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Publié par fxg

Olivier-Laouchez.jpg« Numéro 1 en audience et numéro 2 des trending topics sur l’ensemble de la France, toutes chaînes confondues. » La retransmission des Trace urban music awards, le 15 mai dernier sur la chaîne Trace urban a réuni 200 000 téléspectateurs. « Ce qu’il y a d’intéressant, c’est que l’audience s’est maintenue et nous sommes une chaîne payante qui n’a pas la même distribution que les chaînes de la TNT. » Olivier Laouchez, pdg du groupe audiovisuel Trace, partage désormais son temps entre Johannesburg en Afrique du sud et Paris ; le Martiniquais fête aussi deux anniversaires : les vingt ans d’ATV, les dix de Trace. Interview.

« Le centre du monde n’est pas la France »

Vous êtes un symbole de la réussite des talents d’outre-mer, un de ceux qui ont su faire marcher les réseaux…

Je n’aurais pas pu réussir Trace sans l’expérience que j’ai acquise aux Antilles en créant ATV en 1993. J’ai appris à faire beaucoup avec tres peu dans des marchés difficiles. Et quand on sait faire, on peut dupliquer ce type d’expérience à plus grande échelle. C’est ca l’histoire de la réussite de Trace. C’est vrai qu’on est assez atypique. On a en face de nous des mastodontes de la communication, des groupes américains comme Viacom, qui distribue les chaînes MTV, BET, ou Disney… Ou alors on est face à des chaînes locales dans les pays où nous sommes présents. Nous représentons un format hybride, celui d’une PME internationale implantée maintenant dans 160 pays. Alors l’excellence ultramarine, si je peux être un de ses représentants, tres bien, mais je ne suis pas le seul.

Quels sont vos atouts ?

Le fait d’être situé entre l’Europe et la zone américaine nous permet de bénéficier de cette influence et on en a bénéficié pour Trace. Quand on a créé la chaîne, il y a dix ans, ce sont des capitaux américains qui nous ont aidé avec Goldmann Sachs. Ça n’a pas été facile, mais on a franchi une étape. Maintenant, la vraie question qu’on se pose, c’est quid de Trace dans dix ans ?

Savoir rester leader ?

On est souvent leader sur nos marchés… Pour le rester, la grande réponse c’est l’innovation. Innovation technologique, innovation services et innovation éditoriale… C’est comme ca qu’on a un portefeuille de 4 chaînes de télévision alors qu’on a commencé avec une. Quand on a démarré Trace sport, tout le monde nous prenait pour des fous. Le sport coûte une fortune ! Fabriquer des contenus autour des plus grandes célébrités sportives du monde, c’est un vrai pari. Et aujourd’hui, après deux ans, la chaîne est à l’équilibre financier. Trace sport est présente dans 90 pays. C’est un miracle dans cet univers.

Quelles innovations revendiquez-vous ?

On est en train de lancer la première chaîne de télévision musicale personnalisée. C’est un service qui s’appelle My Trace et c’est juste une révolution de la télévision ! Un moteur de reconnaissance et de recommandation aide le téléspectateur à se fabriquer un programme. Il s’appuie sur ses goûts musicaux pour lui faire des propositions…

Le lancement de ces premiers awards participe-t’il à cette stratégie d’innovation ?

Meme s’il y avait une partie un peu traditionnelle de remise de prix, on a voulu apporter quelque chose de nouveau avec ces collaborations entre les artistes… Faire présenter l’émission par des humoristes avec Sonia Rolland dans un genre totalement différent de ce qu’on avait l’habitude de voir d’elle… Chaque fois, on prend des risques. De se dire qu’on est plus petit que ces mastodontes américains nous oblige à porter une valeur ajoutée, un plus, sinon il n’y a pas de raison que les gens viennent chez nous quand, en face, il y a Rihanna ou Beyoncé… On se dit en permanence que le centre du monde n’est pas la France. Il faut aller chercher la croissance là où elle existe…

D’où votre présence depuis six mois en Afrique du sud…

Mon fils est passé du Séminaire collège de Fort-de-France au lycée français de Johannesburg ! Trace y a créé une filiale pour le continent africain. A partir de là, on développe toutes les activités de Trace sur le continent. L’Afrique du sud est maintenant notre deuxième marché après la France. L’Afrique, c’est un milliard de personnes, 250 a 300 millions qui accèdent à la classe moyenne et c’est un continent extrêmement jeune, extrêmement fanatique de musique et nous sommes la première chaîne musicale de l’ensemble de l’Afrique subsaharienne avec des déclinaisons francophones et anglophones. La marque Trace est très puissante et c’est ce qui nous permet de la décliner non seulement en télévision, mais également dans la radio, dans le mobile, les evenements… On lance Trace mobile star, une émission de téléréalité de casting de jeunes talents musiciens, mais tout se passe à travers le smartphone…

Martiniquais en Afrique du sud, ca se vit comment ?

