Moati et le "le vrai film de la campagne présidentielle"
Lundi 7 mai, à 20 h 35 sur France 3
« Elysée 2012 », le vrai film de Serge Moati
Dans la nuit du 6 au 7 mai, l’équipe de Serge Moati achèvera le montage de son documentaire, consacré à l’élection du nouveau président de la République. But de cette course contre la montre : être en mesure de diffuser en prime time sur France 3 « Elysée 2012 la vraie campagne », LE film de la campagne électorale.
« J’ai commencé en janvier 2011 au congrès du FN à Tour où Marine Le Pen a pris la tête du parti de son père. C’est la première à être entrée en campagne », se souvient Serge Moati. Cela fait donc plus de seize mois que le réalisateur et ses quatre équipes de tournage ont entamé le récit de cette saga politique unique qu’est l’élection présidentielle française. « Il s’agit de faire un chant polyphonique d’une France en élection. C’est une construction humaine incroyable, quelque chose d’invraisemblable qui secoue et mêle des passions diverses, contradictoires… C’est un assemblage de petits bouts qui fait un chant et c’est ça qui est inédit », explique cet observateur averti de la chose politique. L’autre aspect inédit de ce film, revendique-t-il, « c’est que nous ne sommes ni dans la dérision, ni dans le scoop ».
Mais pour être en mesure de rendre compte de cette polyphonie, les équipes de tournage n’ont pas ménagé leurs efforts. Il leur a fallu aller partout : auprès des leaders, mais aussi des états majors, des militants de base, des sympathisants… Ce travail, les téléspectateurs de F3 ont déjà pu en apprécier la forme et la tonalité. Entre octobre et mars, chaque premier lundi du mois, la chaîne a diffusé un épisode de 52 minutes du feuilleton présidentiel. Lundi soir, ce sera, en 90 minutes, le film total, la saga complète. D’ici là, dans les locaux d’Image et compagnie, qui font face à Europe 1, ça bosse dur ! « Là, on monte, on monte, on monte jusque… jusqu’au dimanche dans la nuit, s’enflamme Serge Moati. On en est déjà à la fin du 1er tour pour ce qui est déjà monté… » L’ordonnateur de cette vaste enquête promet des séquences inédites : « On a choisi de prendre des séquences de cette longue campagne qui sont métaphoriques du reste. En 90 minutes, on va raconter tout. Nous n’allons pas montrer des choses liées à l’actualité la plus chaude, mais des choses qui font du sens, trois ou six mois après. »
« On essaie de se rendre invisibles »
L’ambition avouée de Serge Moati est de montrer les hommes, les camps, le rapport des Français à l’élection présidentielle, le tout avec un parti pris : ne jamais intervenir directement. « On est présents mais on essaie de se rendre invisibles, d’être là et que la vérité se révèle devant nos caméras. » Les équipes de tournage ne sont de fait jamais très loin de l’action et leurs micros captent les plus brefs échanges. Ainsi, surprend-on au détour d’une réunion l’UMP Bruno Beschizza féliciter Claude Guéant pour son « coup sur les civilisations. » L’homme étant un animal politique, Serge Moati a posé ses caméras à la manière du documentariste animalier, pour tirer de cette campagne un film naturaliste : « Je suis attentif à l’humanité que je filme et je l’aime bien. Quand je filme, je ne suis pas d’un parti ou d’un autre, je suis attaché à la passion humaine, à ce que ça révèle des gens… Je n’ai pas envie de poser des questions qui gâcheraient le truc… »
Mais est-il facile en 2012 de filmer une campagne sur le vif ? Pas tant que ça. Les « gros » partis, plus que les autres, leur ont parfois fermé la porte. Mais jamais au point de mettre en péril le projet. « Il a fallu négocier chaque séquence. On n’a pas de truc, de passe droit, on négocie chaque fois et c’est la condition de notre liberté. », estime Serge Moati. Mohamed Merah, le score de Marine Le Pen, le phénomène Mélenchon, l’incroyable floraison des twitts et des réseaux sociaux, la trajectoire rectiligne de François Hollande, la disparition des Verts et de Bayrou… « Toutes ces péripéties de la campagne, on en suit le rythme », se régale Serge Moati.
Dimanche soir, le film de campagne s’achèvera, mais pas le feuilleton. « On fait un dernier film, après, sur les législatives. C’est ça qui bouclera l’affaire ! On retrouvera des gens qu’on aura vus dans ce film et qu’on reverra sur le terrain. Fin juin, la caméra et nous-mêmes, on va tomber d’épuisement et on dira salut pour quelque temps ! » Quand on demande à Serge Moati après quoi il court, l’intéressé répond, presqu’immodeste : « J’attends l’histoire, je contribue à écrire l’histoire en image… L’image est un formidable moyen de sauver de la mort. »
FXG, agence de presse GHM