Pour Haïti aux éditions Desnel
139 auteurs pour Haïti
L’éditeur Jean-BenÎt Desnel publie à l’occasion du salon du livre de Paris, Pour Haïti, un ouvrage collectif dont le produit des vente sera reversé au profit de la culture haïtienne.
Arthur Rimbaud appelait cela « fixer des vertiges ». Dès le lendemain du séisme de Port-au-Prince, Suzanne Dracius et Jean-Benoît Desnel des éditions éponymes ont proposé à plus de cent auteurs d’écrire un texte pour faire un livre contre l’oubli, un livre au profit exclusif d’Haïti, d’où un partenariat avec l’ONG, Bibliothèque sans frontière (coir infra). « Mon exigence était d’avoir de l’inédit mais j’ai laissé aux auteurs toute liberté littéraire pourvu que l’on restât dans la thématique de l’Haïti post-séisme. » La poétesse martiniquaise attendait des contributeurs qu’ils laissent jaillir leur émotion. Ils sont originaires de Californie, du Mexique, d’Uruguay, du Cameroun, du Vietnam, du Brésil, du Canada, de France, des Antilles, de la Guyane et d’Haïti bien sûr… « Plus les auteurs sont éloignés d’Haïti et plus ils ont la marque du kreyol, de la littérature haïtienne comme chez l’Américain Jack Hirschman. On dirait même un texte de la créolité. » Miano, auteur camerounaise vivant à Paris a écrit une courte nouvelle, Marie-Line Ampigny, une fiction basée sur la réalité du drame, Daniel Maximin et Ernest Pépin, de la poésie libre… Denizé Lauture a écrit de la poésie pleine de tourments dans un kréyol authentique. Il y même le grand poète argentin « nobélisable », Juan Gelman, installé au Mexique. Le poète breton, martiniquais de cœur, Patrick Mathelié-Guinlet, a traduit les deux textes de la Cubaine Zoé Valdès… Plusieurs contributeurs comme l’Haïtien Josaphet-Robert Large ou l’Egypto-canadienne Andrée Dahan rendent hommage à Georges Anglade, le griot des « lodyans ». En quelques pages, Marie-Claude Céleste rétablit quelques vérités historiques… Et puis, il y a Mabankou, Jean Metellus, Maryse Condé et René Depestre.
"La terre frissonne"
René est très âgé, explique Suzanne Dracius, et a choisi la forme de l’entretien. » Ca débute par le soulagement d’apprendre que son frère Maurice, le journaliste, a survécu… et ça s’achève par ces mots sublimes : « Faites courir la tendresse du monde dans la vie dévastée des Haïtiens. »
« Ce qu’il ressort de ces auteurs, avance la coordinatrice du livre, c’est le refus du pessimisme, une forte émotion, un traumatisme, mais aussi la conviction que le peuple haïtien est fort. On sent de l’admiration pour le peuple, les artistes, les flammes haïtiennes. Haïti rayonne, fascine. » Pour autant, l’ouvrage n’est pas compassionnel, n’est pas « gore », ni voyeur. Au contraire, il offre une lucidité du regard qui se porte sur une autre image d’Haïti. Une grande maison d’édition française a voulu coéditer l’ouvrage, mais, explique Jean-Benoït Desnel, « mais avec une grosse machine comme ça, le livre ne serait sorti qu’en octobre, au plus tôt ! » L’impatience se justifie. Il suffit de lire ces quelques lignes de la Mexicaine Maria Gay : « Eh ! Apportez une couverture pour couvrir la terre, elle frisonne ! »
FXG (agence de presse GHM)
Pour Haïti, collectif, coordonné par Suzanne Gracius, éditions Desnel, collection Anamnésis
Une convention de réversion avec Bibliothèque sans frontière
Desnel et Bibliothèques sans frontière ont signé une convention de réversion. Les auteurs abandonnent leurs droits au profit de cette ONG déjà très impliquée en Haïti. Jérémy Lachal, son directeur indique le plan mis en place sur trois ans : Mettre en place des bibliothèques de rue dans les ca mps de réfugiés pour développer des biothérapies autour du deuil et de la résilience ; aider les réseaux de bibliothèques existants (municipalité, francophonie, Alliance française…) ; enfin, participer à la création de la bibliothèque universitaire de Port-au-Prince, former les personnels en France pendant la construction des locaux et préfigurer le fonds littéraire. En 2009, ils ont déjà créé ou appuyer la création de 42 bibliothèques dont 4 en prison.