Manif contre la violence aux Antilles entre Bastille et Nation
200 personnes contre la violence aux Antilles, samedi à Paris
Quelque 200 personnes se sont retrouvées, samedi après-midi place de la Bastille à Paris, pour une marche blanche contre la violence aux Antilles, qui les a conduites jusqu'à la place de la Nation. L’appel a été lancé par l’association pour la lutte contre la violence aux Antilles que préside Sandrine Boutrin. Il y a déjà cinq mois que les animateurs de cette association de jeunes (qui a été officiellement créée, il y a deux semaines) se sont organisés en collectif avec leurs amis de Doubout kont pwofitasyion.
C’est à la faveur d’un fait-divers, le meurtre d’Allan Bourgeois, début septembre à Fort-de-France, et du déplacement de Manuel Valls que cette marche a été décidée. Ils ont commencé par lancer une pétition et faire des propositions « pour enlever cette gangrène », selon la vice-présidente Sandrine Calmo. « Ce n’est pas possible, a déclaré cette derniere, que nous, les Antillais de l’Hexagone, on ne puisse faire quelque chose pour essayer d’arrêter ça. Je dis bien essayer car, comme l’a dit M. Valls, nous non plus, on n’a pas de baguette magique. » Alors évidemment, la manifestation dont le mot d’ordre était « Non à la violence, oui à une reprise sociale, oui à un suivi éducatif de tous les enfants », n’a pas rassemblé la foule des grands jours. Quant aux hommes politiques de la Martinique et de la Guadeloupe, le message qui leur a été adressé était : « MM. Réveillez-vous ! » Marie-Line Bourgeois (photo ci-contre), la maman d’Allan Bourgeois, « invitée d’honneur de cette marche », a voulu faire passer un message, elle aussi, mais à Manuel Valls : « Vous devez écouter les jeunes ; ils sont en manque de quelque chose, de travail mais aussi et surtout d’écoute. »
Les groupes à peau Choukaj Mas Paris et Fraternité Ka ont assuré la bande sonore de cette marche qu’avaient rejointe quelques personnalités comme Julien Marinette, de l’UGTG : « Quand je vois ce que la presse française a véhiculé sur leur télé, je dis qu’ils sont allés trop loin. Certes, il y a une réalité, mais si aujourd’hui, il y a autant de violence, c’est la faute de nos propres politiques locales. » Rappelant que la violence n’épargnait personne, « pas même le frère du ministre des Outre-mer », le syndicaliste et membre du LKP n’a pas admis les propos d’Errol Nuissier, cités dans le Parisien, qui incriminent le mouvement social du LKP de 2009 comme cause de la violence… « Nou ka di non ! Alors, s’il y a autant de chômage en France, c’est le LKP ? Pa té ni LKP an Fwans ! » Robert Gripon, le frère du syndicaliste, Jacques Bino, tué pendant les événements de février 2009 à Pointe-à-Pitre, était aussi de la partie, mais il n'a pas voulu parler à France-Antilles tant qu'aucune autocritique ne serait faite quant à sa facon de traiter l'information par le passé...
Kant Lebeau, président du comité de soutien à Thierry Dol était aussi dans la marche : « La violence est quelque chose que je combats de la même manière que je lutte pour la libération des otages. Nous devons nous mobiliser contre la violence aux Antilles… Quel que soit l’endroit où ca se passe d’ailleurs. » Seul élu à participer à la marche, le conseiller régional de Guadeloupe, Cédric Cornet : « Beaucoup d’élus sont en France en ce moment, en formation comme moi, et ils auraient pu venir. Ils savent se déplacer pour aller chercher des procurations ! » Le jeune élu a lancé « un appel pour faire revenir les CRS et intervenir l’armée pour désarmer les Antilles » : « Ce n’est pas normal que dans un pays en paix, on se retrouve avec les mêmes armes qu’à Bagdad, Sarajevo ou en Afghanistan. » Reste qu’aucun élu ultramarin de l’Hexagone, aucun artiste ou sportif antillais, ni aucune des grandes associations antillaises de l’Ile de France n’était là, si ce n’est Daniel Dalin, qui, certes, est venu avec sa casquette de président du Collectifdom, mais d’abord à titre personnel : « Nous soutenons, mais il ne faut pas se tromper. Les problèmes des Antillais en Guadeloupe et Martinique devront être réglés par ceux qui vivent sur place. Nous sommes là pour les soutenir et faire en sorte que le gouvernement ne les laisse pas tomber. »
La manifestation est arrivée vers 16 heures à Nation-place des Antilles, puis s’est dispersée dans le calme.
FXG, à Paris