Penchard en Guyane
Marie-Luce Penchard arrive aujourd’hui à Cayenne. Interview
" La Guyane restera au sein de la République Française "
Quelles sont les mesures du CIOM qui seront concrétisées de suite en Guyane ?
Je souhaite que nous puissions rapidement mettre en œuvre les décisions du Conseil interministériel de l’Outre-mer, avec des premières mesures avant la fin de l’année. Parmi les priorités exprimées figure la question du pouvoir d’achat. Il s’agit d’une des principales préoccupations des Guyanais. Nous allons donc conforter la mise en place des GIR (groupements d’intervention régionaux) pour assurer une meilleure concurrence. Nous sommes sur le point de désigner une personnalité indépendante pour gérer et assurer les missions de l’observatoire des prix. Par ailleurs, l’assouplissement des visas va être mise en œuvre très rapidement. Nous allons lancer prochainement le recrutement du commissaire au développement endogène. Sa première mission consistera à mettre en place le marché du plateau des Guyanes. La filière pêche va pouvoir bénéficier des crédits supplémentaires de 40 millions d’euros décidés dans le cadre du CIOM. Cette enveloppe servira entre autre à soutenir les crevettiers. Pour les autres dossiers, nous établissons actuellement un calendrier de mise en œuvre qui sera opérationnel au début du mois de janvier 2010. Ainsi, nous pourrons bien articuler notre travail avec les ministères concernés. Toutes les personnes qui ont participé aux Etats généraux seront informées de l’état d’avancement des mesures grâce aux comités de suivi.
Qu'en est-il du dossier carburant ?
Une première partie de la réforme a été initiée puisqu’un nouveau décret est actuellement en consultation auprès des collectivités locales. J’ai signé une lettre aux présidents de région afin de les inviter à participer à une commission mixte, d’ici la fin d’année. Celle-ci permettra d’examiner la question de l’approvisionnement en carburant et l’avenir de la SARA. Les coûts de structure de la SARA impactent le prix des carburants. Il faut pouvoir aborder cette question d’autant que la Guyane a exprimé le souhait de ne plus s’approvisionner uniquement via la SARA. Il s’agit pour l’Etat de poursuivre une réforme en associant les acteurs locaux et en respectant les choix du territoire. L’objectif est de préserver le pouvoir d’achat et l’emploi local, notamment en ce qui concerne la SARA.
Après la fermeture du pont du Larivot, de nombreux Guyanais sont scandalisés et parlent de "honte". Effectivement, comment a-t-on pu en arriver là ?
Je n’aime pas beaucoup les propos excessifs… L’Etat a assumé pleinement ses responsabilités ; le préfet a immédiatement pris toutes les dispositions qui s’imposaient. Une expertise est en cours afin d’engager au plus vite les travaux nécessaires pour réparer le pont dans les meilleurs délais.
Est-ce que les problèmes du pont de Cayenne vont accélérer le projet de 2X2 voies entre Cayenne et Macouria ?
Je me prononcerai à l’issue des résultats de l’expertise de la DDE. Est-ce que c’est une priorité à très court terme, à moyen terme ? Il est trop tôt pour le dire. Simplement il faut rétablir les voies de circulation et éviter que la Guyane ne se trouve complètement paralysée sur le plan économique. Nous faisons tout pour limiter cette difficulté dans le quotidien des Guyanais.
Le commissaire au développement endogène, chargé entre autres de développer un grand marché avec les pays limitrophes, ne devra-t-il pas se méfier du géant brésilien ?
Il faut envisager le Brésil comme un grand pays avec lequel nous pouvons développer nos échanges commerciaux. La Guyane a des potentialités, une valeur ajoutée qu’elle peut faire valoir au Brésil, comme par exemple, une université dédiée à la biodiversité ou une université à rayonnement international… Il ne faut pas avoir peur du Brésil. Au contraire, ce pays en plein essor offre de nombreux atouts, mais il faut pouvoir construire une relation pour que le rapport soit « gagnant-gagnant ».
La Guyane est la seule région productrice d’or de France et elle est la seule où la traçabilité de l’or n’est pas permise faute de poinçon, regrette le WWF. N’est-ce pas un paradoxe quand on sait les efforts déployés contre l’orpaillage clandestin ?
La traçabilité de l’or est une question très technique. Il appartient aux services de l’Etat (DRIRE) d’étudier ce point avec les différents ministères concernés. Je ferai le point sur ce dossier avec les services de la Préfecture.
Les Hmongs de Guyane demandent que leurs proches, qui vivent dans des camps en Thaïlande, viennent les rejoindre. Et le maire de Saint-Elie cherche justement à repeupler sa commune. Les procédures pourraient-elles être simplifiées ?
La Guyane fait partie du territoire national. S’agissant des problèmes d’immigration, ce sont les lois de la République qui s’appliquent. Il n’y a pas d’exception à ce niveau. Cette question ne peut donc être examinée que dans ce cadre. Il n’y a pas de volonté de prendre des dispositions particulières pour l’instant.
Que changerait fondamentalement le passage à l’article 74 si les Guyanais votent majoritairement oui le 10 janvier prochain ?
Ce qui changera, c’est la question des compétences et des responsabilités que souhaitent exercer les élus de la Guyane. Ces derniers ont fait un certain nombre de propositions à l’occasion de la tenue du Congrès. C’est sur la base de leurs propositions que nous examinerons les modalités de transfert dans le cadre d’une loi organique, si la majorité des guyanais répond « oui » le jour de la consultation. En tout état de cause, la Guyane restera au sein de la République Française, conformément aux termes de la Constitution.
Penchez-vous pour le 73 ou le 74 ?
En tant que ministre chargée de l’Outre-mer, je n’ai pas à me prononcer. Ce n’est pas un projet du gouvernement. Le président de la République a toujours dit qu’il répondrait favorablement aux demandes des élus locaux pour consulter les populations sur une éventuelle évolution institutionnelle. C’est la raison pour laquelle il a organisé cette consultation. C’est aux Guyanais de se prononcer.
Le président de la République à écrit à Antoine Karam pour conforter son soutien au programme sport en prévision des JO et de la Coupe du Monde. Karam verra-t-il passer la flamme olympique sur le pont de l’Oyapock comme il en rêve ?
Je ne peux présumer du parcours de la flamme olympique dans le cadre des JO ! Mais ce que je peux dire c’est que la lettre qu’a adressée le président de la République s’inscrit dans la suite logique des décisions du CIOM : renforcer tous les équipements sportifs pour faire de la Guyane une terre d’accueil des équipes sportives en prévision de ces jeux.
Que pensez-vous du placement en détention de Léon Bertrand ?
Je conserve à Léon Bertrand mon amitié, mon affection mais comme je l’ai aussi toujours dit, je ne commente pas une décision de justice.
Propos recueillis par FXG, agence de presse GHM