Messe antillo-guyanaise à saint Sulpice
La grande messe des fidèles
d'outre-mer à l’église saint Sulpice
L’archevêque de Martinique, Michel Méranvile, les évêques de Guadeloupe et de Guyane, Jean-Yves Riocreux et Emmanuel Lafont, et le nouveau ministre de l’aumônerie Antilles-Guyane de France, Jean-François Lof, ont accueillis des milliers de fidèles dimanche 11 novembre à l’église saint Sulpice, Paris.
Les fidèles sont venus de Paris et sa région, mais aussi des provinces ecclésiastiques de Grenoble, de Marseille, d’Aix-en-Provence, d’Orléans, d’Arles, de Berre, des Hauts de Seine, de Seine Saint-Denis, du Val de Marne, de Seine et Marne, des Yvelines, de l’Essonne… Les trois responsables des églises de Guadeloupe, de Martinique et de Guyane, de retour de l’assemblée plénière des évêques de France qui a eu lieu à Lourdes, étaient heureux de partager ce grand moment avec leurs compatriotes de l’Hexagone. Le nouvel évêque de Guadeloupe, Jean-Yves Riocreux, a présidé la cérémonie à la demande de l’archevêque Michel Méranville, chef des églises des Antilles-Guyane qui a célébré l’eucharistie.
Le ka a sonné dans la nef et la chorale, dirigée par Chantal Monguin-Duventru, a magnifiquement interprété les chants religieux en créole de Lina Racon. L’ensemble était accompagné par les musiciens de l’aumônerie Antilles-Guyane de France, animée, elle aussi, par un nouveau prêtre accompagnateur, Jean-François Lof, originaire de la Martinique.
Devant le président de la Région Martinique, Serge Letchimy, Mgr Méranville a salué toutes les personnes qui ont participé à l’organisation de cette journée. Puis un hommage particulier a été rendu au père Jean-Lou Lacroix, curé de saint Sulpice qui a accueilli la communauté antillo-guyanaise. En regardant les fidèles du haut de son estrade, Mgr Méranville s’est écrié : « Que c’est beau l’église dans sa diversité ! Votre présence est encourageante et nous invite à faire plus. » Il a évoqué le mariage et son opposition au mariage gay : « On monte au créneau pour dire ce qu’on va faire du mariage. Mais nous ? Qu’est ce que nous avons fait ? Si nous sommes arrivés à une telle situation, c’est parce que nous avons tellement galvaudé notre mariage, tellement pas pris au sérieux que maintenant nous faisons tout et n’importe quoi… » Mgr Emmanuel Lafont a apporté le salut de toute la Guyane et un message : « Construire l’église pour le mariage de la famille chrétienne. » En juillet 2013, le diocèse de Guyane sera pour une semaine exceptionnellement diocèse d’accueil pour plus de cinq cent jeunes fidèles venus de Paris, Lyon et des Antilles, avant de rejoindre les Journées mondiales de la jeunesse à Rio au Brésil.
En s’adressant aux fidèles, Mgr Jean-Yves Riocreux, ancien évêque de Pontoise, s’est lâché avec quelques mots en créole : « Mwen inmé zot, kimbé red pa moli. » Fortement applaudi.
La cérémonie religieuse a duré près de trois heures.
Alfred Jocksan (agence de presse GHM)
Ils ont dit
L’archevêque des Antilles-Guyane, Mgr Michel Méranville : « On est contre le mariage entre les gens de même sexe. On ne juge pas les personnes et nous sommes contre l’homophobie. Les gens ont le droit d’avoir leur tendance. Mais l’institution du mariage existe depuis toujours, ce n’est pas un problème religieux, c’est humain. Un homme n’est pas une femme, une femme n’est pas un homme. Aujourd’hui, on a tendance à vouloir abolir ces divisions comme ci c’était une discrimination. Humainement, c’est l’avenir de l’humanité qui est en cause. Finalement, si des hommes se marient avec des hommes et des femmes avec des femmes, l’humanité ne pourra pas se perpétuer. Or, le but du mariage, c’est cela aussi. Ce n’est pas seulement une question de plaisir ou d’être bien ensemble, c’est aussi celle de fonder une famille. Nous sommes dans un monde qui n’est plus naturel. On veut manipuler l’espèce humaine sans discernement, nous disons non. »
L’évêque de Guyane, Emmanuel Lafont : « Nous avons réfléchi à partir du Synode qui vient de se dérouler à Rome sur la nouvelle évangélisation. Nous regardons monde qui, à bien des égards, est en crise, sociale, économique, humanitaire, écologique, environnementale, financière… Comment lui annoncer que l’évangile du Christ Jésus apporte non pas des solutions pratiques mais une lumière... L’église doit être de plus en plus proche du Christ pour être vraiment proche des gens et leur apporter le salut et la guérison. Tous les évêques le savent : les Antillo-Guyanais sont des gens qui aiment la parole de Dieu et qui ont envie que leurs enfants grandissent dans cette foi qu’ils ont reçu eux-mêmes. »
L’évêque de Guadeloupe, Jean-Yves Riocreux : « La réunion des évêques de France est d’abord une collégialité, une communion entre les évêques de France métropolitaine et de l’outre-mer en sachant qu’il y a une tonalité particulière pour les évêques de l’outre-mer, des Antilles-Guyane, de l’océan Indien ou de l’océan Pacifique. Nous nous réunissons et nous apportons cette spécificité des chrétiens de l’outre-mer au sein de la conférence épiscopale qui a abordé un certain nombre de thèmes qui nous concernent : la nouvelle évangélisation, l’enseignement catholique, le diaconat… Un grand lien unit les Chrétiens de là-bas et ceux d’ici. Nous sommes heureux de les avoir dans notre diocèse. Ils apportent leur joie, leur foi et les chants spécifiques de leur îles. »
Le père Jean-François Lof : « C’est important pour moi de commencer mon ministre devant plus de 3000 personnes. Mais, c’est aussi une charge supplémentaire. Je fais confiance à l’Esprit saint et aux Chrétiens antillais et guyanais qui vont m’aider dans ma nouvelle mission. Je veux les comprendre, les accompagner. Cette aumônerie doit être l’aumônerie de la communauté antillo-guyanaise de tout l’Hexagone. Et que cette aumônerie nationale joue pleinement son rôle au sein de l’Eglise de France. L’aumônerie doit être ouverte à toutes les aumôneries diocésaines. »
Propos recueillis par AJ