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Publié par fxg

Mascarades et carnavals au musée Dapper à Paris

Le musée Dapper réunit pour la première fois des œuvres traditionnelles d'Afrique et des créations contemporaines des Caraïbes pour faire découvrir des résonances entre les masques d'Afrique et les productions carnavalesques des sociétés caribéennes.

 

dapper-009.jpgUn homme se promène dans l’exposition, une bouteille de Belle Capresse à la main. Il est venu verser la goutte devant quelques figures et scènes spirituelles exposées au musée Dapper. C’est  Bruno Calodat (photo), du groupe guadeloupéen Voukoum. Venu de Baillif, il a amené pour Mascarades et Carnavals un mas a fwet, construit avec son collègue Amédée, pour le carnaval de Bordeaux en mars dernier. DP008.jpgCe masque-costume est fait de petites lanières de papiers découoées dans France Antilles. « Quand on fabrique un tel costume, on en vient à se perdre dans la lecture des archives », s’amuse-t-il à dire lorsqu’il commente au visiteur son travail. Face à ce mas a fwet, il y a un mas a lous, paille et cornes… Il renvoie à une pièce exposée au rez-de-chaussée du musée, le masque Ejumba. Celui-ci est porté lors du bukut, l’initiation virile pratiquée chez les Jola en Casamance. Ce même masque qui faisait penser à Aimé Césaire à la figure du diable rouge…

The devil is white

DP012.jpgL’exposition commence par une exposition des photographies du trinidadien Zak Ové avec son terrible diable blanc... Ses images abruptes et quelque fois dérangeantes mettent en scène des êtres à l’allure fantasmatiques ; elles soulignent les codes qui structurent le carnaval en tant que pratique sociale et artistique. Cette salle contemporaine montre à quel point les mascarades constituent de véritables performances, des mises en scène qui occupent une place importante dans la cohésion sociale. Mais qui dit mascarade dit masque et c’est tout l’objet de la deuxième salle de l’exposition qui s’ouvre aux masques africains. Masques de roi au Congo, masques egungun dédiés aux ancêtres au Bénin et au Nigeria… Ceux-là apparaissent en général dans un contexte lié à l’initiation et au pouvoir masculin. DP009.jpgMais le terme de mascarade recouvre des pratiques très différentes où la fonction didactique côtoie le divertissement. C’est ainsi que les carnavals des Antilles, de la Guyane, du Brésil se sont développés pour dire leur histoire, leur diversité mais aussi leurs stratégies de reconnaissance identitaire. Les mas antillais,  Maryann Lapo fig, mas a fwet font résonner l’univers de la plantation. Ces phénomènes urbains, ainsi que les mascarades qui gagent les villes africaines pour de grandes festivités nourrissent fortement les imaginaires.

Voukoum et Vaval au musée

DP011.jpgLa salle à l’étage du musée est consacrée aux créations actuelles du groupe Voukoum notamment, ou encore de l’artiste martiniquais Hervé Beuze qui a réalisé un Vaval sur le thème de la terre en crise, après celui nommé Pwofitasyon en 2010 à Fort-de-France… Là, le carnaval devient médiation avec la figure gargantuesque de Vaval et la ZX transformée en bwajack (photo). C’est l’art de la dérision et de la dénonciation…

Les productions contemporaines témoignent de croyances et de savoir-faire vivants et en évolution permanente. Preuve que les carnavaliers et les porteurs de masques adaptent leurs pratiques et leurs instruments à l’inspiration du moment et aux matériaux dont ils disposent. dapper-007.jpg« Leur créations traduisent un regard moderne porté sur le monde, bien au-delà de leurs propres sociétés. » C’est tout l’objet de ces Masacarades et Carnavals selon sa commissaire, Christiane Falgayrettes-Levreau : « Au-delà de leurs spécificités, ils se vivent comme des rituels au sein desquels s’édifient et se structurent des communautés. Cette orientation fonde la thématique de l’exposition. Ainsi se trouvent soulignées les caractéristiques essentielles des sorties de masques et des pratiques carnavalesques avec leurs enjeux symbolique religieux, sociétal, politique et esthétique. »

FXG (agence de presse GHM)

L'exposition “Mascarades et Carnavals” se déroule au Musée Dapper (Paris 16) du 5 octobre 2011 au 15 juillet 2012.

 

Légende des photos :

 TRINIDAD
Ville : Port of Spain
Zak Ové
The Devil is White
Série « Transfigura »
© PHOTO DE ZAK OVE, 2004

 

JOLA - SENEGAL
Masque ejumba porté lors du bukut
Vannerie, coquillages, cornes de bœuf,
graines d’Abrus precatorius, restes d’enduit sucré
H. : 123 cm
Mission Henri Labouret
Musée du quai Branly, Paris. Inv. n° 71.1892.23.1
© 2011. MUSEE DU QUAI BRANLY
PHOTO PATRICK GRIES / SCALA, FLORENCE.

 

MARTINIQUE
Hervé Beuze. Vaval « Nature en crise »
Tiges de fer à béton, lianes ligaturées de rotin,
toile de jute peinte à l’acrylique
H. : 263 cm
Assemblage créé par l’artiste pour le musée Dapper en mars 2011
Collection particulière.
Inv. n° 951
© ARCHIVES MUSEE DAPPER – PHOTO HUGHES DUBOIS

 

 
MARTINIQUE

Masque de Diable rouge
Créé par Georges Grangenois, en décembre 1997
Chanvre, casque de moto, cornes et queues de bœufs, fil électrique,
grillage, mâchoire de requin, miroirs, plastique et pigments
H. : 69 cm
Collection particulière
© ARCHIVES MUSEE DAPPER – PHOTO HUGHES DUBOIS.



 

 

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