Marie-Luce Penchard repart à zéro en Guadeloupe
Les adieux de MLP à Paris
C’étaient les vrais adieux de Marie-Luce Penchard à Paris. Jeudi dernier, l’ancienne ministre de l’Outre-mer a quitté son logement de fonction et son bureau de ministre, mais aussi Paris. Elle vend sa maison de Saint-Rémi-les-Chevreuses dans les Yvelines (son mari prendra sa retraite dans trois ans) et elle se réinstalle en Guadeloupe, dans le sud Basse-Terre, 26 ans après son départ. Son train de vie ne sera plus le même puisqu’elle ne bénéficiera de la rémunération de ministre que pendant six mois, et qu’elle devra s’acquiiter de ses impôts de ministre… Mais elle siégera désormais au conseil régional. Marie-Luce Penchard n’a pas froid aux yeux. Elle part aux législatives contre Victorin Lurel et le maire de Trois-Rivières (suppléante, donc éligible !) en parfaite connaissance de cause. Elle sait qu’elle se prendra une taule, mais comme elle le disait au lendemain du 6 mai, elle gagnera petit à petit les points pour remonter l’écart. Ca lui prendra peut-être dix ans, mais elle est prête à cette ténacité-là. Elle n’aura pas la lâcheté de la nouvelle ministre des droits des femmes et porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem qui a renoncé, alors qu’elle était investie par le PS dans le département de Lyon où elle est sûre de perdre, après que Jean-Marc Ayrault ait précisé à ses ministres candidats que les battus devraient quitter le gouvernement.
Des facteurs devraient toutefois aider Marie-Luce Penchard localement. D’abord, la nomination de Victorin Lurel au ministère des Outre-mer, peut affaiblir la solidité du socle de gauche sur laquelle il a bâti son succès depuis 2004. Et ce n’est pas le seul qui part. Son conseiller Marc Vizy devient le conseiller outre-mer du président Hollande, son directeur de la communication pourrait bien se retrouver à exercer des fonctions similaires rue Oudinot, et peut-être verra-t-on d’autres collaborateurs partir à Paris dans le sillage de Victorin Lurel… Ensuite, l’état de la droite guadeloupéenne, en ruine, n’est pas tant une calamité pour Mme Penchard. Car il vaut mieux partir de décombres pour reconstruire que d’une maison mal construite. Enfin, dans l’opposition, Marie-Luce Penchard sera à la manœuvre pour tenir exactement le même rôle que celui joué par Victorin Lurel pour démonter les mesures prises pour l’Outre-mer par le gouvernement. Avec l’avantage de connaître parfaitement les dossiers. Dès ce week-end, Marie-Luce Penchard s’est mise au travail. Campagne électorale mais aussi présentation de son livre d’entretien réalisé avec le journaliste de l’AFP, Eric Bassi, L’outre-mer, terre d’avenir. Elle a, par ailleurs, prévu d’en sortir un autre. Elle devrait l’écrire seule et se livrer davantage sur ce que fût son travail à la rue Oudinot. On devrait notamment y apprendre comment elle a mis sa démission dans la balance lorsqu’il a été question du premier coup de rabot sur la défiscalisation… Victorin Lurel est au courant de ses velléités et il ne fera pas l’erreur de Nicolas Sarkozy vis-à-vis de François Hollande : sous-estimer son adversaire.
FXG (agence de presse GHM)