Manif de soutien à Christiane Taubira
Les originaires d’Outre-mer mobilisent les soutiens à Taubira
Opération réussie, samedi pour le Collectifdom et le Comite marche 98, qui ont fédéré derrière la banderole des originaires d’Outre-mer, quelque 80 organisations associatives, syndicales, politiques, 25 000 personnes selon les organisateurs, 5000 selon des observateurs critiques. Le cortège était contenu sur un tronçon allant de la place de la République jusqu’au métro Oberkampf, soit quelque 600 mètres de boulevard. « Ça a été difficile de se rapprocher des organisations, raconte Daniel Dalin du Collectifdom qui a lancé avec Patrick Karam (en déplacement à la Réunion) cet appel à manifester, mais une fois que ca a été lancé, c’est parti tout seul ! » « C’est normal que nous ayons pris l’initiative, explique Serge Romana du CM98, parce que nous sommes les premières cibles du racisme. Nous avons voulu être le cœur de cette manifestation, mais aussi que la société française soit avec nous parce que la lutte contre le racisme n’est pas réservée aux originaires d’Outre-mer. »
En tête de cortège, derrière Daniel Dalin et Serge Romana, de nombreuses personnalités ont pris part à la marche contre le racisme et en soutien à Christiane Taubira, tels George Pau-Langevin, ministre du gouvernement Ayrault, venue à titre privé, Harlem Désir, premier secrétaire du PS, mais également le Guyanais Gabriel Serville, celui qui a succédé au siège de député de Christiane Taubira : « Il était important que je sois présent pour dire non a ces actes d’intolérance qui souillent la République. » Alain Bauer et les principaux responsables de la franc-maçonnerie française sont venus, en tenue d’apparat, suivis par les associations antiracistes et de défense des droits de l’homme. Pressentis pour être vice-présidents du Conseil représentatifs des Français d’Outre-mer (CReFOM), José Pentoscrope du CIFORDOM et le comédien Jean-Michel Martial étaient aussi là. « Il faut signifier, a déclaré ce dernier, qu’il n’y a pas que les gens qui sont bêtes qui peuvent prendre la parole ; il y en a d’autres qui agissent et souvent ils le font en silence chacun à leur niveau. Mais quand ils se réunissent, ils sont nombreux à dire que le racisme est une stupidité »
Au titre des Ultramarins, nombreuses étaient les associations avec le Collectif des écrivains nègres, l’Association ultramarine de France, les amis du PPM en France, le Cercle Frantz Fanon, le Cegom, la Fédération Total Respect, Tjenbé Rèd Prévention,, Initiative Sida Outre-Mers, Onzième Dom, l’Amicale des Français d'outre-mers du XIe arrondissement de Paris, Outre-Mers Environnements, Black Caucus France, l’Union française des étudiants et diplômés africains et ultramarins…
« La présence forte des ultramarins, a déclaré Francoise Verges, ancienne présidente du Comité pour la mémoire et l’histoire de l’esclavage, nous rappelle que la situation des Outre-mer continue d’être aujourd’hui très problématique dans la République alors que ces territoires sont capables de nous donner des ministres comme Mme Taubira, de grands auteurs, de grands artistes et de gens qui contribuent tous les jours au fait que la société avance. »
Loin derrière les groupes de tête, ne figurant pas parmi les organisations invitées, le Conseil représentatif des associations noires (CRAN) était lui aussi présent avec son president Louis-Georges Tin qui a remis la veille des revendications à l’Elysée : « Nous sommes la malgré tout parce qu’il faut être là. Simplement, il faut avoir des revendications concrètes, ne pas rester dans l’antiracisme moral et être dans l’antiracisme politique. »
Cette manifestation contre le racisme commémorait également les trente ans de la marche des potes.
FXG, à Paris
George Pau-Langevin, ministre de la Réussite éducative : « Je suis venue avec mes amis qui défendent une vision de la République, un idéal auquel nous croyons, celui qui consiste à dire que nous sommes amenés dans ce pays à vivre à égalité, les uns et les autres, quelles que soient notre couleur de peau et notre religion. »
Harlem Désir, premier secrétaire du PS : « Aujourd’hui, il y a un climat, une banalisation de propos racistes comme je n’en ai pas vu depuis trente ans. Il faut donc revenir, s’exprimer de nouveau pour dire que la société française n’acceptera pas cela. La France a un pacte avec l’égalité, avec la fraternité. »
Pierre Pastel, président du CEGOM : « Nous voyons tous les jours les difficultés que rencontrent nos compatriotes et ces difficultés sont alourdies avec du racisme. C’est encore plus grave. »
Rosalie Lamin, élue socialiste du 11e arrondissement : « Nous sommes là pour dire non au racisme ambiant. Je me devais d’être là même si ça me peine car dans notre République on ne devrait pas être encore en train de manifester. En arriver là, c’est un sérieux recul. »
Claude Ribbe, écrivain : « La derniere fois que j’ai manifesté, c’était avec Christiane Taubira. Cette fois-ci, ca me paraît tout à fait normal d’etre là même si elle n’est pas là. C’est pour elle. »
Francoise Vergès, ex-présidente du CPMHE : « Je suis là contre le racisme et toutes les formes de discrimination qui continuent aujourd’hui comme les contrôles au faciès qui ne concernent que les Noirs et les Arabes… »
Steevy Gustave, élu EELV de Brétigny-sur-Orge, auteur de la pétition France ressaisis-toi : « Notre pétition de soutien à mme Taubira a atteint les 120 000 signatures. C’est une digue qui montre qu’on ne laissera pas les haineux nous diviser. »
Firmine Richard, comédienne et conseillère PS de Paris : « Nous subissions depuis trop longtemps dans le silence le racisme en France. Il a fallu cet éclat, que des gens s’attaquent à un ministre de la République pour qu’il y ait une vraie réaction. »
José Pentoscrope, président du CIFORDOM et du prix Fetkann : « Cela fait longtemps que nous disons qu’il faut mettre fin à l’infamie du code noir et à la pensée coloniale. Nous sommes là pour dire à la France de se ressaisir et de placer l’humain avant tout. »
Angèle Louviers, militante socialiste : « Je veux défendre la République et j’ai envie de dire aux personnes qui nous traitent de singes qu’il n’est pas question qu’ils nient la part d’humanité qui nous appartient. Il n’est pas question que l’on assiste à un nouveau crime contre l’humanité. »
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