Patrimoine minéral guyanais
Antoinette pour une filière aurifère sous l’impulsion de l’Etat
En demandant au Premier ministre d’ouvrir une table ronde extraordinaire sur l’orpaillage clandestin, le sénateur maire de Kourou évoque ses pistes pour une appropriation commune des richesses minérales guyanaises.
Dans une lettre adressée vendredi dernier au Premier ministre, le sénateur Jean-Etienne Antoinette lui demande d’organiser une « table ronde relative à l’orpaillage clandestin (…) regroupant les meilleures expertises en matière de diagnostic et de résolution ». Le sénateur maire de Kourou a bien pris acte du renforcement législatif adopté tout récemment par l’Assemblée nationale, mais il considère que cela ne peut suffire. « Les orpailleurs clandestins se sont adaptés aux actions de la mission Harpie, ont changé de lieux et de méthode d'extraction », écrit-il, précisant même que « tout semble indiquer que l'augmentation de plus de 120% des sites illégaux depuis deux ans, devrait se poursuivre ». La table ronde qu’il sollicite devrait repenser totalement la question de l’orpaillage en Guyane en associant l’Etat et les collectivités dans le but de « reconquérir les richesses minérales du territoire ». Il suggère de s’appuyer sur la mission que le BRGM entreprend actuellement, à savoir « la détermination du potentiel minier », car il n’y a pas que de l’or en Guyane. Il énumère : « bauxite, diamants, cuivre, plomb, zinc et kaolin sont présents en Guyane, tout comme certaines terres rares – niobium, tantale, colombo-tantalite – dont l'accès est un intérêt stratégique pour l'industrie et l'économie nationale ».
Une grande entreprise minière française
En deuxième lieu, considérant le chiffre d’affaires de l’orpaillage clandestin, 400 millions d’euros par an, et le coût de l’opération Harpie, 10 millions d’euros par an, il propose que l’exploitation de ces richesses soit entreprise par une « grande entreprise minière française, la seule à même d'exploiter ce potentiel dans le respect à la fois de l'environnement, des conditions sociales des travailleurs et du partage économique de ces richesses pour le pays ». Elle pourrait etre « initiée par l’Etat, et ouverte à des participations publiques et privées ». Elle bénéficierait en outre du « redéploiement de fonds engagés pour l'heure aux seules fins de contenir l'orpaillage clandestin ». C’est donc « une véritable filière, de la formation à la production, jusqu’au contrôle des comptoirs d’or, sous l’impulsion de la puissance publique », que préconise M. Antoinette. Par ailleurs, les travaux de cette table ronde devraient aborder aussi la question de la coopération régionale pour « faire mentir ceux qui perçoivent l'absence d'éradication de l'orpaillage clandestin comme le tribut sciemment payé par la France pour maintenir un fragile équilibre géopolitique et diplomatique dicté par les échanges commerciaux entre Paris et Brasilia ». Voilà de quoi nourrir la réflexion du gouvernement, mais aussi de l’Elysée à deux mois de la visite attendue du président de la République en Guyane.
FXG, à Paris