupements de producteurs de bananes de Guadeloupe et Martinique. Puis il a rappelé de quoi il était question : la bouillie fongicide qui n’est pas en cause et le produit fixatif, le banole. « C’est la seule méthode avérée contre la cercosporiose noire », a-t-il assuré avant de rappeler qu’en neuf mois, Sainte-Lucie avait perdu toute sa production de bananes d’exportation. Le ministre des Outrre-mer en a profité pour saluer la démarche « banane durable » de la profession en rappelant qu’aux dix opérations d’épandage annuelle par plantation aux Antilles française, des pays comme l’Equateur en pratiquaient 52. il est alors revenu sur les dispositions du jugement des tribunaux administratifs, mettant en exergue que c’est seulement « faute d’analyse spécifique » du banole et « par principe de précaution », que la mesure de suspension avait été ordonnée. Il a ensuite plaidé « l’erreur de droit » du fait que « la toxicité était non prouvée ». « Oui, a assuré le ministre, nous allons faire un pourvoi en cassation et nous allons reprendre l’arrêté préfectoral en excluant le banole. » « Ne craignez-vous pas de réitérer l’erreur commise par Jean-Pierre Soissons, ministre de l’Agriculture en 1993 lorsqu’il a accordé les dérogations pour le chlordécone ? » lui a-t-on demandé. Le ministre a admis qu’il prenait un risque mais qu’il ne s’agissait pas de pesticide mais de fongicide, avant de conclure, presque dramatique : « Je n’ai pas le visage, ni l’âme d’un empoisonneur. »
FXG (agence de presse GHM)