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Publié par fxg

Maximin, le frère volcan

Cesaire-frere-volcan-Maximin.jpgDaniel Maximin  vient de publier aux éditions du Seuil, Aimé Césaire, frère volcan, dans lequel il raconte sa fraternité avec le chantre de la négritude. Daniel Maximin est bien trop modeste pour s’inventer une famille illustre, mais il y développe une fraternité littéraire et antillaise. Daniel Maximin a l’age de la publication du Cahier d’un retour au pays natal. Ainsi démarre-t-il son histoire. « Le Cahier, c’était mes fleurs du mal-être », a raconté un jour Césaire à Daniel Maximin. Et Maximin est né le 9 avril, comme Baudelaire… Ainsi tisse-t-il la toile de leur communauté. Les deux hommes appartiennent tous deux à une fratrie de sept enfants dont ils sont les cadets et ils sont tous deux fils de mères couturières… Il en fait un « frère hors d’âge » et c’est un dialogue « non pas de père et non de fils » qu’il invoque : « Nous n’avons su que fraterniser ». Voilà pour ce « frère volcan » : «  La découverte de ton écriture m’a bien fait comprendre ce que tu as toujours appelé la dimension peléenne de notre poésie ; que tout s’enflamme soudain d’un sens inaperçu »… Entre la Soufrière vive de Maximin et la Pelée morte de Césaire, un lien en « fraternité âpre »… « Mon volcan bien vivant apporte fièrement à ta montagne en cendre l’espérance d’un retour natal de son feu thésaurisé »…

Césaire lui a appris que des livres pouvaient parler « de nous, de notre paysage et de notre pays », le Guadeloupéen de Saint-Claude, le futur romancier, a intégré ses héros, Delgrès, Solitude, Ignace à « la liste de ceux à qui tu avais promis dans le Cahier : Ma bouche sera la bouche des malheurs qui n’ont point de bouche… »

Adolescent à Paris, Maximin va découvrir en 1964 le théâtre de Césaire avec La Tragédie du roi Christophe par Jean-Marie Serreau, avec Toto Bissainthe, Jenny Alpha, Darling Legitimus... « Sans jamais encore avoir connu Césaire en vrai »… Car tout l’intérêt de cette fraternité que raconte Maximin, c’est le moment, les moments, de rencontre entre le poète peléen et le poète de la Soufrière… Dont tous ignorèrent pourtant la fécondité.

Suzanne et Moi, Laminaire

Daniel-Maximin.jpgC’est à la librairie parisienne Présence africaine que la rencontre, la première, a lieu. Un an apres la représentation au théâtre de l’Odon. Maximin remercie Césaire parce que « sa Martinique [a] offert à [sa] Guadeloupe [leur] héros fondateur Delgrès, né à sa montagne pelée pour mourir à ma Soufrière. » Et le poème Mémorial de Louis Delgrès. Et quand plus tard, Maximin demande à Césaire un exemplaire de Tropiques pour ses recherches sur les cultures noires, ce dernier l’enverra chez Damas... A partir de ce moment, Maximin va donner à Césaire des nouvelles du monde et du tiers-monde. C’est le début de leur « intime dialogue » qui ne s’achèvera qu’en 2007. « On ne se voyait pas beaucoup, de temps en temps », témoigne Daniel Maximin. Et c’est dans une discrétion, un secret absolu, que Maximin va oeuvrer avec Ina Césaire pour faire éclore des tas de feuilles de brouillon siglées Assemblée nationale, Moi, Laminaire. L’idée est née chez Maximin vers 1978 et il faudra bien attendre trois ans pour qu’enfin, le nouveau recueil sorte, 21 ans apres le précédent. Et pour que les deux hommes se tutoient. Et il faudra aussi attendre les obsèques de Césaire pour apprendre le rôle du Guadeloupéen dans cette édition. Il en fera plus tard de même avec les œuvres de Suzanne Césaire. « Il cachait Suzanne, depuis leur , sa maladie et sa mort, dans ses poèmes », raconte Daniel Maximin. Césaire lui avait dit : « Promets-moi de le faire ; on respirait ensemble… »

Au-delà de la notion de frère qu’avance Daniel Maximin, il faut lire dans la relation de ces deux hommes antillais de lettres, une autre notion, celle de pairs. « Je n’ai pas eu de grandes admirations filiales pour de grandes figures écrasantes, je n’ai donc pas eu besoin de tuer de pères tant ils étaient vivants ! » Et ca, Daniel Maximin ne le rend pas à Césaire, mais à Alioune Diop.

FXG, à Paris

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