C’est un pays complexe. Plusieurs pays dans un pays… Les stigmates de l’apartheid existent toujours. Les tensions sociales sont très fortes, mais en même temps, il y a une vraie dynamique. Les gens sont optimistes, ont envie de s’enrichir, de réussir… Il faut être humble. Personne ne nous attendait. Imaginez un Sud-africain qui vient monter une chaîne de télévision à Paris ! On a obtenu, pour la troisième année consécutive, le prix de la chaîne de télévision préférée des jeunes Sud-africains.

Trace est-elle solide financièrement ?

La société gagne de l’argent depuis 2006. On réinvestit tout dans les projets de développement. On reste ambitieux et nos projets coûtent cher, mais on s’en sort plutôt bien et Trace a pris beaucoup de valeur.

La situation des chaînes locales privées dans les DOM n’est pas brillante, quelle est votre analyse ?

L’énorme gâchis est le fait des opérateurs privés des Antilles et de la Guyane qui n’ont pas réussi à se mettre d’accord pour créer une chaîne régionale, en tout cas une structure régionale avec des décrochages locaux. Quand on peut recevoir des centaines de chaînes de télévision du monde entier par satellite, câble ou adsl et quand on voit la taille de nos territoires, ces chaînes locales n’ont de sens que si elles arrivent à proposer du contenu local en matière d’information et divertissement qui soit de qualité. Se battre sur les retransmissions sportives, sur les films ou les séries, ca n’a plus beaucoup de sens.

Que préconisez-vous ?

Mettons-nous autour d’une table. Le groupe Trace est prêt à jouer un rôle dans ce reformatage de l’audiovisuel privé des DOM. C’est indispensable parce que, sinon, on va aller de redressements judiciaires en liquidations. Les médias ont besoin de stabilité, de vision… Il faut mettre de côté les ego et veiller à avoir des personnes compétentes. On l’a vu en Guadeloupe où ce n’est pas qu’un problème d’argent. C’est un problème de concept, de formation, de format… Le CSA aussi porte une responsabilité en donnant beaucoup de fréquences sans se préoccuper de la viabilité économique des projets.

Est-ce que ce ne sont pas des chaînes comme Canal 10 ou KMT qui sont dans le bon format ?

Il y a une place pour des micro-chaînes d’ultra-proximité, mais avec ces entreprises, on n’est pas dans une logique industrielle. Ca a un sens, il y a des besoins et c’est ultra low cost, mais ca ne peut pas faire vivre des dizaines de personnes, ca ne peut pas se développer à l’extérieur, il n’y a pas de logique de marque ou de produits dérivés. C’est ce que nous souhaitons pouvoir apporter comme expertise car si l’on se ne se repose que sur la pub locale, c’est extrêmement difficile. La Caraïbe, c’est 38 millions d’habitants et l’on ne peut pas imaginer de développer un groupe de médias aux Antilles Guyane sans qu’il n’y ait des passerelles, des ponts dans le reste de la Caraïbe, que ce soit en matière de coproduction, d’événementiels, de produits dérivés… C’est la problématique que nous avons eue avec Trace quand on s’est rendu compte que le marché français allait devenir un peu petit pour nous, on est allé chercher du business dans le reste du monde.

Propos recueillis par FXG, à Paris

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M
<br /> Super ITW, FXG !!! Une des plus Contructives jamais lues !!! <br />
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T
<br /> L'entité Trace a été lancée avec des capitaux américains, mais en contrepartie Universal (USA) via Vivendi-Universal en France (représentée par Pascal Nègre) a dû<br /> entrer au conseil d'administration de Trace pour proposer et contrôler le contenu (américain et français) qu'ils apportent ou imposent.<br /> http://www.prnewswire.com/news-releases/universal-music-group-umg-to-invest-in-alliance-trace-media-trace-52183287.html . Trace cible les jeunes en leur proposant les clips (HIP HOP, "urbains",<br /> etc) du groupe Universal music, gratuitement. C'est bien, c'est une "ouverture" .....A côté de celà Trace n'offre rien aux moins jeunes. Trace Tropical est payante, Canal 10 est gratuite et<br /> diffusée en métropole et aux Antilles, gratuitement et en plus avec peu de moyens. Doit-on rester sans Télé régionale au contenu antillais ???. Une télé régionale aujourd'hui celà a beaucoup de<br /> sens et surtout pour les Antillais, c'est très important. D'où la longévité de cette chaîne, par exemple. Alors faire vivre des dizaines de personnes avec une télé "industrielle" c'est bien, mais<br /> sauver (en transatlantique: France-DOM) une culture est tout aussi important sinon plus. Il faut des entrepreneurs ambitieux comme Mr Louchez et Wayner qui portent des projets plutôt<br /> "commerciaux", mais il faut aussi des entrepreneurs qui défendent une identité culturelle et des services régionaux. Que serait le paysage audiovisuel guadeloupéen sans Canal 10. A noter que si<br /> Canal 10 demande à passer des clips de maisons de disques internationales, ces dernières ne diront pas non. Donc le travail de Canal 10 est très difficile et il mérite un grand respect et des<br /> remerciements.<br />
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