Marc-Philippe Daubresse et le service civique aux antilles
Interview. Marc-Philippe Daubresse, ministre de la Jeunesse et des Solidarités actives
" On en est à 355 volontaires "
Depuis mai 2010, le ministère de la Jeunesse assure la tutelle de l’Agence du service civique en charge de mobiliser dans les cinq ans à venir 75 000 jeunes pour un service civique volontaire. Pour l’heure, trois mille offres de service civique sont déjà réalisées dont 355 pour les Antilles. Marc-Philippe Daubresse a fait hier une communication sur l’ensemble du dispositif au conseil des ministres.
Comment les Antilles sont-elles inscrites dans ce programme ?
L’agence avait tout à fait capacité à intervenir puisque le problème qui se pose aux Antilles relève à la fois de la prévention de santé publique et de développement durable et environnemental. On est donc en mesure d’envoyer des jeunes en service civique. On a juste été très réactifs à partir du moment où on a constaté que l’épidémie de dengue se développait. Après le déplacement de Roselyne Bachelot et Marie-Luce Penchard aux Antilles, elles m’ont demandé de mettre des jeunes en service civique. J’avais indiqué le chiffre de 300 à Roselyne Bachelot et, au total, on en est à 355 volontaires.
Comment les jeunes ont-ils été recrutés ?
En Guadeloupe, il y a un comité de pilotage coordonné par l’agence régionale de santé (ARS) avec la Région, le conseil général, les maires, la fédération des œuvres laïques (FOL), la mission locale. On a donc 160 jeunes en service civique répartis sur le terrain. Cent nous viennent de la ligue nationale de l’enseignement via la FOL ; 60 sont issus du contingent de l’Union nationale des missions locales.
En Martinique, le comité de pilotage est présidé par le préfet avec la cellule de démoustication dont les services sont communs au conseil général et à l’agence régionale de santé (ARS), la Région, le département, l’association des maires, la fédération des œuvres laïques (FOL), les quatre missions locales de Martinique et l’ARS. Ca concerne 195 jeunes en service civique. Cent sont issus du contingent de la ligue de l’enseignement via la FOL ; 80 sont issus du contingent de l’Union nationale des missions locales ; et 15 sont accueillis en direct par l’ARS.
Quelle va-t-être leur mission ?
Ils participent à la sensibilisation des populations par des actions d’information et de communication dans le cadre de l’épidémie de dengue. Un certain nombre d’entre eux vont être sur des missions environnementales sur des sites pollués et ils vont œuvrer à la destruction des larves et au traitement des sites de prolifération du moustique (les canaux, les marais, les réseaux hydrauliques, les dépôts de pneus, les cimetières, les dépôts d’ordures) ; d’autres vont diffuser des messages de prévention dans les sites scolaires. Ils ont tous reçu une formation théorique et pratique sur ce qu’est la dengue et les moyens de lutte pour stopper l’épidémie. Leur mission va durer environ six mois pour 24 heures par semaine. Ils sont d’ores et déjà déployés en Guadeloupe depuis le 8 septembre et, en Martinique, ils vont être déployés progressivement à compter du 15 septembre.
Qui sont ces jeunes et sont-ils assez nombreux ?
Ce sont des jeunes volontaires, la plupart locaux, qui se trouvaient soit en insertion ou sans emploi et à qui les missions locales ont proposé ce service civique. Ils vont être indemnisés à hauteur de 540 euros par mois et ça peut aller jusqu’à 640 pour les boursiers. Comme l’épidémie de dengue a monté en puissance et que le nombre de cas cliniques étaient en baisse la semaine dernière de 40 % en Guadeloupe et de 24 % en Martinique par rapport à la semaine précédente, on estime que là, on a un dispositif propre à faire face.
A l’issue de ces six mois, qu’adviendra-t-il pour ces volontaires ?
Ils vont réintégrer un dispositif d’insertion dans la plupart des cas, notamment à travers les missions locales qui vont essayer de les conduire vers l’emploi. J’ai mis en place un livret de compétences. Donc ce qu’ils auront acquis comme savoir faire en participant à cette lutte contre la prolifération des moustiques et l’épidémie, rentrera dans leur cursus au même titre qu’un diplôme par exemple.
La Réunion pourrait-elle bénéficier de même dispositif eu égard au risque du chikungunya ?
Pas pour l’instant car il n’y a pas d’épidémie en cours à la Réunion. Pour autant, dans le futur, il y aura dans le cadre des 10 000 jeunes recrutés cette année, puis de ceux que nous recruterons au cours des années suivantes (en 2012) une partie d’entre eux qui auront des actions consacrées à la prévention santé. Mais la Réunion pourrait avoir plus besoin de jeunes au service du développement durable dans le cadre de son plan de protection de l’environnement.
Avez-vous prévu de vous rendre sur place pour une évaluation ?
On ira vérifier ce qui se passe. Il y a sur place un délégué de l’agence de service civique et puis le moment venu, que ce soit moi ou Martin Hirsch, le président de l’agence, on se rendra sur place.
Propos recueillis par FXG (agence de presse GHM)
Pour tout renseignement sur le service civique volontaire : www.service-civique.gouv.fr