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Publié par fxg

Les sénateurs auditionnent le patron de Shell

Patrick-Romeo.jpgPatrick Roméo, président de Shell exploration et production France SAS, défend devant des sénateurs souvent sceptiques le projet d’exploitation pétrolière au large des côtes guyanaises.

Malgré la bonhomie du président de la délégation sénatoriale à l’Outre-mer, Serge Larcher, ce n’est pas sans une certaine méfiance que ses membres ont auditionné le président de la société Shell exploration et production France SAS, Patrick Roméo, hier au Sénat. Les questions ont fusé.

Entouré de quelques collaborateurs dont certains basés en Guyane, il a été entendu pendant deux heures. Le pétrole de Guyane qui n’est pour l ‘heure qu’une « présomption très favorable », serait exploitable à compter de 2019 et serait raffiné à Trinidad. Peut-on envisager que ce pétrole soit raffiné par Pétroplus (la raffinerie de Petite-Couronne en région parisienne est en faillite) ou la SARA ? Patrick Roméo s’est refusé à conditionner l’avenir à ce qui se passera en 2019. Quant à lier l’autorisation d’exploiter ce pétrole à une reprise de Pétroplus, il a tranché : « C’est illégal. » Sur le plan environnemental et les relations avec les Guyanais, les sénateurs n’ont pas manqué de lui rappeler les recommandations du Conseil économique, social et environnemental : « Nous sommes en lien avec la société et nous avons les mêmes préoccupations que les Guyanais. Ce projet ne peut être qu’exemplaire. » Avec deux systèmes différents d’obturateur de puit sur le bateau foreur, le Stena Icemax, trois équipes de surveillance dont une à Cayenne et une autre à Houston (USA), des navires de soutien, deux hélicoptères et du matériel (épandeur, barrage, dispersant) stocké à Dégrad des Cannes, l’objectif avoué est de zéro accident et un impact environnemental mineur. Et si on oppose au pétrolier des courants susceptibles de ramener une marée noire sur les côtes, il s’en défend : « Nous travaillons avec des données, pas avec des sentiments ; nous sommes des marins et s’il y a des moments où les courants s’inversent, c’est exceptionnel. Nous sommes néanmoins équipés pour répondre à toute éventualité, même dans la mangrove. »

Courants, poissons et associations

les-enateurs-de-la-delegation-outremer.jpg« Vous dîtes qu’il n’y a pas de poissons dans la zone et vous présentez vos installations comme de potentiels dispositifs de concentration de poissons, il va falloir les protéger », lance le sénateur martiniquais Maurice Antiste. « Il n’y a aucun antagonisme entre moi et les poissons », répond Patrick Roméo qui précise que l’absence de poissons est une donnée de l’IFREMER. Contre le risque de marées noires, il assure que sont prévus des observateurs de mammifères marins, des équipements de contrôle acoustique, des procédures pour minimiser les perturbations sonores, lumineuses… Le sénateur de Guyane Jean-Etienne Antoinette relance la question des relations avec les associations et organisations environnementales :  « Il y a eu des réunions d’information et non d’association avec les élus et la population sur le fond… » Réponse de Shell : « Je peux inviter, accueillir mais pas retenir les gens. Si les gens ont des idées pour minimiser les impacts, leurs avis sont les bienvenus. » Après ces échanges parfois tendus, le sénateur Larcher a remercié le patron de Shell qui, par cette découverte, permet de donner corps à cette idée que l’outre-mer n’est pas la danseuse de la France, mais bien une richesse. Ils sont convenus de se revoir après cette nouvelle campagne de forage.

FXG (agence de presse GHM)


L’actualité du projet

Stena-Icemax.jpgLa zone se trouve au pied du talus continental sous-marin, à 150 km au large de Cayenne sur une largeur allant du Brésil au Surinam, soit 24 100 km2. Le 1er forage a eu lieu à 2000 m de profondeur au pied du talus. Deux déclarations d’ouverture de travaux ont été déposées. L’une pour réaliser 4 forages entre juin 2012 et juin 2013, l’autre pour rassembler des données sismiques. Un bateau spécialisé dans le forage, le Stena Icemax, est sorti des chantiers navals de Corée et est en route pour Cayenne où il doit arriver en juin. La campagne d’étude sismique doit durer de juillet à novembre avec le navire Oceana Phoenix. Shell attend les autorisations. Le 1er des 4 forages est prévu en juin à 4 ou 5 km du premier afin d’évaluer la découverte. Le deuxième forage d’exploration se fera à une vingtaine de km dans un autre gisement potentiel. « C’est un calendrier prospectif et les deux forages suivants se feront en fonction des résultats des deux premiers. D’ores et déjà, en dépit de « plusieurs manquements à la loi patents dans le dossier », selon les organisations WWF, Francee nature environnement, Sepanguy, Greenpeace, Surfrider et Oceania, le préfet a autorisé ces quatre forages qui utilisent un produit synthétique plutôt que l’eau, et « non toxique », selon Patrick Roméo.


Les retombées pour la Guyane

Labbez-Langlois-Romeo-Guerin-Delport-de-shell.jpgA court terme, la compagnie ouvre ses appels d’offres aux entreprises locales (aviation, logistique), utilise le port de Cayenne comme base secondaire (2000 m2) et l’aéroport Félix-Eboué comme base de support. Shell assure créer de façon directe et indirecte 25 à 60 emplois dans les deux premières années. A plus long terme, Shell veut lancer un programme de recrutement via une « fédération des entreprises pétrolières et gazières en Guyane » pour répondre aux besoins de qualification des entreprises engagées dans le projet (Schlumberger, IFP, Endel…) avec une vraie filière de formation pilotée localement. Dès que l’exploitation est opérationnelle, Shell escompte 160 emplois directs off et onshore, 400 indirects (supports techniques et administratifs, sécurité, maintenance, marins, logisticiens…) et autant d’emplois induits (logement, transport, nourriture, médical, loisirs…). Par ailleurs, Shell veut lancer un groupement d’intérêt scientifique avec l’université, le CNRS et l’IFREMER et financer des thèses en lien avec le milieu maritime guyanais. Elle entend aussi participer au développement des professions maritimes. Reste que Shell réclame en préalable un cadre fiscal stabilisé. «  La législation fiscale a changé 13 fois en moins de dix ans », observe Patrick Roméo qui n’hésite pas à en parler comme « un critère majeur dans la décision ».

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Commenter cet article
B
<br /> je me souviens  de Upton Sinclair.<br />
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T
<br /> power<br /> <br /> <br /> http://www.youtube.com/watch?v=TtMQw-KSQLo<br />
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B
<br /> les rois du pétard...<br />
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T
<br /> C'est Christiane Taubira qui va être contente... http://www.youtube.com/watch?v=65MTVfv9loQ&feature=related<br />
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