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Publié par fxg

Philippe Garsuault, directeur général du groupe BPCE International et Outre-mer

Philippe-Garsuault.jpgTandis que sont ou vont être débattues au Parlement la loi de régulation économique en outre-mer (vie chère) et la loi de finance avec un maintien de la desfiscalisation, nous avons demandé au directeur général pour l’outre-mer et l’international de la Banque populaire/Caisse d’épargne si le crédit bancaire était suffisant pour le soutien aux entreprises d’outre-mer et si les tarifs bancaires appliqués dans nos territoires étaient justifiés. Interview

« Jamais une banque refuse de prêter quand c’est un bon dossier »

On ne cesse de dire que les banques en outre-mer ne prêtent pas aux entreprises. Est-ce une réalité ?

Non, au contraire, nos encours de crédits aux entreprises sont en progression. Entre juin 2011 et juin 2012, ils ont augmenté de 3,6 % aux Antilles et de 5,9% à la Réunion. Vous savez, en  période de crise, l’ensemble des agents économiques souffre et l’on entend dire parfois que les banques ne font pas leur métier. En ce qui concerne le Groupe BPCE, le groupe bancaire le plus implanté dans les territoires d’Outre-mer,   nous avons dans l’ensemble de ces territoires des flux de production de crédits qui sont en hausse par rapport à l’année dernière. C’est clairement une accélération de notre engagement au service de l’économie locale.

Quel est le montant total de ces crédits aux entreprises ?

Nos encours représentent à peu près un demi milliard d’euros de prêts à l’économie des Antilles et de la Guyane, et  près de 900 millions d’euros à la Réunion. Et sur l’ensemble des territoires où nous sommes présents, cela doit représenter de l’ordre de 30 000 professionnels ou entreprises, tous secteurs confondus.

Combien d’entre elles essuient-elles un refus de crédit ?

On ne verra jamais une banque refuser de prêter quand c’est un bon dossier. Tout notre intérêt est de prêter ! Par ailleurs, nous avons une relation de conseil avec nos clients: si nous jugeons qu’un nouveau crédit peut mettre en difficulté un client, nous lui disons. Avec trois, quatre ou cinq refus de prêts par des banques concurrentes, il faut se poser la question de savoir s’il n’y a pas un problème avec le dossier… Nous devons faire attention au surendettement, au soutien abusif… Nous sommes très encadrés par le législateur. En période de crise, c’est logique d’entendre que « les banques ne prêtent pas », mais la réalité est un peu différente puisque nos chiffres montrent au contraire une progression de notre soutien à l’économie locale. Et par ailleurs, il faut savoir que le taux de créances douteuses sur la région Antilles-Guyane est de 11 % contre 3 % en métropole et que le montage des dossiers est parfois complexe, car les petits entrepreneurs locaux ont parfois du mal à transmettre leurs bilans (d’où l’accord que nous venons de signer avec la Fédération des très petites entreprises et l’ordre des experts-comptables).

Dans le cadre de l’examen de la loi contre la vie chère, plusieurs amendements veulent étendre aux banques la régulation des tarifs. Avez-vous la sensation de pratiquer des prix prohibitifs par rapport à ce qui se pratique dans l’Hexagone ?

Pour exercer son métier, une banque doit respecter un certain nombre de règles, de ratios, elle doit dégager du résultat pour renforcer ses fonds propres. Par exemple, la Banque des Antilles Françaises (BDAF) est tout juste à l’équilibre et une banque qui fait des pertes, ça n’a pas de sens ! Sur tous nos territoires, quand nous dégageons des excédents, nous les utilisons pour renforcer les fonds propres et plus on renforce les fonds propres, plus on peut faire de crédits.

Par ailleurs, le Groupe BPCE est composé de banques de plein exercice qui maintiennent tous les métiers localement ; nous n’avons pas choisi de tout centraliser dans l’Hexagone, ce qui nous aurait sans doute permis d’amortir un peu mieux les charges. Mais nous trouvons que cela a plus de sens d’être une vraie banque antillaise, réunionnaise, calédonienne (+ de 25 % de parts de marché) ou polynésienne (30 % de part de marché). Pour toutes ces banques, nous n’avons par exemple aucun back office en métropole et cela représente un certain nombre de coûts (les coûts salariaux représentent 60% de nos coûts). Avec 350 employés aux Antilles-Guyane (450 à la Banque de la Réunion, 320 à la Banque de Tahiti et autant dans la Banque Nouvelle-Calédonie), nos banques sont des entreprises importantes au niveau de l’emploi local, qui achètent et investissent sur place en ouvrant des agences. Alors forcément, on peut avoir un différentiel au niveau du prix. Mais si on baissait drastiquement nos tarifs, on aurait des banques avec des résultats à zéro voire négatif, ce qui n’est pas tenable.

Propos recueillis par FXG (agence de presse GHM)

 

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