Nouveaux accords de Matignon pour la Réunion
Fillon et Robert signent pour 2,2 milliards d'euros
« 2,2 milliards €. Une somme colossale à l’échelle de notre territoire. » Dans un salon de l’hôtel Matignon, parlant debout devant le Premier ministre assis au premier rang, Didier Robert éprouve « un grand sentiment de satisfaction. » La signature du protocole des « nouveaux accords de Matignon » qui a suivi ces instants, hier vers 13 heures, venait entériner le programme de développement infrastructurel de l’île du président de la Région. Une politique de grands travaux assise sur une commande publique financée par l’Etat (869 millions €), l’Europe (331 millions €), la Région (780 millions €) et la société aéroportuaire (220 millions €). Le Premier ministre, dans son discours, ne s’est pas privé de cogner un peu sur l’ancien protocole et ses signataires : « Je note qu’en près de trois ans, pas un euro du protocole de Matignon initial n’a été injecté dans la commande publique et n’est allé vers les entreprises réunionnaises (…) C’est la raison pour laquelle l’application du nouveau protocole commencera dès les semaines qui viennent. » Les premiers travaux doivent débuter en 2013 pour s’achever en 2020. La route du littoral sera un « tracé en mer, éloigné de la falaise, partagé entre digues et viaducs sur une longueur totale de 12 kilomètres », a détaillé le président Robert. Ce sera aussi une route sans péage. « Un choix qui augmente la facture générale de 200 millions € ». Le Premier ministre a complété les mots de Didier Robert : « Le tram-train et une partie de le route du littoral se faisaient selon un contrat de partenariat public privé. Vous avez souhaité revenir à une maîtrise d’ouvrage publique pour la route du littoral de façon à ce que son accès reste gratuit pour les Réunionnais. » Prix de l’investissement routier : 1,6 milliards. Le protocole prévoit encore un « transport en commun sur des voies réservées partout où cela est possible ». 250 millions € pour la réalisation d’aménagements d’infrastructures sur l’ensemble du réseau routier du Trans-Eco-Express. « Un réseau fiable et sécurisé », selon Didier Robert, et « par bus, dans un premier temps , tout en intégrant les principes directeurs des voies guidées »… L’opposant au tram-train se donne tout de même un peu marge vis-à-vis d’un moyen de transport ferré. Troisième volet du protocole, les aéroports Roland-Garros et Pierrefonds. Le premier devra être en mesure d’accueillir des A 380 dès 2014 ; le second doit miser sur son développement régional et devenir « la porte d’entrée privilégiée du tourisme réunionnais ». Avec ce protocole, il y en a pour « dix années de travaux pour tous les acteurs du BTP Réunion, l’équivalent de 20 à 25 000 emplois locaux directs », a souligné Didier Robert. François Fillon, lui, a prorogé le protocole de gestion des dettes sociales et fiscales des entreprises en difficulté jusqu’à la fin de l’année. Didier Robert rêve déjà de la Réunion de 2020 avec le cap des 600 000 touristes dépassé, « la première île solaire, une île parmi les premières destinations au monde labellisée Sillicon Valley… ».
FXG (agence de presse GHM)
Photos : Régis Durand de Girard
Côté cour
Guy Dupont de la Fedom est arrivé l’un des premiers dans la cour de Matignon. Le gratin socioprofessionnel et politique de l’île est venu écouter le Premier ministre François Fillon se montrer si généreux et compréhensif avec son « Cher Didier Robert », qu’il a qualifié de « négociateur redoutable », tandis que la Nation tout entière vit un drastique rationnement budgétaire ! Didier robert a parlé le premier, pendant 10 minutes et 53 secondes, puis, ça a été le tour de François Fillon, pendant 11 minutes. Benoît Lombrière, conseiller technique Outre-mer à l’Elysée, est arrivé le dernier et s’est assis à côté du patron de la FEDOM. Au deuxième rang, derrière le ministre de l’Intérieur Brice Hortefeux et les sénateurs Virapoulé et Payet, la présidente du Conseil général, Nassima Dindar. Elle s’est fait remarquer à la fin quand elle a lancé la claque après la séance de signature ! René-Paul Victoria était sur l’autre banc, le même que François Fillon, au premier rang aussi, à côté du secrétaire d’Etat au Transport, Dominique Bussereau, et de Didier Robert. Marie-Luce Penchard qui était dans l’avion pour la Polynésie a envoyé son directeur de cabinet, Denis Robin, et deux conseillers. Derrière, il y avait le président de la CCI, Eric Magamootoo (qui espère bien la signature du Premier ministre pour rentrer au Conseil économique, social et environnemental du palais d’Iéna…), le vice-président de Région, Dominique Fournel, le conseiller outre-mer de Fillon, Frédéric Veau ou encore le préfet de la Réunion, Michel Lalande. Certains ont profité de ce beau rassemblement pour prendre quelques photos souvenir… Quand le Premier ministre est arrivé, toute l’assemblée s’est levée. Vers 13 h 30, après les discours et les signatures, ils ont tous disparu dans une autre salle, sans la presse.
Defiscalisation et énergie photovoltaïque
François Fillon a évoqué dans son discours « la réforme des avantages fiscaux pour le développement de l’énergie photovoltaïque et l’ajustement de la défiscalisation outre-mer (qui) ont suscité des critiques » : « Nous souhaitons arrêter une mobilisation de fonds publics qui assure la prospérité d’industries hors Europe. Or, au plan national, c’est la Réunion qui connaît le pourcentage le plus élevé d’approvisionnement électriques non constant. Pour ce qui est de la défiscalisation, le « coup de rabot » ne mettra pas en cause l’attractivité du dispositif et le secteur du logement social est exonéré de cet effort. Il y a parfois des décisions qui ont été prises, qui doivent être ajustées pour ne pas subir un gaspillage des moyens publics. » Interpellé, après la cérémonie sur ces propos du Premier ministre et « le dépit des investisseurs concernant le photovoltaïque », Didier Robert a justifié l’action du gouvernement dans son projet de budget 2011 : « Il y a eu incontestablement sur la question du photovoltaïque un certain nombre de dérives qu’il faut rectifier. C’était le cas, il y a quelques années en matière de défiscalisation, avec les bateaux de plaisance. Le but même des politiques publiques, c’est de pouvoir les réévaluer et les adapter au fil du temps. A l’Assemblée nationale, avec René-Paul Victoria et Hervé Mariton, nous avons porté un amendement au projet de loi pour que nous puissions faire valider le dispositif dès le premier euro par Bercy. C’est une manière de mieux pouvoir contrôler ce dispositif pour éviter ces dérives. »