Malavoi au Zenith avec l'orchestre d'Anne Gravoin
Malavoi s’offre un orchestre symphonique pour ses 40 ans
« C’est un son qu’on découvre ! » Tony Chasseur est comme un poisson dans l’eau au milieu des violons de l’orchestre. Dans la salle de répétition, le chanteur martiniquais est tantôt au premier rang, près de Mathias Pizzaro, l’arrangeur et chef d’orchestre chilien, tantôt au fond où il donne en claquant des mains la cadence aux cuivres. Pour ses quarante ans d’existence, Malavoi, le groupe fondé par Paulo Rosine, jouera accompagné de ’orchestre symphonique d’Anne Gravoin : une quarantaine de musiciens classiques dont 22 violons, 2 contrebasses, deux violoncelles, des bois, des cuivres et une harpe. Pizzaro a mis deux mois pour sortir ses partitions. Elles ne sont prêtes que depuis la veille de la première répétition, lundi 26 novembre, dans un ancien cinéma d’Alfortville converti en studio. « On n’a rien changé, promet Mathias Pizzaro. Ils vont jouer comme ils jouent d’habitude ! » L’orchestre travaille ses partitions sur des CD. Syracuse, Case a Lucie, Apartheid… La ligne mélodique de Paulo Rosine est respectée, l’orchestre lui donne de l’ampleur. C’est après le concert de Malavoi au mois de mai dernier à l’Atrium de Fort-de-France que l’idée de ce mariage entre musique classique et antillaise est venu. Deux producteurs, François Pinard de Los Productions (Kassav) et Eric Basset (Aztec Musiques) l’ont voulu. Ce dernier connaît depuis 1986 le ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, et son épouse Anne Gravoin. Par ailleurs Anne Gravoin est connue dans le milieu musical antillais. « Je joue beaucoup avec des zoukmen depuis plus de 20 ans. » Elle a fait le Zénith 1996 avec Kassav, joué avec ses violonistes dans l’album de Tony Chasseur Lanmou é lamitié, avec Mario Canonge ou Ralph Tamar… « Quand, explique Anne Gravoin, Eric Basset m’a proposé Malavoi avec qui je n’avais jamais joué, j’ai été ravie car l’orchestre symphonique se prête à eux parfaitement bien. » « J’avais pensé, témoigne Eric Basset, à l’orchestre symphonique d’Île de France mais quand j’ai appelé, on m’a répondu : Olala… » Premier violon, Anne gravoin a réuni certains des musiciens avec qui elle joue déjà, pour l’Opéra en plein air, ou encore Johnny Halliday. « Mes musiciens sont curieux même si certains ne connaissaient pas Malavoi. On a une chance inouie de pouvoir jouer ça ! ». Et si elle a confié l’orchestration Pizzaro c’est que lui non plus n’est pas inconnu. Kassav et Canonge ont eu aussi recours à ses talents…
Denis Dantin (le batteur et seul survivant des premiers Malavoi de 1972 !), l’autre ancien, le bassiste Jean-Marc, le percu Bernard Nicole, la violoncelliste Capucine Laudarin, les trois violonnistes dont Jean-Christophe Germain et Yoan Jean-Alexis, le pianiste José Privat et les chanteurs Ralph Tamar et Pipo Gertrude ne débarquent à Paris que le 28. Ils n’auront qu’une séance de répétition ensemble, l’avant-veille du concert. Budget annoncé 130 000 €. Six mois pour finaliser. La jauge prévue de 2000 places au Zénith de Paris est d’ores et déjà remplie. Les deux coproducteurs ont prévu une captation audio et visuelle. A la fin de cette première rencontre avec l’orchestre d’Anne Gravoin, Tony Chasseur parodiant Lilian Thuram, compte les jours d’ici la vraie répétition et le concert. Il ajoute goguenard : « Quand ce sera passé, ce sera des souvenirs et de l’argent ! »
FXG (agence de presse GHM)
Photos : RDG
24 morceaux pendant trois heures
Ralph Tamar devrait ouvrir le premier set avec Gram é Gram, puis ce serait Pipo Gertrude avec Sport national et Roro Marrott avec Tony Chasseur. A la fin de cette première partie, Marie-Josée Alie devrait chanter Caressé mwen. Lauriane Zacharie devrait interpréter trois titres dont La Sirène. Un timbre de voix lefélien, chuchote-t-on. Claudine Pénont et Ralph Tamar chanteront Fayalobi. Les autres titres sont interprétés distinctement Tamar, Chasseur et Gertrude. C’est la deuxième fois depuis l’Atrium de mai que les trois chanteurs de Malavoi seront réunis sur une même scène !
Peu avant la fin, l’orchestre devrait cesser de jouer pour laisser Malavoi enflammer son public en enchaînant La filo, Bona, Amélia, Sidonie, dans un medley libéré avec Pipo lâché sur son micro !
ITW Tony Chasseur
« Paulo sera avec nous »
Etes-vous impressionné par tous ces violonistes ?
« J’ai eu une expérience avec un philarmonique de 80 musiciens mais malgré tout, c’est toujours impressionnant. On n’est pas si familiarisé… eux non plus d’ailleurs. Il faut que chacun soit sur ses gardes et bien concentré.
Comment avez-vous trouvé les arrangements écrits par Mathias Pizzaro ?
On est déjà séduit. Contents aussi qu’il ait suivi ce que je lui ai demandé. La musique de Malavoi est bien identifiée par les arrangements de Paulo Rosine et il a respecté ses lignes mélodiques et il les a magnifiés par cet enrobage de cordes, de cuivre, de bois et de hanches. C’est proprement somptueux.
Vous avec Tony Chasseur et Ralph Tamar dans Malavoi, c’est presqu’une première ?
On ne s’est jamais quitté, jamais perdu de vue ; j’ai fait un album avec Ralph Tamar ou joué avec Pipo assez régulièrement lors de prestations… On a eu juste à féfinir qui fera quoi puisqu’on chante le même répertoire. Mon travail a aussi été d’organiser cela.
Lauriane Zacharie invitée, pourquoi elle ?
Une voix à faire découvrir. Tous ceux qui ont, entendu Lauriane pour ce qu’elle vient faire dans Malavoi sont bouleversés dès la première note. Elle a une fonction très précise dans le répertoire et les gens y seront très sensibles…
Comment avez-vous élaboré la play-list ?
Nous avons rassemblés et, c’est du boulot, tout ce qui a fait l’identité de Malavoi pendant quarante ans. Paulo Rosine et Mano Césaire voulait faire savoir que la musique martiniquaise, dont on parlait surtout comme venant des mornes et des campagnes, était une musique citadine. Ils ont créé cette démarche autour du violon aux Terres-Sainville, mais à partir de cette musique rurale. L’identité de Malavoi, c’est la revalorisation de la tradition. C’est du traditionnel revalorisé.
Paulo Rosine vous a quitté en 1993 ; cet orchestre symphonique, il en avait rêvé…
Nous prouvons que, finalement, la mort ne gagne pas ! Paulo sera avec nous. Sa musique est la preuve qu’il existe toujours.
Propos recueillis par FXG (agence de presse GHM)