Patrick Karam et le droit de vote des étrangers
Interview Patrick Karam, conseiller régional (apparenté UMP) d’Ile de France.
L’ancien délégué chargé des Français d’Outre-mer dans l’Hexagone arrive ce lundi aux Antilles, décidé à faire campagne pour son candidat, Nicolas Sarkozy (photo d'archives RDG).
« Les menaces se précisent pour l'outre-mer »
Pourquoi intervenir maintenant dans la campagne outremer ?
La proposition de François Hollande, réitérée cette semaine, de permettre aux étrangers de voter aux municipales est dangereuse. En France, mais plus particulièrement en outre-mer, l'élection municipale est la seule qui compte vraiment. Son maire, on le connaît, on l'aime ou on le déteste, on va parfois l'attendre au pied de sa maison. Mais dans tous les cas, c'est une relation personnelle et passionnelle. Permettre à des étrangers de voter va être interprété comme une dépossession, une agression. Les gens ne se sentiront plus maîtres chez eux. L'étranger deviendrait immédiatement suspect. 37 % d’étrangers en Guyane, 36 % à Saint-Martin, 40 % à Mayotte. Dans ces trois territoires, les gens percevront ce vote comme une menace pour leur identité et la cohésion des territoires. En Guadeloupe, c’est aussi une question très sensible. Et les étrangers, malgré eux, serviront de bouc émissaire commode à tous les maux et à toutes les difficultés quotidiennes. Hollande ne peut pas flatter son électorat hexagonal et sacrifier les Français d'outre-mer.
Pourquoi ne vous a-t-on pas entendu sur ces questions avant le 1er tour ?
J'ai démissionné de mes fonctions de délégué et je n’ai plus voulu intervenir sur l'outre-mer. Je l'ai dit au président de la République quand, en octobre, il m'a demandé de travailler à ses côtés pour les présidentielles. Je me suis cantonné à la campagne sur la diversité. Aujourd'hui, les menaces se précisent pour l'outre-mer ; je ne peux pas demeurer silencieux. J'ai toujours dit la vérité aux Français d'outre-mer. Je l'ai fait quand j'étais président du Collectifdom et comme délégué interministériel. J'ai toujours mis la cause ultramarine au-dessus de mes intérêts personnels, au-dessus aussi de mon engagement auprès du Président.
Quelle valeur ajoutée apportez-vous alors que Marie-Luce Penchard et François Baroin sont sur le pont ?
Ce sont des responsables politiques. Je suis un homme libre, d'abord soucieux de l'outre-mer pour lequel j'ai tant donné. Toute ma famille y réside, mes parents, mes amis, mes racines aussi. Je m'exprime en tant que natif des îles, soucieux de préserver le lien avec la France et de défendre l'intérêt des outre-mer.
Pourquoi, selon vous, Hollande ne fait pas le poids par rapport à Sarkozy ?
François Hollande nous considère comme un simple réservoir de voix électoral. En cinq ans, le député Hollande a été dramatiquement absent sur tous les sujets qui concernent l'outre-mer. 18 lois ont été votées dont la départementalisation de Mayotte, l'évolution institutionnelle de la Nouvelle-Calédonie, la stabilisation des institutions en Polynésie, la collectivité unique en Martinique et en Guyane. Il n'est jamais intervenu dans ces débats à l'Assemblée Nationale. Et maintenant qu'il a besoin de nos voix, il vient nous dire qu'il nous aime, qu'il pense à nous. Qui peut le croire ? La vérité c'est qu'il est comme un certain nombre d'hommes politiques hexagonaux, à droite comme à gauche, qui n'en ont rien à faire de nous et qui nous collent une image caricaturale de grands enfants qu'on manipule facilement. Quel mépris pour nous !
Propos recueillis par FXG (agence de presse GHM)