Picouly et Chacun son Outre-mer sur France Ô, samedi 26 novembre 20:35
Daniel Picouly, co-animateur avec Audrey Chauveau de l’émission Chacun son Outre-mer, le 26 novembre à 20 h 35 sur France Ô, point d’orgue des 24 heures de l’Outre-mer
" Je suis un quarteron martiniquais de Seine-Saint-Denis ! "
Quel sont le principe et le contenu de l’émission ?
Son premier principe est de ponctuer l’Année de l’Outre-mer. Il y aura un débat qui fera le bilan de cette année, mais c’est une émission qui aura d’abord un caractère festif et de divertissement. On sera au Cabaret sauvage et l’on recevra un des invités qui ont un rapport direct avec l’Outre-mer.
Parmi vos invités, nombreux viennent de l’Outre-mer, comme Philippe Lavil, Thyssia, colonel Reyel, Babette de Rozière, Théo Sulpice, mais il y en a aussi qui n’en sont pas, comme Alpha Blondie ou Cartouche… Qu’est-ce qui a motivé leur présence ?
Leur rapport à l’Outre-mer est important, qu’il soit culturel, d’expression, d’influence… En quoi l’Outre-mer a pu dans leur itinéraire artistique, leur vie personnelle, avoir une influence telle qu’elle aura plus ou moins coloré, teinté, influencé leur propre œuvre ? En ce qui concerne Alpha Blondie, un artiste de dimension internationale, son rapport à l’Outre-mer se retrouve dans son œuvre. Il ne suffit d’être de l’outre-mer… On peut y avoir des parents mais c’est un rapport plus culturel, historique qui nous intéresse… C’est extrêmement important, sinon ce serait une conception assez réductrice.
Allez-vous montrer le lien qui peut exister entre les outre-mer aussi ?
Déjà pour commencer, il y aura Babette de Rozière et la gastronomie. La cuisine offre ce rapport là, qui peut être un rapport à l’enfance ; il y a toutes ces sensations qui rapprochent, des événements aussi. Oui, entre les Ultramarins, il y a à la fois une communauté formelle et informelle et on aimerait bien l’éclairer. Quel rapport peut-il y avoir entre un Antillais et un Calédonien ou un Réunionnais ? Y a-t-il une communauté de pensée, d’identité, de culture, d’influence ? Y a-t-il des différences tout simplement ? Voilà ce que nous allons essayer de montrer.
Qui sera là pour parler spécifiquement de cela ?
Quand on reçoit Audrey Pulvar, il y a bien sûr la femme de télévision, mais aussi l’écrivain. Elle est capable de faire ce lien car elle a une vision d’ensemble de par sa position de journaliste. Il y a aussi Daniel Maximin, un écrivain impliqué puisqu’il est le responsable de l’année des Outre-mer français. Le regard de ces gens m’importe et m’intéresse. Ils feront le lien aussi avec le passé. On va leur demander s’ils ont une image de l’Outre-mer, une personnalité… Alors peut-être vont-ils évoquer Césaire, Glissant… On veut faire le lien générationnel, le lien culturel et puis les liens transversaux entre les différents modes d’expression. Greg Germain représente le théâtre aujourd’hui avec la Chapelle du Verbe incarné à Avignon et il a été le premier héros d’une série télévisée… Et il y aura des jeunes, car l’intérêt est de montrer que cette culture est vivante et moderne avec la culture urbaine, le slam, le graf… Un graffeur réalisera une fresque sur les cinq continents durant les deux heures de l’émission. Mais il y aura aussi la tradition avec les ballets tahitiens… Et même un contre-ténor martiniquais ! Aller du chevalier de Saint-George à la culture urbaine, c’est aussi montrer l’histoire et la vivacité de tous ces modes d’expression.
L’année de l’Outre-mer a pour objectif de changer le regard. Cette émission sera-t-elle en mesure de montrer que le regard a bien changé ?
