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Publié par fxg

La cour rejette des demandes d’annulation ; Mamodtaky dénonce un complot politique

Sans surprise, la cour d’assises de Créteil a rejeté deux demandes d’annulation présentées par les avocats de Mamodtaky, hier. Les trois avocats de l’accusé ont déposé des conclusions pour demander l’annulation de la procédure d’extradition qui a permis a leur client d’être transfere dans une prison française avant le procès de Saint-Denis en 2008, l’estimant illégale. La cour a rejeté cette demande l’estimant forclose. Ils ont encore demandé l’annulation de la procédure établie par l’officier de police judiciaire, Gérard Demmer, pour des irrégularités constatées lors du procès de Saint-Denis mais également lors de cette audience. En l’occurrence, la défense a argué de mails que le policier a adressé à l’un des principaux témoins à charge, Me Marianne Rafizanimanana, mais aussi des photographies présentées aux parties civiles et qui leur aurait permis d’identifier Yohan Babar Ali. Là aussi, la cour a rejeté cette demande de nullité.

Auparavant, dans la matinée, la défense a tenté de jouer un autre atout en faisant témoigner Vasram Mamodtaky, le père de l’accusé, depuis son lit d’hôpital. La veille, la défense avait fait savoir que le vieil homme souhaitait faire une importante déclaration. Grabataire et sous perfusion, le père de Mamodtaky a été difficilement entendu tant sa santé semble précaire. Il a donc été donné lecture d’un courrier recu mercredi : « J’ai recu un coup de telephone de Madagascar me disant que la famille Remtoula menaçait de dévoiler les secrets du FMI… » Doutes de la partie civile qui se demande comment un homme si malade a pu écrire cette lettre. Ainsi, selon la défense, la tuerie aurait été commanditée par le pouvoir malgache pour faire taire les Remtoula, et la fuite de Mamodtaky organisée par les mêmes pour mieux lui faire porter le chapeau...

« La veuve d’Alexandre Remtoula dit vous avoir vu avec des armes », lance le president Albert. « Si j’avais eu une arme sur moi et que je veuille en finir avec les Remtoula, j’aurai déjà flingué tout le monde. Je n’ai jamais eu l’intention d’assassiner mon ex-épouse. Certainement je n’ai pas été le meilleur mari… Je m’en excuse Anita et je te souhaite le meilleur. Mais c’est moi et ma sœur qui avons conduit Anita à l’hôpital quand elle en a eu besoin et qui l’avons veillée… »

Les plaidoiries des parties civiles ont démarré hier soir. Elles se poursuivent ce matin. Cet après-midi, Jean-Paul Content devrait prononcer son réquisitoire avant que ne démarrent les plaidoiries de la défense. D’ores et déjà, le president a indiqué que la cour siègerait samedi avec un verdict attendu dans la soirée.

FXG, à Créteil


Les six tentatives d’assassinat de Mamodtaky

Mamodtaky n’avait pas d’arme, mais il bénéficiait d’une protection policière car, explique-t-il, il a fait l’objet de plusieurs tentatives d’assassinat entre 1995 et 2003. La première a lieu en 1995, peu après son mariage. « Je rentrai chez moi, j’ai ouvert la porte. Un homme s’est approché et a tiré. Anita se rappelle certainement… » Anita Remtoula, sur son banc, dénie de la tête. « J’ai porté plainte. » A cette époque Mamodtaky signale qu’il n’a aucune relation avec le pouvoir et que celles-ci ne démarreront qu’à partir de l’arrivée de Ratsiraka au pouvoir en 1996-1997. Le ministère de l’Intérieur lui octroie alors une protection.

La deuxième tentative a lieu alors qu’il rentre a pied chez lui, un soir. « Une 504 s’est arrêtée un peu plus loin. Elle était chargée de monde. J’ai trouvé ça anormal. Trois ou quatre hommes sont sortis et m’ont braqué. J’ai couru et mes gardes du corps qui étaient de l’autre coté de la rue ont ouvert la porte d’un garage où je me suis mis à l’abri. »

La troisième a lieu en 1997. « J’étais avec le gardien de nuit de mon entrepôt et un policier à bord d’une camionnette quand une Visa Citroën nous a suivis. On l’a perdue, puis elle a resurgi. Deux hommes en sont sortis avec des armes et ont tiré. J’ai fait marche arrière à fond. La voiture a recu 56 impacts de balle. Le policier a riposté et le gardien m’a évacué dans une ruelle. Je suis tombe dans un canal d’égout ; on est entrés dans une cour particulière, un chien m’a mordu. On a fini chez la femme du policier. Le juge qui a mené cette enquete est celui qui a signé le premier arrêt d’extradition a mon encontre. »

La quatrième a lieu en 1999, la veille de la fuite d’Anita pour Majenga. « Le conseiller spécial du president Ratsiraka, le député Charles, est venu me voir au magasin. Il m’a dit avoir été contacté par le père d’Anita pour lui dire que j’avais simulé les attentats pour bénéficier d’une protection. Il me prévenait que Remtoula voulait m’éliminer. J’ai voulu poursuivre mon beau-père mais le lendemain matin, j’ai été réveille par ma fille Chahista qui pleurait. Anita était partie. Son père m’a alors dit : «  Tu l’as assassinée et enterrée et là, tu fais ton cinéma ! »

La cinquième a lieu en 2001, quinze jours avant la tuerie de Fenoarivo. « Un homme en moto me suivait. J’ai prévenu la police. L’homme a été interpellé. Il avait des armes et une carte de la DGIDE, la police politique attachée a la présidence. »

La dernière a eu lieu en 2003, avant son expulsion. « Je sortais du magasin, des hommes en 4x4 ont cherché à m’emmener. J’ai réussi à m’échapper. »

« Qui voulait votre mort, demande le president, le pouvoir politique ? La famille Remtoula ? » « Ce que je sais, répond Mamodtaky, c’est ce que m’a dit le député Charles.

 

 

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