Saint-Malo Route du rhum
Derniers moments avec Christine à bord d’Un monde bleu tout en vert
« Ne partez pas sans moi, j’ai porté les accras ! » Maheli, la fille de Christine Monlouis s’empresse de monter à bord. On largue les amarres dans quinze minutes. Elle rejoint Fabrice Le Mesnager, compagnon et préparateur technique de sa mère, son « producteur » Erik Lequime et bien sûr la concurrente. La balade va durer deux heures et sera l’occasion pour Christine d’être acclamée aux passages du pont levant et des écluses. Mahéli est surexcitée. Elle aimerait bien se « cacher dans une soute » pour accompagner sa mère ! Victor, le fils de Fabrice et préparateur physique de Christine a convaincu Mathilde, sa copine de rester à bord. « Reste, ça va être énorme ! » Il les rejoindra au port de plaisance, après les écluses, pour aller les chercher. Ils feront un dernier dîner en famille. Le père de Fabrice sera là aussi.
A 19 h 17, Fabrice met en marche. Passée la sortie du port de Saint-Malo, il posera des scellés sur le moteur, photo à l’appui. Christine raconte que pour le baptême de son bateau par la ministre de l’Outre-mer, dans l’après-midi, coiffeur et maquilleuse sont venus à bord avant de se visser sans ménagement pour sa coiffure un bonnet de polaire grise sur la tête. « Va falloir vous y faire à me voir décoiffer ! » Le bateau s’éloigne du quai. Fabrice à la barre, Christine aux amarres. « C’est parti ! s’écrit-elle… Enfin, c’est parti depuis un an et demi. »
La VHF grésille : « Soyez à 20 heures devant le pont… » Christine s’est isolée dans une cabine. « Elle est au téléphone avec mamie », annonce Maheli. Devant, le bateau Jeune Dirigeant de Pierre-Yves Guenec fait des tours lui aussi en attendant l’heure. Il doit passer devant Un monde bleu tout en vert. Les deux bateaux s’engagent l’un après l’autre sous le pont ouvert. De chaque côté, du monde et des acclamations. Mais encore rien par rapport à la foule massée à l’écluse. Lentement, le monocoque glisse sur le canal. Christine est debout, sur le pont, à l’avant. Elle regarde sidérée, sur bâbord et tribord, cette foule qui l’applaudit ; elle salue de la main. De temps en temps un groupe de Guadeloupéens est là et vient à crier plus fort. Christine s’essuie les yeux et s’excuse presque : « Le rimmel est en train de couler… » La foule continue ; on entend des « bravos », des « allez », des « wéwéwé »… Et comme si elle se parlait à elle-même, Christine, doubout à la proue du navire, énonce sereinement :
« Si je suis capable de traverser l’océan, je dois être capable de ne pas pleurer. » Malgré la nuit et le froid humide, la foule est toujours empressée et ovationne encore Christine quand Serge Herbin, le speaker officiel de la course, salue en elle « la première femme noire à courir le Rhum ». Des larmes coulent toujours : « C’est de voir ces gens qui m’encouragent, qui rentrent dans ma vie… » En s’éloignant sur la mer, le Cigale 16 de Christine laissait voir à sa poupe sa bouée sur laquelle était marquée Bye Bye.
FXG (Agence de presse GHM)
ECHOS DE PONTON
30 000 visiteurs sont attendus d’ici dix jours pour l’arrivée de la Route du rhum. Un chiffre qui préfigure bien cette règle qui dit que l’année qui suit la Route du rhum est une très bonne année touristique.
37 000 €, c’est le prix que prend un cabinet de consultant pour réaliser pour le compte de la CCI une étude d’impact sur les retombées du Rhum. L’étude devrait être lancée fin décembre.
7 à 9000 €, le prix des animations qui auront lieu à la darse de Pointe-à-Pitre au moment des arrivées des skippers. Cette somme est entièrement prise en charge par 7 marques de rhum.
Le Rhum et ses enjeux politiques
Tandis qu’on lui faisait remarquer la présence à Saint-Malo du « futur maire de Basse-Terre », en évoquant Jocelyn Mirre, Alain Gayadine de l’UPG analysait ainsi l’événement : « Tout l’enjeu de cette Route est politique. Il y a la CCI, en campagne électorale, le CTIG, sous l’emprise de la Région et, parallèlement on sent que la Région et le CTIG voudrait bien mettre la main sur la CCI… »
Les retrouvailles de Penchard et Carabin
« Fo’w doné on ti plis pou Christine Monlouis, Madame la ministre… » La voix a fortement retenti, attirant l’attention de Marie-Luce Penchard, qui sur le ponton, venait de baptiser le Cigale 16 de la Désiradienne. Elle a relevé la tête en direction du public d’où venait la voix de Gabrielle Carabin, derrière les barrières, dans la foule. « Mme la députée… », a commencé la ministre avant de lui parler d’effets sur la durée, de formation des jeunes, avant d’être coupée : « La Région est compétente sur la formation, mais Christine Monlouis, il lui faut un petit chouïa… » « Un petit chouïa, d’accord », a topé Marie-Luce avant de tenter de la relancer en l’appelant Gabrielle. Sans réponse. Quant à la valeur du chouïa, elle a été estimée à 20 000 € par l’entourage de la skipette.