Changer un regard, ce n’est pas un objectif de basculement, c’est progressif. Des succès comme les films Intouchables, Case départ ou La première étoile font changer le regard sur les outre-mer, sur les acteurs qui l’incarnent. C’est progressif, lent ou parfois, ça fait des sauts. Comme avec Omar Sy, même si ses origines sont de banlieue ! C’est une prise de risque très sérieuse pour le producteur… Et c’est un succès qui dépasse tout ce que pouvait imaginer qui que ce soit. Les preuves du changement de regard sont ces succès comme la place de la diversité dans les médias.
Les Antillais ne prennent-ils pas trop de place par rapport aux Calédoniens, au Polynésiens...?
Ah non, il y aura Mayotte aussi ! On y a fait attention parce que, comme vous le signalez, ça pourrait être une susceptibilité dont j’espère qu’elle va disparaître parce que sinon, on pourrait être presque sur le mode du politiquement correct dans une espèce de répartition égale au détriment d’une vision globale un peu moins chatouilleuse… Ca peut être une contrainte fossilisante que d’avoir à respecter quelque chose sur lequel il faut veiller mais qui se mêle dans un ensemble et non pas simplement au coup par coup. Il y a des modes de cultures et d’expressions différentes et il est intéressant de savoir ce qui se passe à Tahiti ou Saint-Pierre et Miquelon et comment ça s’intègre dans notre tout.
Quel est votre regard à vous, sur l’Outre-mer ?
Il m’arrive quelque chose extraordinaire, c’est de revenir sur France Ô. France Ô est dans le paysage audiovisuel et particulièrement à France TV, une des chaînes qui a le plus envie et qui le manifeste. Gilles Camouilly et Claude Esclatine ont décidé de faire de France Ô une chaîne à l’égale de toutes les autres, sur la TNT. France Ô incarne parfaitement ce nouveau regard, ses nouveaux objectifs, ses nouvelles intentions par rapport à l’Outre-mer. Elle propose une certaine vision de la société, de la France, de l’international, de l’Outre-mer… Il y a une volonté, une envie, un vrai projet.
France Ô serait-elle un laboratoire glissantien de télévision ?
(Rires) On a une spécificité, et le but n’est pas de s’enfermer dans cette spécificité, mais de la faire partager. Etre ultramarin, c’est aussi avoir un regard sur le monde, sur toutes les questions et pas seulement celles qui sont ultramarines. Les télévisions qui trouvent l’adhésion du public sont celles qui ont regard repérable, décentré et qui sont capable de nous faire regarder le monde autrement. J’anime un rendez-vous le dimanche sur France Ô, Le monde vu par une personnalité politique et je veux montrer que ces hommes politiques (Olivier Besancenot, Jean-Louis Debré) ont eux aussi un rapport avec l’Outre-mer, le monde qu’on ne soupçonne parfois même pas. Le monde, on le regarde aussi de l’Outre-mer et l’Outre-mer regarde le monde !
Vous et votre outre-mer… Ne regrettez-vous pas de ne pas avoir racheté cette maison familiale des Terres-Sainville en Martinique ?
Les maisons de famille peuvent avoir une histoire mais elles peuvent aussi avoir une histoire fiscale ! (Rires) Il peut y avoir plusieurs générations de taxes qui n’ont pas été payées et dans ce cas là, ce n’est plus de l’histoire que vous achetez, mais des problèmes ! J’ai été touché par cette histoire, c’est comme si les Antilles, ma famille antillaise venaient me rechercher pour me dire qu’il y a là-bas, quelque part, une maison qui a été habitée par des Picouly. J’ai eu très envie mais il y avait quelques composantes complexes, administratives et fiscales, qui ont fait que ça n’a pas été possible. Mais savoir que ça a existé et que c’était là, c’était déjà pour moi beaucoup. Je suis un quarteron martiniquais de Seine-Saint-Denis ! Et en même temps, je suis un des rares auteurs français grand public qui a créé des personnages en couleur dans mes livres.
Propos recueillis par FXG (agence de presse GHM)