Raphaël Elizé par Gaston-Paul Effa, chez Gallimard
Gaston-Paul Effa prête vie à Raphaël Elizé
Gaston Paul Effa relate sur le mode autobiographique l'histoire d'un illustre martiniquais, Raphaël Elizé.
Son ouvrage, paru le 31 décembre dernier chez Gallimard dans la collection Continents noirs, s'intitule Rendez-vous avec l'heure qui blesse.
Chassé de Saint-Pierre par l'éruption de la Pelée en 1902, Raphaël Élizé, le narrateur, va s'établir dans l'Hexagone. Il devient vétérinaire après la guerre de 1914-1918, et s'établit à Sablé-sur-Sarthe, aux portes de la Bretagne, en octobre 1919. Il devient en 1929 le premier maire noir d'une ville de France métropolitaine et est réélu en 1935. La Seconde Guerre mondiale et l'occupation allemande mirent malheureusement fin à son mandat pour des préjugés de couleur. Il entra dans la Résistance avant d'être dénoncé, arrêté puis déporté à Buchenwald en 1944 où il trouva la mort sous les bombardements alliés.
Rendez-vous avec l'heure qui blesse, c'est le destin historique d'un homme simple, plein de tendresse et de compassion, d'un homme devenu un héros national ; c'est le destin d'un homme emblématique de la condition humaine qui a inspiré ce roman où l'Histoire le dispute à l'émotion.
L'auteur, né en 1965 à Yaoundé au Cameroun, est établi en Lorraine où il est professeur de philosophie, critique et écrivain. Gaston-Paul Effa a publié plusieurs romans d'inspiration autobiographique, traversés par des questionnements identitaires et une posture très critique face aux coutumes et traditions africaines (Tout ce bleu, Grasset 1996, Le Cri que tu pousses ne réveillera personne Gallimard 2000, Nous enfants de la Tradition, Anne Carrère 2008). Gaston-Paul Effa, est également l'auteur de plusieurs livres d'entretiens avec Gabriel Attias et André Chouraqui consacrés aux relations entre le peuple juif et le peuple noir.
FXG, à Paris
Extrait : « Mon grand-père disait que pour les Noirs la peau est un mystère insondable, et il le disait sans chercher à savoir si nous comprenions, ou si, à Lamentin, on se souciait de la peau des esclaves, la mer, seule, évoquait quelque chose pour nous puisqu'elle n'était jamais bien loin, qu'elle nous nourrissait, qu'elle n'aurait jamais fini de charrier nos expériences originelles. Ce que voulait dire mon grand-père, c'était peut-être que la peau d'autrui et sans doute la sienne, et aussi la mienne aujourd'hui, sont un détroit où l'on ne peut que se perdre. »