Matouba sur le Rhum
Matouba 79, une entreprise guadeloupéenne en course
Un bateau aux couleurs d'une entreprise guadeloupéenne, tous les skippers de l'archipel en ont rêvé et c'est Judes Galli, pdg de Matouba qui l'a réalisé. L'idée est parti d'un projet caritatif avec la Ligue contre le cancer - comité Guadeloupe, présidé par Dominique Chingan, et le chirurgien urologue Bertrand Guillonneau. C'est d'ailleurs ce dernier qui devait barrer ce 40 pieds. Mais ses responsabilité de chef de service à l'hôpital l'en ont empêché : "Je ne peux être au bloc et sur un bateau !". Et c'est ainsi qu'en août dernier, un jeune skipper au palmarès intéressant (3e la Jacques Vabre 2013), Pierre Brasseur, a été choisi pour le remplacer. L'apparition de ce sponsor sur le Rhum est d'autant plus étonnante que le projet a été monté dans une grande discressio : "On a été discrets, mais efficaces, affirme Judes Galli. On est au départ et on sera à l'arrivée !"
Matouba a voulu tordre le cou à l'idée que la Route du rhum n'était pas accessible aux entreprises guadeloupéennes. "C'était notre complexe, explique Judes Galli, Bertrand Guillonneau m'a convaincu que c'était possible même si on doit mettre cinq ans pour retomber sur nos pieds (il rit). C'est un premier pas et d'autres projets guadeloupéens doivent suivre." Le budget s'élève à 300 000 euros et deux autres entreprises ont mis la main à la poche. Il s'agit des pâtisseries Renée et des établissements de santé Manioukani. Mais non seulement, elles ont financé le projet, mais elles apportent un réel soutien à la Ligue contre le cancer. Ainsi, depuis le 22 septembre et jusqu'au 22 novembre, sur chaque bouteille de Matouba vendue, un centime est reversé à la Ligue. Dans les pâtisseries Renée, ce sont des tirelires qui ont été installée pour récolter les dons des particuliers. "Le moment est bien choisi pour pour faire de la prévention", expliquait samedi matin le président du comité Guadeloupe de la Ligue. Chaque année 1500 nouveaux cas de cancer sont dénombrés en Guadeloupe dont 600 pour le seul cancer de la prostate. Le 19 novembre prochain, le docteur Bertrand Guillonneau donnera d'ailleurs une conférence à La Casa.
Sur le terrain de la course en elle-même, Pierre Brasseur vise une place dans les dix premiers.
FXG, à Saint-Malo
Victorin Lurel : "On a un problème de tissu entrepreneurial"
Vendredi soir, en préambule de la soirée du conseil régional au palais du grand large à Saint-Malo, le président de Région, Victorin Lurel, a longuement développé le problème du sponsoring des concurrents guadeloupéens. "On a un problème de tissu entrepreneurial. Il faut tordre l'idée qui consiste à croire que les collectivités peuvent tout. Il faut développer une culture du risque, de l'audace..." Alors, c'est vrai que la Région a financé à hauteur de 50 000 euros les six bateaux défendant nos couleurs. Bien sûr Milenis avec Coquelin, Mille et une batteries avec Thomas montrent que des entreprises sont déjà présentes, mais elles sont loin de rivaliser avec les gros annonceurs qui financent nos concurrents bretons (Prince de Bretagne, Sodebo, etc...). Dans ces conditions, imaginer un Guadeloupéen à la barre d'un IMOCA, d'un multi 50 ou d'un ultime, il y a de la marge ! "Je ne peux pas le faire seul, a indiqué le président Lurel. On doit adapter notre accompagnement à nos moyens !" Mais non content de caresser ce rêve, le président lucide ajoute : "Pourquoi pas un multi 50, mais encore faut-il qu'il soit moderne..." Lurel se souvient du multi 50 de Claude Tellier. "La Région l'a garanti et quand Claude a bu la tasse, la Région a dû payer." Pour l'heure, à défaut de voir enfin nos entreprises locales se lancer dans le Rhum, le président se satisfait de voir que "le temps de la professionnalisation est arrivé".