Noire Ô naturel
Des cosmétiques bio et naturels pour cheveux crépus
Une jeune Guadeloupéenne installée en Avignon a créé une marque dédiée aux femmes qui ne veulent plus d’abîmer les cheveux, Noire Ô naturel.
« Il faut toujours coiffer et démêler sur cheveux mouillés. » Fétia Van Hecke, née Perran, est une femme de 36 ans, originaire du Moule en Guadeloupe, qui s’y connaît en matière de cheveux et de soins de peaux. Depuis septembre 2010, elle est chef d’entreprise. Sa société, Noire Ô naturel, fabrique et distribue des produits de beauté bio et naturels pour la femme noire. L’affaire débute un an plus tôt avec un blog, noireonaturel.com, destiné à partager ses recettes de soins capillaires et cosmétiques. « Comme beaucoup d’Antillaises, je me suis défrisée les cheveux à l’âge de 14 ans et j’ai continué pendant dix-huit ans avec des hauts et beaucoup de bas… » Avec son bac littéraire, son BTS d’assistante de direction et un diplôme force de vente au CNAM, rien ne la prédispose en principe à une carrière dans les cosmétiques. Son mariage la conduit à s’installer à Avignon où, enceinte de son premier enfant (elle en aura trois), elle obtient une licence d’économie. C’est à peu près à cette époque qu’elle fait son big chop. Fetia fait couper tous ses cheveux défrisés et cherche sur Internet comment les traiter de façon moins agressive. Elle ne trouve quasiment que des sites anglophones…« J’ai commencé mon blog pour donner de l’info sur le traitement du cheveu crépu au naturel parce que les conseils ne se transmettent plus de mère en fille… » Si elle refuse de se reconnaître dans une case dite « tribale », elle revendique son aspect identitaire, afro, mais aussi chic et élégant. « Je suis une militante mais sans agression ! » Elle est surtout heureuse d’avoir retrouvé qui elle était. « J’ose plus ! Avant, j’étais transparente, je faisais tout pour me fondre dans la masse. Ce big chop a été une révélation ! Je suis en adéquation avec moi-même mais j’ai mis du temps. »
Elle trouve une marque brésilienne bio certifiée mais aucune française. Forte de quelques enseignements comme le fait que les femmes noires dépensent 7 fois plus que les femmes blanches pour leurs soins capillaires, que « les grandes marques ethniques n’offrent que du bas de gamme » ou que « les quelques produits de qualité sont chimiques », elle décide de créer sa ligne.
Label biocertifié
La jeune femme qui considère avoir été une « cosmetic junkie » a appris à lire les compositions des produits et est devenue une autodidacte. Elle investit 10 000 € en recherche et développement, en obtient 50 000 d’un organisme incubateur d’entreprises. Elle trouve un laboratoire en Provence qui va mettre 9 mois à lui sortir une gamme à partir de son cahier des charges. « Un label bio nécessite d’avoir réellement 10 % de bio, j’obtiens selon mes produits des ratios de 53 %, 72 % voire 97 % pour ma Synergie d’huiles capillaires. Et c’est 100 % naturel », précise-t-elle.
Elle commercialise un kit nomade (ou découverte) qui contient ses produits capillaires phares (un masque noir sublimateur, une crème de shampooing sans sulfate et bio) et un savon naturel surgras, lavant et non moussant, saponifié à froid et à l’ancienne à Montpellier. Elle propose également un beurre de karité 100 % bio équitable (issu d’une coopérative de femmes du Mali) et une première gamme de produits pour enfant, Sapotille. Prochain produit à venir, une huile de carapate 100 % bio et guadeloupéenne.
En 2011, son chiffre d’affaires était de 35 000 €, et de 60 000 cette année. On trouve ses produits sur sa boutique en ligne (www.noireonaturel.com), chez les coiffeurs, magasins bios et ethniques dans l’Hexagone, mais également à la pharmacie Ibis de Cayenne, au Show room Made in beauty à Fort-de-France, chez Boutique nature à Saint-François et Baie-Mahault en Guadeloupe et même dans une parfumerie de Sint-Maarten. Elle a encore ouvert des négociations pour être distribuée en 2013 à la Réunion.
FXG (agence de presse GHM)