ODEADOM
La présidente de l’ODEADOM ne veut pas laisser mourir son office
La salve est partie du ministre des Outre-mer, Victorin Lurel, qui s’exprimait le 26 mars dernier devant la délégation outre-mer de l’Assemblee nationale : « L’ODEADOM gère les fonds européens. Si ces derniers étaient décentralisés, ce qui resterait a l’Office reviendrait a France-Agrimer. » Cette phrase a « consterné » Gabrielle Nicolas, présidente de l’Office de développement des agricultures d’Outre-mer (ODEADOM) qui a appris ainsi que l’on envisage de supprimer son organisme. Dans une lettre du 8 avril, que nous nous sommes procurée, Gabrielle Nicolas rappelle qu’elle est aussi vice-presidente de la chambre d’agriculture de Guyane et écrit à MM. les ministres Le Foll et Lurel pour leur dire ce qu’elle pense « de la méthode employée pour élaborer le volet Outre-mer de la loi de modernisation agricole ». « Le gouvernement semble préparer à bas bruit la plus grande reforme du POSEI depuis sa création pour ce qui concerne sa gestion nationale. » Le ministère de l’Agriculture lui a confirmé par la suite qu’il s’agissait de « pistes de travail très sérieuses ». Pourtant, le 25 septembre dernier, Victorin Lurel, assure-t-elle, lui avait donné sa parole que « la gestion des fonds resterait centralisée à Paris et que l’avenir de l’ODEADOM était assuré ». Le directeur de cabinet du ministre de l’Agriculture lui confirmait l’information par courrier du 16 octobre. Gabrielle Nicolas prend donc acte du « décalage », sinon de la « contradiction ». « Ceci n’est pas convenable », écrit-elle avant d’argumenter pour sa boutique.
PAC et POSEI
« La dissolution de l’ODEADOM dans France-Agrimer serait fortement préjudiciable à notre agriculture… » Elle expose les logiques agricoles différentes entre l’Hexagone et ses Outre-mer. « La politique agricole commune (PAC) cherche à contenir la surproduction en Europe, le POSEI cherche à encourager la hausse de la production en outre-mer. » Elle craint aussi que « l’éclatement des enveloppes entre les différents DOM ne fasse voler en éclats notre capacité à défendre ces fonds à Paris et Bruxelles ». Mais elle redoute surtout la diminution des fonds POSEI. « Cette diminution pourrait, certes, être décidée de manière discrète par l’Etat, notamment pour les productions qui bénéficient d’abondements nationaux comme les filières de diversification. »
Lors de son audition à l’Assemblée, quand le ministre a abordé la gestion future des fonds européens, il venait de rappeler qu’au 1er janvier 2014, cette gestion passerait aux Régions. Il a alors posé la question du FEADER et de l’avenir de l’ODEADOM. Et tout en plaidant pour une « territorialisation de la gouvernance agricole », il a signalé le risque que représente cette gestion, comme dans les cas, fréquents récemment, « de remboursements trop lourds » d’aides indûment perçues… Doutant de la capacité financière des chambres d’agriculture, Victorin Lurel a avancé l’idée d’un « établissement public régional », tout en estimant que ce serait « difficile pour la démocratie »… « Nous ne pouvons pas accepter une réforme qui, en régionalisant nos problématiques, nous affaiblirait collectivement », rétorque la présidente de l’ODEADOM, qui ajoute : « Pourquoi vouloir modifier ce qui fonctionne aujourd’hui en outre-mer ? »
FXG, à Paris
L’ODEADOM
40 agents
290 millions d’euros d’aide à distribuer aux agriculteurs d’Outre-mer
7,25 millions gérés par agent
France-Agrimer
1200 agents
1,3 milliard d’aides
Plus d’un million géré par agent