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Publié par fxg

Le procès Mamodtaky a démarré à Créteil

Troisieme passage devant les assises pour un detenu franco-malgache, un " Karane", dont le proces doit durer trois semaines.

« Je m’en remets à vous… » Mamod Abbasse Mamodtaky a clôturé par ces mots son adresse à la cour, lundi 4 fevrier, lors de la première journée de son procès d’appel devant les assises de Créteil.

Devant les magistrats et les jures (dont 7 femmes) sont disposés les 30 tomes de l’accusation et un carton défoncé contenant des pièces à conviction. A gauche, les parties civiles dont la principale victime, Anita Remtoula, cinq avocats dont Me Boniface et Me Baloup ; à droite, la défense assurée par Mes Briot, Dreyfuss-Schmidt et Dupond-Moretti.

Le président Jean-Paul Albert a passé la moitié de cette journée à donner lecture de son rapport. Un rapport qui résume les faits poursuivis et les péripéties de la procédure ouverte depuis le 22 avril 2001. Ce jour-la, deux ou trois individus armés de pistolets et d’une kalachnikov avaient ouvert le feu au domicile des Remtoula, dans la banlieue d’Antananarivo. On déplorait cinq morts et cinq blessés. Les trois principaux suspects ont été condamnés en décembre 2010 par la cour d’assises de Paris et seul M. Mamodtaky qui avait pris 22 ans de réclusion criminelle a fait appel. La famille Remtoula est celle de son ex-épouse. Car, si le dossier semble complexe, la violence conjugale semble en être le centre. Ainsi, le président Albert a-t-il consacré un long moment pour développer le « conflit conjugal » entre Anita Remtoula et Mamod Abasse Mamodtaky. Ils se sont mariés en avril 1994 alors qu’existent déjà des « oppositions familiales ». Mme est Ismaélienne ; M. est Koja. A cela s’ajoutent des différends de nature économique et financière, des séparations, des violences physiques et morales. Ainsi l’époux demandait à sa femme de participer à des ébats sexuels avec sa maîtresse ou des prostituées. Le président a encore évoqué une tentative de suicide, selon le mari, une tentative d’empoisonnement selon l’épouse… Il est même question d’un « avortement forcé »… Le couple aura tout de même un enfant, une fille autour de laquelle vont se nouer de nouvelles tensions, générant un sursaut de violences. S’ensuivront des épisodes judiciaires « dramatiques pour l’enfant », selon le président qui évoque même la corruption d’un magistrat malgache. La situation de violence va conduire l’épouse à déposer deux plaintes, l’une a Saint-Denis de la Réunion, l’autre a Antananarivo… « Ce conflit familial, économique et religieux et les rapports difficiles du couple entourent ce dossier. », conclut le président.

Le président est aussi revenu sur les circonstances de la tuerie, les témoignages actés durant l’instruction, les armes employées (un pistolet Makarov qui aurait appartenu a l’accusé), un pistolet automatique militaire (un MAC 50) et une kalachnikov). Il a encore évoqué l’implication de l’accusé dans un trafic avec les douanes, les victimes (leurs proches sont présents à l’audience, vêtus en blanc) avant d’en venir aux charges retenues contre Mamod Abasse Mamodtaky : assassinat, tentative d’assassinat, et menaces de mort.

Avant de clore cette première journée d’audience, le président a invité l’accusé à s’exprimer librement. Très calme et apparemment détendu, M. Mamodtaky a déclaré : «  Ca fait douze ans que je clame mon innocence. Aujourd’hui, je suis détenu dans un pays qui n’est pas le mien. Je suis loin de chez moi et de ceux que j’aime pour des faits que je n’ai pas commis. La peine que j’ai eue en première instance est une peine d’élimination. Je ne sais plus ou j’en suis et je prends des médicaments pour le supporter. J’ai envie de faire confiance en cette cour pour que ce dossier soit vu de manière impartiale et objective. »

Ce mardi, le procès se poursuit avec l’audition de deux policiers enquêteurs et si le temps le permet, par l’enquête de personnalité de l’accusé.

FXG, à Créteil

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