Patrick Louvounou, délégué national outre-mer de FO pénitentiaire, interpelle Taubira
Patrick Louvounou, délégué national à l’outre-mer, FO pénitentiaire, en poste à la maison d’arrêt de Basse-Terre
« Ce n’est pas parce que Christiane Taubira est une compatriote qu’on acceptera tout »
Vous êtes venu devant la chancellerie, seul, avec votre drapeau syndical, pourquoi ?
Déjà pour saluer Christiane Taubira parce que c’est une originaire de l’outre-mer. Et c’est toujours avec une grande satisfaction que l’on voit accéder aux hautes responsabilités l’un des nôtres. D’autre part, on sait qu’elle a les qualités, les capacités et en tant que syndicat de la pénitentiaire, comme nous sommes en mouvement de mobilisation et que son prédécesseur qu’on vient de remercier, sans faire de jeu de mots, n’a pas osé nous accueillir dans les bureaux pour entendre nos revendications, nous espérons être reçu par la nouvelle ministre dès la semaine prochaine comme nous l’avait promis André Vallini (PS). Christiane Taubira a demandé à Delphine Batho, sa ministre déléguée de nous recevoir.
N’allez-vous pas être gêné d’être en conflit avec une femme que vous aimez bien ?
On voit au-delà. C’est précisément parce que l’on aime bien que l’on manifeste pour lui faire savoir que tant qu’elle sera dans l’esprit de se soucier des difficultés professionnelles des personnels pénitentiaires, on soutiendra toutes les mesures qui seront prises dans ce sens-là. Qu’elle sache aussi en tant qu’originaire de l’outre-mer, la pénitentiaire et le monde judiciaire en outre-mer a été délaissé depuis de nombreuses années et particulièrement par le gouvernement puisque aujourd’hui, à Ducos en Martinique, c’est 500 places pour 1025 détenus. Il y a eu une mutinerie la semaine dernière. En Guyane, c’est pareil, comme Mayotte, la Réunion ou nos compatriotes de la Guadeloupe. Je ne dis rien du Pacifique.
Et si Mme Taubira vous dit qu’il n’y a pas assez de moyens ?
Elle prendra ses responsabilités là-dessus. Ce n’est pas parce quelle est une compatriote qu’on acceptera tout et n’importe quoi. Il va falloir aussi qu’en tant que responsable politique, elle sache que même si on est un partenaire social loyal, on peut aller au bout. Qu’elle écoute nos doléances autour d’une table et dialoguons, prenons le temps d’établir un calendrier… On est aussi prêt à entendre que la France est en difficultés financières et budgétaires et qu’on ne peut avoir tout demain.
Propos recueillis par FXG (agence de presse GHM)