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Publié par fxg

Le gouvernement contre les addictions

Le gouvernement lance une campagne à destination des jeunes des départements d’outre-mer contre l’usage précoce et abusif de l’alcool et des drogues illicites (crack et cannabis).

Penchard-19-9.jpg« Tabac, alccol, crack et cannabis sont des sujets sur lesquels on communique trop peu. » La ministre chargée de l’Outre-mer, Marie-Luce Penchard a présenté lundi matin à Paris le volet ultramarin d’une campagne nationale à l’adresse des jeunes contre les addictions aux drogues licites (l’alcool) et aux drogues illicites (crack et cannabis). Avec la secrétaire d’Etat à la Santé, Nora Berra, elle a rappelé les spécificités en matière d’usage de drogues dans les départements de la Réunion et les trois départements français d’Amérique. Ainsi, à la Réunion, 31 % des jeunes de 13 ans ont déjà été ivres contre seulement 16 % dans l’Hexagone. Le syndrome d’alcoolisation fœtale y est une des préoccupations de santé publique et la mortalité directement liée à l’alcool est supérieure de 70 % à la moyenne nationale. « On meurt deux fois plus de cirrhose du foie et de psychose alcoolique à la Réunion que dans l’Hexagone », a indiqué Nora Berra. Chez les adultes, les quatre Régions d’outre-mer sont dans le peloton de tête des six régions françaises concernées par l’alcoolisme (La Réunion : 13.6 % ; Martinique : 12.6 % ; Guyane : 12.5 % ; Guadeloupe : 10.8 %). Concernant les drogues illicites, l’expérimentation du cannabis concerne 27 % des jeunes de 17 ans en Guyane contre 34 % dans les autres DOM et 42 % dans l’Hexagone. Le crack est la drogue la plus consommée après le cannabis, même si les chiffres sont inférieurs à ceux de la métropole (1.3 % des jeunes de 17 ans l’ont expérimenté dans les DFA contre moins de 1 % dans l’Hexagone). 55 % des jeunes crackés ont commencé leur addiction par curiosité. Seuls 4 % ont consommé après 40 ans. Et pour un tiers d’entre eux, la consommation régulière s’est faite dans la semaine qui a suivi la première prise… A partir de 2012, on devrait avoir une vision plus précise car l’Institut national de prévention et d’éducation sur la santé (INPES) va réaliser un baromètre santé spécifique aux DOM avec un volet addictions.

« Décroche »

Nora-Berra.jpg« Contre la dépénalisation et la légalisation, la lutte et la prévention sont un devoir, s’est exclamée la secrétaire d’Etat à la Santé. La mobilisation de l’Etat contre le trafic de drogue a été de 11,5 M€ dans les 4 DOM et des moyens de prise en charge des toxicomanes ont été créés depuis 2008. » Ainsi pour les addictions liées au crack, la Guyane dispose de 14 lits à Cayenne, 35 à Roura (depuis 2010) et 25 à venir en 2012 à Saint-Laurent du Maroni. L’Etat va, en outre, financer à hauteur de 20 000 € le Prévenbus à Cayenne… La campagne lancée par le gouvernement et préparée par l’INPES et la mission interministérielle de lutte contre les drogue et les toxicomanie, qui a commencé à l’occasion des grandes vacances, doit se poursuivre lors du trimestre à venir. Il s’agit d’amener les jeunes à réfléchir aux risques liés à leur mode de consommation d’alcool. Une brochure va être distribuée : « Alcool, vous en savez quoi ? » Côtés drogues illicites, la campagne est tournée vers les familles car, contrairement au comportement des toxicomanes de l’Hexagone, ceux des DOM (2 sur 3) continuent de voir leurs proches. Marie-Luce-Penchard-et-Nora-Berra.jpgLa campagne télévisée « Contre la drogue, chacun peut agir » est diffusée sur 1ère et les locales privées (ATV et antenne Réunion) jusqu’au 2 octobre. Une campagne de presse et d’affichage accompagnera le spot télé. Ces campagnes de préventions ont aussi pour but d’orienter les toxicomanes vers de lieux d’écoute et de prise en charge. Là encore, une campagne d’affichage avec pour seul slogan « décroche » sera visible dans les DOM du 10 au 27 octobre.

FXG (agence de presse GHM)

 

Ecoute alcool par téléphone au 0 811 91 30 30 (appel au prix d’une communication locale depuis un poste fixe)

Sur internet : www.boiretrop.fr

 

Drogue info service au 0 811 23 13 13 (appel gratuit depuis un poste fixe) ou au 07 70 23 13 13 (appel au prix d’une communication ordinaire depuis un portable)

 


Trois questions au Pr. Aimé Charles-Nicolas, chef de service de psychiatrie et de psychologie médicale au CHU Zobda-Quittman de Fort-de-France

Pr-charles-nicolas.jpg« La consommation d’alcool par les jeunes est un problème de santé publique réelle »

Que pensez-vous du plan présenté par les deux ministres ?

Je pense qu’il est utile de mettre l’accent sur la consommation d’alcool par les jeunes parce que c’est, d’une part, un problème de santé publique réelle, et d’autre part, si l’on ne fait rien, les choses vont s’aggraver. Pour les drogues illicites, je n’ai rien noté de très nouveau même s’il est utile de faire des piqûres de rappel régulièrement.

Ce qu’il y a de nouveau, c’est que la communication a été, dans le cadre d’un plan national, adaptée à nos publics d’outre-mer…

C’est une opération de communication qui est utile et nécessaire, mais nous avions déjà localement créé des outils de prévention spécifiques. Que ça vienne maintenant du ministère de l’Outre-mer est une bonne chose ; ça veut dire que ces spécificités sont reconnues dans une campagne nationale. C’est très bien… Maintenant, on n’a pas attendu la ministre de l’Outre-mer pour faire ce travail en Guyane, en Guadeloupe, en Martinique et à la Réunion.

Cette campagne ne sert-elle pas entre autres à orienter les victimes d’addiction dans des services de prise en charge tels que le vôtre ?

Elle sert à deux choses. D’une part, elle évite des premiers contacts avec la drogue illicite et vise à diminuer la consommation d’alcool excessive par les jeunes. D’autre part, elle incite à consulter. C’est bien car il y a des gens qui, en dépit de leur consommation très grave, ne connaissent pas les ressources sanitaires et sociales. Car on peut s’en sortir ! On sort du crack et de la cocaïne ; on sort de l’alcool d’autant plus facilement qu’on a commencé le traitement tôt. Le problème, en général, c’est d’imaginer qu’on puisse vivre sans drogue, sans alcool. C’est pour ça que le travail initial, c’est celui d’une motivation. Il faut que les gens prennent l’initiative par eux-mêmes et qu’ils n’aient pas le sentiment d’obéir à une injonction extérieure.

Propos recueillis par FXG (agence de presse GHM)

« On sort du crack et de la cocaïne ; on sort de l’alcool d’autant plus facilement qu’on a commencé le traitement tôt. »

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