Lynnsha dans les charts
Lynnsha
« Mon père nous interdisait la musique païenne »
Avec « Île et moi », sorti en décembre aux Antilles, la chanteuse d’origine martiniquaise Lynnsha a fait une pause sur le R’n’B pour s’essayer au zouk, une musique qu’elle a découverte sur le tard. Elle raconte pourquoi.
"Ne m'en veux pas" est de plus en plus diffusé en club et est en 8ème du classement single world Itunes…
Oui, c’est cool ! Avec mes albums passés il y avait déjà eu pas mal de diffusions en club. J’ai fait près de trois ans de tournée en club, en France, Belgique, Suisse, un peu aux Antilles et beaucoup en Afrique. Là, je suis contente parce que c’est avec un autre style musical. Mes trois premiers albums étaient R’n’B. « Île et moi » est le premier album afro caribéen. Je suis donc très contente que ma musique caribéenne soit appréciée en club.
Pourquoi avoir changé de genre ?
Pour moi, ce n’est pas vraiment un changement. En parallèle j’ai toujours fait de la musique caribéenne. Je mélange les styles musicaux, et d’ailleurs, dans les titres R’n’B il y avait toujours ma petite touche caribéenne. Elle est en moi. Dans l’avant dernier album, « Elle et moi », les quatre derniers titres annonçaient cette évolution. « Île et moi » est dédié à mes origines. Cela faisait un moment qu’on me demandait de le faire. Mais j’avais envie de prendre mon temps.
Jusqu’où voulez-vous aller avec cet album ?
C’est un album world. Je veux parcourir le monde ! Montrer mes multiples facettes. Je veux montrer les rythmes différents de mes origines, car celles-ci ne s’arrêtent pas aux Antilles. Qui dit Antillaise, dit Africaine.
Antillaise, Africaine et banlieusarde…
Oui, je suis une banlieusarde. Ma sœur et moi avions la chance de quand même pouvoir partir assez souvent aux Antilles. Nous avons la culture antillaise, mais la musique antillaise, elle, je l’ai eue assez tard parce que mon père est adventiste. Il nous interdisait d’écouter de la « musique païenne », « sexe ». Je connaissais le zouk qui passait à la télé, mais pas le pur et dur, pas le zouk qu’on entend au carnaval etc.
A l’école du negro spiritual gospel
Quand avez-vous commencé cette découverte ?
Vers l’âge de 13 ans, un cousin m’a donné une cassette pour que je puisse écouter en cachette. A la maison nous n’écoutions que de la musique negro spiritual gospel. C’est celle-là que j’ai appris à chanter, notamment avec mon père qui était directeur de chorale. A la télé je voyais les musiques pop, rock… J’étais fan de Vanessa Paradis, Whitney Houston. Il y a plein de titres de zouk que j’ai connu super tard.
Et le carnaval ? Quand l’avez-vous découvert ?
Je n’y suis jamais allée ! Je crois avoir vu un petit bout à l’âge de 19 ans en Guyane. J’y étais car je faisais partie de chœurs de Kaysha. Je viens de voir « 30°C couleur ». C’est chaud le carnaval ! Je ne connaissais pas vraiment !
Comment ont réagi vos parents quand ils ont vu que vous écoutiez du zouk ?
Je n’étais plus chez eux. Heureusement ! Ils auraient pété un plomb. Mes parents ont divorcé alors que j’avais 11 ans. J’ai d’abord été vivre avec ma mère. A 18 ans, je suis allée chez mon père, mais il s’est remarié. Ca s’est super mal passé. On m’a dit que je pouvais partir… Donc je ne vis plus avec mes parents depuis cet âge là. Je n’ai pas eu besoin de demander l’autorisation !
Qu’est ce qui est le plus important aujourd’hui ? Vendre des CD ou être présent dans les nouveaux medias ?
Si je peux tout faire tant mieux. Mais les CD ne se vendent plus. Il faut vivre avec son temps. La musique ce n’est plus vendre des CD. Ca ne marche plus du tout ! On vend un peu sur internet. Ce qui m’intéresse, maintenant, c’est les concerts. Il y a aussi une différence entre le marché « communautaire-world » et le marché national que j’avais auparavant avec mes albums R’n’B. Chez Warner, j’ai quand même eu deux disques d’or.
Ce nouvel album est donc moins grand public ?
On n’a pas encore fait la promo grand public. Je veux d’abord que ma communauté me soutienne. Certaines radios en province le passent déjà. Là, je reviens de Lille où j’ai fait le Zénith avec plusieurs artistes pour l’association de Rio Mavuba, le capitaine du LOSC. J’ai hésité sur le morceau que j’allais chanter. Finalement, j’ai interprété « Je veux que tu mentes », un titre que le public connaissait par cœur. Lors de la signature des autographes on m’a demandé pourquoi je n’avais pas chanté un nouveau titre.
L’Olympia pour elle seule en 2013
Quand va commencer la promotion en métropole ?
Il est sorti aux Antilles le 25 décembre et en métropole le 14 février. Maintenant que l’album est installé aux Antilles, nous allons pouvoir débuter la promotion en métropole. Le 2 mai je ferai une heure de live à la Foire de Paris.
Vous n’êtes pourtant pas encore allée aux Antilles…
Oui, c’est cool. Il marche alors que je n’y suis pas allée. Je pense me rendre en Martinique et en Guadeloupe en avril pour faire la tournée des radios, télé, clubs…
Vous allez faire la première partie de Tanya Saint-Val à l’Olympia le 8 avril. Dans quel état d’esprit êtes-vous ?
On a un passif toutes les deux. J’ai travaillé sur ses deux derniers albums. Comme elle sait que je suis nouvelle dans le milieu du zouk, elle a voulu m’offrir sa première partie. J’ai trouvé ça sympathique. Ce sera un nouveau public pour moi, un petit challenge. J’ai déjà chanté à l’Olympia, mais la salle pour moi toute seul c’est pour 2013.
Et dans l’album vous faites une place à une autre célébrité du zouk, Jocelyne Beroard. Pourquoi ?
Oui, nous chantons « Fanm Kréol » ensemble. C’est un petit cadeau aux femmes, à celle d’Obama, aux actrices créoles, à Tanya Saint-Val, à ma sœur, à Marie-José Pérec… A toutes ! J’ai voulu chanter ce morceau avec Josseline Beroard parce que pour moi c’est elle qui représente le mieux les femmes créoles. Elle a fait connaître notre culture dans le monde entier. Je voudrais aussi signaler le morceau avec Kalash. Je travaille encore sur l’album : je vais tourner le mois prochain un clip avec Fally Ipupa pour « Kobosana té »
Propos recueillis par David Martin (Agence de presse GHM)