Présidentielles, l'analyse de Marie-Luce Penchard
Penchard veut mobiliser les abstentionnistes
Malgré des résultats en outre-mer décevants pour Nicolas Sarkozy, Marie-Luce Penchard appelle les abstentionnistes à se mobiliser. Elle croit la victoire possible et demande à l’outre-mer d’y participer.
Comment analysez-vous la situation en outre-mer ?
Elle est plus contrastée que l’on pense parce que le président Nicolas Sarkozy enregistre en outre-mer ses meilleurs résultats, en particulier dans le Pacifique, en Nouvelle-Calédonie et en Polynésie française. Malgré le changement de majorité à Mayotte, en mars dernier, nous avons un vrai succès sur l’île grâce à la départementalisation. Même s’il y une progression du candidat Hollande, le grand vainqueur reste l’abstention. Je considère qu’il y a des marges de manœuvre importantes. Le président va gagner cette élection. L’outre-mer a la possibilité de se mobiliser et de participer à cette victoire.
Globalement, les résultats ne sont pas quand même pas bons, notamment en Guadeloupe. N’est-ce pas ?
La Guadeloupe est devenue une terre de gauche. Les résultats y sont à l’image des élections de mars 2010 (ndlr : Régionales). Ce qu’il s’est passé en Guadeloupe, on le voit en Martinique, en Guyane et dans bien d’autres territoires où, avec un taux de chômage important, il est difficile d’expliquer les réformes, même si elles sont justes et nécessaires parce qu’il faut participer à la réduction du déficit de la France. Il est certain que l’on est moins audible dans une situation difficile, en particulier avec un taux de chômage aussi important.
N’est-ce pas un pari trop risqué pour vous d’être candidate aux législatives en Guadeloupe ?
En politique, une des valeurs importantes est le courage. J’ai le courage d’affronter les difficultés. Je n’entends pas faire de la politique en arrivant sur un plateau en argent.
Que pensez-vous des résultats surprenants de Marine Le Pen en outre-mer ?
Ils me préoccupent. Je considère que le candidat Hollande a une lourde responsabilité dans la montée du Front national en outre-mer. Il suffit de voir dans son programme le vote des étrangers (ndlr : aux élections locales) ou, encore, qu’il n’y a pas de volonté de maîtriser une politique d’immigration. Tout cela participe à la montée de Marine Le Pen en outre-mer.
Dans les territoires du Pacifique cette explication ne tient pas. Qu’en déduisez-vous ?
Ce n’est effectivement pas tout à fait la même explication. Je considère que François Hollande a été particulièrement ambigu. Je n’ai cessé de rappeler qu’il était important qu’il rompe son contrat avec le Tavini. Oscar Temaru prône l’indépendance de la Polynésie et continue de demander l’inscription de la Polynésie dans la liste des pays à décoloniser. Cela aussi fait monter le Front national. Une fois de plus, M. Hollande porte une responsabilité. Je le dis fermement.
En Nouvelle-Calédonie, ne pensez-vous pas que l’acceptation de l’UMP et du gouvernement de voir flotter le drapeau kanak à côté du drapeau tricolore a joué un rôle dans le score du FN ?
Nicolas Sarkozy conforte sa position sur le territoire. Il fait le même score. Notre politique a été la bonne. Il faut aller vers cette paix civile demandée par les Calédoniens pour permettre, au referendum, de ne pas avoir une partie des Calédoniens contre l’autre.
Comment comptez-vous inverser la tendance en outre-mer ?
Les marges de manœuvre sont plutôt du côté de notre famille politique. Mélenchon ne fait pas un score important. Le vote utile a fonctionné à gauche. Nous, nous avons des points à gagner. Je compte sur la mobilisation car l’abstention est très forte. Nous sommes tous sur le terrain.
Quel message voulez-vous faire passer pour faire venir aux urnes les abstentionnistes ?
Celui de la vérité. Ca a toujours été l’axe de développement de notre campagne. Il n’est pas facile, mais il ne faut pas donner des promesses, surtout dans nos territoires dans une situation économique difficile. Au bout du compte, les promesses ne seraient pas tenues et cela provoquerait beaucoup de désillusion et un risque d’explosion sociale. Nous allons démontrer que l’avenir de l’outre-mer passe par une rupture dans le modèle de développement. Il passe par un développement économique qui soutient la production locale. Pas par une politique d’assistanat que François Hollande ne pourra pas mettre en œuvre parce qu’il ne pourra pas augmenter les minimas sociaux, le SMIC ou créer de nouvelles prestations. Nous allons passer ce message. Il faut faire confiance à l’homme qui a toujours considéré que l’outre-mer pourrait avoir un bel avenir. Nous avons l’intention de nous battre parce que nous sommes sûrs de la victoire.
L’UMP va-t-elle envoyer un représentant national en outre-mer entre ces deux tours ?
Nous sommes en train d’étudier la question. Nous verrons les moyens qui sont les plus adaptés. Je veux passer le message à nos compatriotes : la victoire est possible. L’outre-mer peut participer à ce grand élan.
Et un déplacement de Nicolas Sarkozy ?
Rien n’est arrêté. L’élection se gagne en métropole et en outre-mer. Je sais que les symboles sont importants, mais il faut arrêter, comme les socialistes, de ne faire que dans le symbole. Il faut surtout se préoccuper d’entendre les messages de nos compatriotes.
Propos recueillis par David Martin (agence de presse GHM)