RFO/France Ô... Esclatine, Laventure
RFO Paris en pleine crise
Les journalistes de RFO Paris veulent pouvoir se reconcentrer sur l’outre-mer et ne plus être appelés à travailler pour les autres chaînes de France Télévisions. La création d’une agence en début d’année leur a fait craindre d’être dilué au sein du groupe. La nouvelle direction semble aller dans leur sens.
Rien ne va plus à RFO Paris. La station part à vau-l’eau. « Ici c’est l’armée mexicaine », lance un syndicaliste qui préfère s’exprimer incognito. Une intersyndicale a été reçue en début de semaine par Claude Esclatine, directeur délégué auprès du président chargé de préciser le positionnement et les modes de fonctionnement futurs du pôle rassemblant France Ô, les Télépays et les Radiopays (sic).
Elle est allée lui demander des explications sur un mail, envoyé le 6 septembre, annonçant des nominations et contredisant les propos qu’il avait tenu deux heures avant face à la rédaction. Problème : celui qui va prendre la tête de RFO n’était pas au courant. Le nouveau directeur de l’information, Thierry Thuillier, avait lui-aussi été mis à la l’écart. Contactés, aucun d’eux n’a réagi.
Le mail a été envoyé par des membres de l’ancienne direction de France Télévisions, mais toujours en poste. Ils s’inquiètent de voir le nouveau président de France Télévisions, Rémy Pfimlin, revenir à une structure plus classique, avec des directeurs d’antenne. Ils ont donc pris les devants en s’attribuant des missions.
En janvier dernier, l’ancien patron de France Télévision, Patrick de Carolis, avait décidé de lancer une « agence de proximité » regroupant des petites équipes de France 3 (bureau européen de Strasbourg, France 3 Sat de Lyon) et la centaine de journalistes de RFO Paris. L’idée était de mutualiser pour faire des économies d’échelle. En effet, pourquoi envoyer une équipe de journalistes pour RFO et une autre de France 3 à Haïti, par exemple, quand une seule suffit ? Seulement, la rédaction de RFO a eu l’impression de se faire « coloniser » par France 3. « Cette agence avait pour objectif d’utiliser nos moyens pour fournir France 3, mais nous ne voulions pas que ce soit au détriment de notre boulot sur l’outre-mer », confie une journaliste.
La rencontre avec Claude Esclatine a rassuré les syndicats. Mais ceux-ci continuent de rire jaune en lisant la liste des nominations. Celle-ci peut effectivement prêter à sourire. Le vocabulaire de management utilisé laisse perplexe. L’un des nominés devra intervenir « sur le dossier de l'accompagnement management au fil de l'eau ». Un autre, déjà surnommé « RG » ou Jaruzelski, « devra réaliser des notes hebdomadaires donnant à la direction une bonne visibilité sur l'actualité interne des rédactions », un troisième devra s’appuyer sur « l’expertise et l’approche globale ».
DM (Agence de presse GHM)
Motion de défiance contre l’agence de proximité
Une motion de défiance contre la direction de l’agence a rassemblé 91,7 % des votants. Sur 104 journalistes, 77 ont voté la motion de défiance, 6 ne se sont pas prononcés, 1 a voté contre.
Les syndicats CGT et FO de France Télévisions dénoncent un climat de « violence ». « Il est urgent de voir cesser les menaces, les vociférations et les hurlements qui semblent aller de soi » pour les trois directeurs généraux délégués de l'agence » (Gilles Trenel, Xavier Haglund, Max Adelise, qui viennent de France 3), demande la CGT dans un communiqué. « L'agence, c'est une mortelle combinaison de besoins mal définis, de management brutal et bureaucratique, de remise en cause ou de négation des fonctions professionnelles des journalistes de l'ex-RFO, et surtout l'absence complète de stratégie », affirme de son côté FO.
La patte Esclatine à RFO
Lors du comité d’établissement de RFO qui s’est tenu le 14 septembre dernier, au siège de Malakoff (92), le directeur délégué du pôle RFO, Claude Esclatine, devant les élus de l’établissement, a tenu des propos assez durs à l’encontre du directeur des antennes de RFO, Luc Laventure (qui n’était pas là) : « J’ai demandé au directeur des antennes de réfléchir à une organisation adéquate, à une grille moins improvisée pour un démarrage, début 2011. (…) Les propos tenus par Luc Laventure (NDLR : lors de la présentation à la presse de la grille de rentrée) ne me choquent pas. Je suis très confortable avec les idées autour du vivre-ensemble, de l’ouverture sur le monde, sur les cultures du monde, sur l’universel… En revanche, je m’interroge sur la cohérence des programmes annoncés avec la ligne éditoriale affichée. Aïda sur France Ô, c’est incompréhensible ! Il y a un problème de cohérence ! » Même si, comme il l’a rappelé lui-même, le directeur délégué n’a pas la responsabilité de réformer, nommer et décider de tout ou partie de changement au sein de RFO, et qu’il est uniquement en charge de la réflexion sur le devenir des antennes, avant sa nomination définitive par le PDG, Rémy Pflimlin, Claude Esclatine n’a pas hésité à lâcher cette formule assassine : « Il faut en finir avec le clientélisme. » Quant à la crise de la rédaction à Malakoff, Claude Esclatine a encore été ferme : « L’attitude des responsables de l’information de proximité est incohérente avec le calendrier ! On n’a jamais été aussi peu dans la proximité que depuis qu’on est justement dans la proximité (…) S’il y a des urgences, je suis prêt à essayer d’aider pour débloquer certaines situations. Il y a un gros bouchon qui va nécessiter beaucoup de « destop » !... Il n’y a pas de patron à la rédaction outremer. Il en faut un ! » Claude Esclatine devrait faire son premier déplacement outre-mer en Guyane, accompagné du président de France Télévisions, Remy Pfimlin, en Guyane, du 10 au 12 octobre.
FXG (agence de presse GHM)