Rentrée parlementaire pour Victorin Lurel
ITW Victorin Lurel
« On aurait pu mieux gérer ces élections dans les outre-mers »
La ministre Marie-Luce Penchard reste chargée de l’Outre-mer. Quel est votre sentiment ?
C’est un peu étonnant. C’est la ministre qui a été la plus étrillée, qui a eu la défaite la plus cinglante. C’est bien en Guadeloupe qu’un ministre de ce gouvernement a fait à peine 14 % des voix. Et elle reste au gouvernement. C’est bien pour la Guadeloupe et le conseil régional de Guadeloupe. On s’adressera à notre compatriote pour tenter d’émarger dans la manne apparemment irréelle des 500 millions…
Elle a dit qu’elle avait payé la mauvaise gestion de crise d’Yves Jégo. Qu’en pensez-vous ?
C’est un peu fort de café ! Je pense qu’Yves Jégo répondra. Yves Jégo a fait ce qu’il a pu. Elle était secrétaire nationale de l’UMP à l’époque, donc elle aurait pu à mon sens sortir du silence assourdissant dans lequel elle s’est vautrée. Mais bon, c’est une querelle entre membre d’une même famille politique.
Vous venez de faire votre premier retour à l’Assemblée nationale depuis votre réélection à la tête de la Région. On vous a vu très entourés par les barons socialistes dans l’hémicycle…
J’ai toujours été très très bien entouré par les hiérarques et les dignitaires du PS. C’est la règle du jeu et du genre. Lorsque vous posez une question, vous êtes entourés par vos camarades. Il se trouve que là où je suis assis, j’ai Hollande derrière moi, le président de groupe Jean-Marc Ayrault, Bruno Le Roux à côté et l’ancien ministre de l’Intérieur, Daniel Vaillant…
Sur quoi avez-vous interpellé le gouvernement ?
C’était une question sur la tentative de recentralisation qui est plus qu’une tentative aujourd’hui, mais une politique appliquée contre vents et marées. Même lorsque les Français émettent un message aussi clair et aussi massif, sans appel, on s’obstine. Le Premier ministre compte-t-il renoncer à ce funeste projet de loi de réforme des structures territoriales ?
Et quand Brice Hortefeux se base sur les résultats de l’outre-mer, partagés entre la victoire de la droite en Guyane et à la Réunion et celle de la gauche en Martinique et en Guadeloupe pour dire que ce n’est pas ce que veulent les électeurs ?...
Ca lui permet de faire bonne mesure puisqu’ils prétendent maintenant avoir deux régions. Mais c’est la division qui a fait triompher l’UMP à la Réunion et c’est parce que, nous-mêmes, nous n’avons pas su bien faire en Guyane. Mais enfin, c’est mieux qu’avant. Nous dirigeons 23 régions sur 26 et je rappelle que ce n’étaient pas des régions à direction socialiste même si elles appartenaient à la gauche locale. Sans minimiser la défaite, ça permet à M. Hortefeux de faire bonne figure.
Cela vous donne-t-il envie de vous impliquer à nouveau davantage pour le PS ?
Je suis toujours vice-président du groupe des députés socialistes et j’ai eu droit à une très belle ovation par les députés et le bureau national du PS à Solférino. Ma place au PS n’a jamais été vacante… Cela étant, je pense qu’on aurait pu mieux gérer ces élections dans les outre-mers…
Cela vise-t-il Axel Urgin, le secrétaire national du PS pour l'outre-mer ?
Faut faire le travail… Il ne faut pas faire passer ses amitiés avant l’intérêt général du parti. Cela étant, c’est derrière nous. Il faut positiver.
Comment envisagez-vous les relations avec le nouveau président de la Région Martinique ?
Avec Serge, on s’entend bien ; on a très largement partagé et échangé avant le référendum du 21 janvier. Nos services travaillent avec eux pour leur installation de vendredi prochain. On a une vraie connivence donc on travaillera et j’espère qu’on va préparer ensemble la nouvelle loi portant érection de la collectivité unique en Martinique et en Guyane. Et nous-mêmes préparons cette échéance là en Guadeloupe. On va être très attentif à ce qui se passera là-bas. Nous avons à consulter la population, à réunir le congrès, à faire le choix entre les cinq formules qui restent. Ca se jouera probablement entre le statu quo, l’assemblée unique ou la collectivité unique. Il faudra s’entendre sur les modes de scrutin, les pouvoirs que nous demanderons à transférer de l’Etat à cette nouvelle collectivité…
Propos recueillis par FXG (Agence de presse GHM)