Lurel publie Lettre ouverte aux Français de l'Hexagone
Lurel craint pour la France qu’il aime
Dans un livre, le responsable de la campagne outre-mer de François Hollande s’adresse aux Français de l’Hexagone. Il sonne comme une mise en garde et un appel à l’ouverture.
Ceci n’est pas un livre de campagne électorale. « J’ai pris du retard. Il aurait dû sortir fin décembre, début janvier », se défend Victorin Lurel. Dans « Lettre ouverte à mes compatriotes de l’Hexagone », aux éditions Armand Colin, le président de la Région Guadeloupe et député PS s’adresse aux « Hexagonaux », parfois « condescendants et paternalistes ».
Victorin Lurel met en garde contre le renfermement sur soi et la peur de la mondialisation (pas au sens libéral du terme). « Je vous dirais, au risque de vous surprendre, écrit-il, que vous n’êtes plus totalement blancs et que c’est un atout pour vivre dans le monde de demain. » Il veut poser un regard objectif et modéré, tout en étant conscient que ce type de vision a tendance à disparaître « car on est de plus en plus dans le passionnel ».
Petites phrases qui font mal à la France
Si le livre n’a « pas une once de politique politicienne », Victorin Lurel n’en défend pas moins un « livre de combat ». La droite pourra, parfois légitimement, se sentir visée. « Le fond de l’air a changé. Il n’est pas bon », regrette le responsable outre-mer de la campagne de François Hollande. Il vise les propos sur les inégalités de civilisations de Guéant, le discours de Grenoble de Nicolas Sarkozy visant les Roms, ou, tout dernièrement, du même auteur, « les musulmans d’apparence », à propos des militaires assassinés par Mohamed Merah…
«Ce qui se disait dans les années 30-40 du siècle dernier ressurgit sous un habillage différent, note le député. Et quand François Hollande propose de retirer le mot race de la Constitution le président de la République ridiculise la chose. La symbolique est terriblement importante. »
Ne pas garder uniquement le négatif
Victorin Lurel regrette que parfois de jeunes ultramarins se disent Guadeloupéens, Polynésiens, Réunionnais, et ne veulent plus dire qu’ils sont Français. « Il y a un désamour mais aussi beaucoup d’affectation, mais elle a du mal à se manifester », note le député. Ce livre est comme un appel. « Il est optimiste, pas béat. C’est un livre de compliments aussi, car il y a beaucoup de belles choses que nous pouvons faire ensemble », estime-t-il. Malgré tout « la France est un pays généreux dans ses textes. Elle a inventé les plus beaux principes de vie en société, l’ouverture sur le monde ». Victorin Lurel regrette que l’on nous montre le plus souvent les échecs, les discriminations, les violences. « Elles existent certes. Mais on observe aussi en France un taux de mariages mixtes significatif, une amélioration régulière de la réussite scolaire des descendants d’immigrés ainsi qu’une progression sociale globale au fil des générations ». Mais attention prévient-il : « Il faut veiller à ce que la crise ne vous conduise pas à vous renier ».
David Martin (Agence de presse GHM)