Menaces des gérants de stations-service pour l'arrivée de la Route du rhum - Destination Guadeloupe
Les gérants de stations-service guadeloupéens font reparler d'eux
Patrick Collé, président du syndicat des gérants de stations-service de la Guadeloupe était au ministère des Outre-mer mardi, accompagné de ses homologues de la Martinique, la Guyane et la Réunion. Ils étaient venus discuter de l'application du décret Lurel sur les carburants et ses arrêtés de méthodes auxquels les gérants sont soumis depuis février dernier. Dans le cadre de cette discussion, la question de l'accord interprofessionnel pétrolier (AIP) est revenue sur la table. Cet accord signé en 2002 en Guadeloupe et reconduit en avril 2008 prévoyait un prélèvement de 0,6854 € par hectolitre pour alimenter un fonds destiné à payer la prime de fin de gérance. Du 21 août 2008 au 30 juin 2013, il a permis de collecter 11 700 000 euros. Les gérants qui ont choisi de cesser leur activité, comme Patrick Collé, ont ainsi touché une prime variable de 200 à 300 000 €. L'ancien ministre Lurel y avait mis fin car cette somme inscrite dans la composition du prix du litre était de fait puisée dans la poche du consommateur. Lors de la réunion de mardi, Patrick Collé a donc fait part de la préoccupation de ses mandants guadeloupéens. Le cabinet de George Pau-Langevin a rappelé que désormais les AIP sont encadrés par le décret Lurel et ses arrêtés de méthodes. En l'occurrence l'AIP ne peut plus justifier une ligne de coût dans la formation du prix des carburants. Dans l’Hexagone, de tels accords existent mais dans des conditions qui n’ont rien à voir avec le dispositif « tropicalisé » demandé par Patrick Collé. Les gérants guadeloupéens n'en avaient d’ailleurs pas voulu lors des négociations de la fin 2013 qui avaient abouti à la grève des gérants peu après Noël et fin janvier 2014.
Si de l'avis du ministère de l'Outre-mer, la réunion de mardi était plutôt feutrée et tranquille, Patrick Collé a fait savoir qu'il avait un problème, laissant même planer la menace d'un blocage des stations-service au moment de l'arrivée de la Route du rhum - Destination Guadeloupe. Une menace qui n'est donc pas adressée à la ministre des Outre-mer, mais au président de la Région Guadeloupe, co-organisateur de la course transatlantique et surtout, auteur du décret réformant l'économie des carburants outre-mer. Patrick Collé a-t-il promis à ses mandants d'arracher le rétablissement de l'AIP dans sa forme favorable aux gérants ? C'est désormais illégal. Une solution serait d'appliquer l'AIP dans sa facture hexagonale, mais les gérants la refusent et cette solution nécessiterait un accord avec les grossistes, parmi lesquels les actionnaires de la SARA. Ceux-ci devraient alors rogner encore sur leurs marges dont le plafonnement à 9 % par le décret Lurel, a réduit leurs profits de 13 millions d'euros par an. C'est un autre problème dans la mesure où les gérants réunionnais qui ne bénéficient pas d'un tel accord sont prêts à s'engouffrer dans la brêche.
FXG, à Paris