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Publié par fxg

« Anticorps », les photographies à vif d’Antoine d’Agata, au Bal30-janvier-2013-8032-635x635.jpg

                                                                                                    Vue d'ensemble Pascal martinez

Louis-Ferdinand Céline disait que pour écrire, il fallait « mettre sa peau sur la table ». Dans son écriture photographique, Antoine d’Agata met clairement sa propre vie en danger. L’exposition présentée au Bal actuellement est construite comme une installation d’art contemporain. Les images couvrent les murs du sol au plafond et se mélangent. 1822932_7_933a_ill-1822932-ed9b-art-press-def-635x635_fc352.jpgL’ordre est plus ou moins chronologique. Prostituées dont la carnation est saisissante, cris de jouissance figés, photos d’identité judiciaire collectées sur le net, errances des sans-papiers a Sangate, immeuble lépreux en voie de démolition, immeubles détruits par la guerre… La liste est infinie. Trente ans de photographies nous arrivent en plein visage. Antojne d’Agata dit de son travail qu’il est « politique ». Au rez-de-chaussé de l’exposition, des textes en grand format aux accents situationnistes, (« exploitation, oppression, répression, contrôle de l’individu »…) Ces mots ne sont pas des explications, mais ils entrent en résonance avec l’installation située au sous sol. D-Agata-4.jpgIl est difficile de résumer cette exposition, mais on en sort marqué à vif. Le fil conducteur semble être la violence sous toutes ses formes jusqu'à celle que l’individu s’inflige à lui-même, d’ou le titre : « Anticorps ». L’exposition fonctionne comme un révélateur et relie chacun inéluctablement à sa part maudite que l’on refuse, le plus souvent, d’assumer. Antoine d’Agata dit qu’il ne fera plus de photographies. La parution d’un livre accompagne l’exposition avec des textes de l’artiste pointant les mécanismes qu’il entend mettre en évidence par ses photographies. Il faut rendre grâce aux commissaires de l’exposition, Fannie Escoulen et Bernard Marcadé, qui ont su avec talent mettre en forme ce corpus de plusieurs milliers d’images. Nous reproduisons ci dessous un texte de Pierre Guyotat qui se trouve en ouverture du livre paru aux éditions Xavier Barral, et un texte de Michel Foucault qui se trouve dans le programme du Bal.

Regis Durand de Girard


480_Dagata2.jpg« L’esclavage, sous sa forme la plus crue : la possession du corps de l’homme par l’homme, l’achat, l’enlèvement, la location, la traite de ce corps. Ici ce thème s’exaspère s’élargit, s’étend dans l’espace universel, dans le temps, dans l’économie « noble » des empires, dans le mouvement onirique, mythologique et métaphysique. Y a-t-il usage plus cruel de l’esclavage que celui de la prostitution ? Quelle autre activité humaine « non noble » touche, le plus à cru, à la loi du sexe, à la loi du sang, à la loi raciale, à la loi légale, à la loi de l’échange, de l’hypothèque, du profit, de l’enchère, à la loi du rêve, à la loi religieuse enfin ? antoine-d-agata-bal_7368.jpgDonc à la « Grande Histoire » : adaptation de l’homme à son état ou non, adaptation de l’homme à la nature (transports terrestres et marins, obstacles animaux végétaux, climatiques, géologiques, tabous, inventions d’objets et de mécaniques, etc…), guérillas, guerres génocides, formation et éclatement d’empires, invention et persistance de mythes, de symboles, d’art, de métaphysiques, de mouvements de libération et de rachat des corps serviles, d’installations étatiques de la liberté, une sorte de danse sacrale du corps prostitué, un pied dans le bordel, l’ombre (le mal ?), un autre dans la rue, la lumière (le bien ?). »

 

Pierre Guyotat

 


antoine-d-agata_7373.jpg« La marge est un mythe. Cette illusion de croire que l’extreme nous parle à partir d’une extériorité absolue… Rien n’est plus intérieur à notre société, rien n’est plus intérieur aux effets de son pouvoir que la violence. Autrement dit, on est toujours à l’intérieur. »

 

Michel Foucault

 


Exposition des photographies d’Antoine d’Agata jusqu’au 14 Avril 2013. Le Bal, 6 Impasse de la Défense 75018 Paris 01 44 70 75 51.

 

Anticorps, d’Antoine d’Agata aux éditions Xavier Barral

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P
<br /> Ca releve le niveau general<br />
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