Lurel et le decret carburant
ITW Victorin Lurel, ministre des Outre-mer
Victorin Lurel dénonce le chantage des compagnies pétrolières et l’instrumentalisation des gérants pour bloquer le projet de décret sur les marges et les prix des carburants.
« C’est un chantage »
Les gérants des stations-service des Antilles et de la Guyane ont peur d’etre les otages des compagnies pétrolières auxquelles vous voulez imposer un nouveau décret carburant pour réduire leurs marges. Ils redoutent que les compagnies ne reprennent les stations en directe et ne les automatisent. Ont-ils raison d’avoir peur ?
J’ai entendu ca à Mayotte où l’on m’a dit tres clairement : « Ce sont les compagnies pétrolières qui nous demandent de s’opposer au décret. » Le Premier ministre a déjà tranché : les stations-service ne sont pas dans le décret. Nous voulions les protéger, les gérants ne veulent pas. Ce qu’on peut dire, c’est qu’après les événements de 2009, partout dans les outre-mer, les profits des compagnies pétrolières ont décuplé. On a des chiffres ; il y a eu un dernier rapport qui confirme en tout point ce que nous pensions. Nous disons que dans un secteur à monopole, un secteur administré avec des prix fixés par les préfets, on peut avoir des marges, mais plus raisonnables. C‘est ce qu’on s’apprête à faire très bientôt, sans doute pour le 1er janvier 2014. Les pétroliers ont déjà recu le projet…
La pression des pétroliers vous glisse dessus, mais retombe sur les gérants…
Ca voudrait dire qu’on empêcherait l’Etat de décider, à la représentation nationale de légiférer en disant que si ce décret passe, ils reprendraient en gestion directe les stations-service ? C’est un chantage ! Comment peut-on remettre en cause des loyers contractualisés et décidés d’accord parties depuis longtemps ? Les compagnies pétrolières prendront leurs responsabilités… On me dit qu’il y a mille emplois dans les stations-service en Guadeloupe comme en Martinique ? On aura donc mille employés des compagnies pétrolières, mille salariés directs…
Les gérants évoquent des projets d’automatisation des stations…
Le gouvernement a demandé que nous maintenions les marges des stations-service à condition de maintenir l’emploi. Il faut être clair. On ne va pas faire le chantage d’augmenter encore les marges. Elles sont conséquentes dans les stations. On a voulu faire une station type, les gérants n’ont pas voulu. On a voulu stabiliser les contrats, ils n’ont pas voulu. Ils ont dit que nous allions libéraliser les prix ; il s’agissait d’une différenciation pour les aider et ils n’ont pas voulu. Maintenant, on nous dit : « Vous ne prenez pas le décret parce que nous perdrons nos jobs. » Je veux bien entendre ça, mais ça me paraît quand même de nature difficile à accepter.
Ce que disent les gérants alors, c’est du flan ?
Je ne dis pas que c’est du flan, mais jugez-en ! Comment peut-on dire à un gouvernement : « Vous ne prendrez pas ce décret, sinon nous reprenons tout. » On verra bien, mais on prendra le décret.
Propos recueillis par FXG, à Paris