Salon du livre
Cinquante auteurs, Césaire et deux ministres au salon du livre
Le stand Outre-mer, terres de culture au salon du livre de Paris (qui ferme ses portes ce lundi) était une fois encore ce week-end le bik des auteurs, éditeurs et lecteurs concernés par les littératures ultramarines. « C’est une gageure l’édition chez nous comme dans tous les outre-mer », a déclaré le ministre des Outre-mer, samedi, alors qu’il est venu assister aux conférences sur Césaire avec Alain Mabanckou, Daniel Maximin, Romuald Fonkoua, et encore Suzanne Dracius… Viktor Lasklo et Jean-René Lemoine ont lu des extraits d’Une saison au Congo, Moi, laminaire et Cahier d’un retour au pays natal. « Ce n’est pas facile de vivre et de faire vivre de leurs éditions des écrivains, a continué le ministre, On a un lectorat qu’il faut élargir. Nous avons un petit marché, même s’il y a l’intensité, la ferveur… » Il faut donc faire vivre cette production éditoriale et c’est la mission essentielle du salon du livre que financent, « modestement », de son propre aveu, le ministère des Outre-mer et les collectivités. Vendredi, la journée était consacrée à la jeunesse avec Serge Huo-Chao-Si et ses BD, La grippe coloniale, le cyclone de la peste (Vent d’Ouest), Lilian Thuram, Mes étoiles noires, de Lucy à Barack Obama, Teddy Riner ou François Gabourg, le caricaturiste martiniquais. Samedi, avant les « variations Césaire », le Réunionnais Jean-François Samlong a parlé de son dernier ouvrage publié par Gallimard, Une guillotine dans un train de nuit.
Dimanche, les chefs de cuisine, Babette de Rozieres, La bonne cuisine de Babette, Éditions Orphie, Marcel Ravin, D’un Rocher à l’autre, itinéraire d’un chef, La Martinière édition, et Normann Linn sont venus présenter leurs ouvrages et leurs saveurs.
Tout au long de ces quatre jours, plus d’une cinquantaine d’auteurs sont venus dédicacer leurs ouvrages. Parmi eux, la ministre de la Réussite éducative, George Pau-Langevin, qui a passé beaucoup de temps sur le stand des Outre-mer, samedi.
Dimanche Radio O a enregistré en direct et en public, sur le stand de France-Télévision, une émission spéciale dédiée au centenaire de Césaire. Animée par Dominique Roederer (France Ô), elle a mis en scène David Alliot, Pierre Bouvier, Joël des Rosiers, Suzanne Dracius, Jyb, Henri Lopes.
Lundi, le salon s’est achevé avec les « ateliers de l’éditeur », animés respectivement par Lemy Lemane Coco (Orphies), Suzanne Dracius, Charles-Henri Fargues et Georges Brédent (Desnel-Promolecture), ou Tony Delsham (Martinique éditions). « J’appartiens à une belle géographie bien portee par ses écrivains », a conclu Victorin Lurel avant de quitter le salon, samedi en fin d’après-midi.
FXG, à Paris
La question qui derange
M. le ministre, que pensez-vous de ces auteurs ultramarins obligés de faire acheter 1000 exemplaire de leur livre pour pouvoir être publiés ?
Victorin Lurel : « J’adore les… Les… Comment dire… (Rires) Je vous parle littérature et vous me parlez de question trop d’actualité… On peut s’en étonner, voilà. »
Coup de cœur du ministre pour Franketienne
« C’est de la beauté pure et en même temps, ce n’est pas de la rhétorique faiblarde ou esthétisée, comme dirait André Lucrèce. Il y a une pensée de l’action, de l’agir. Ça vous change un homme, une femme… Ça vous change une carrière, une vie… C’a été Franketienne mon dernier coup de cœur. Un grand monsieur avec un sens de la création assez fantastique. »
Ils étaient là
Tony Delsham (qu’est venu saluer Patrice Louis installé désormais dans la ville de Proust dans l’Eure) présente L’impuissance (Martinique édition), un titre à mettre en relation avec la politique. « C’est l’impuissance de la Martinique à se prendre en charge », explique le prolifique auteur martiniquais.
Remi-Louis Budoc, de Cayenne, Les Outre-mer et l’international, Publisud
« C’est une contribution au positionnement des outre-mer sur la scène internationale notamment au niveau économique et géopolitique. Quelle place ont-ils dans les organisations internationales, que leur apporte leur statut ? Nous sommes aujourd’hui dans une problématique nouvelle, on doit chercher la place de ces outre-mer dans un monde globalisé. Faut-il garder les situations acquises ? Le monde bouge, la recherche, les paradigmes nouveaux sont là. Il faut les intégrer. Voilà pourquoi aujourd’hui ce livre sort. J’ai voulu vulgariser la question de la coopération régionale trop peu connue. C’est une prise de conscience : l’ouverture sur les autres ne va rien nous retirer mais au contraire nous apporter plus de valeur. »
Philippe Verdol (Guadeloupe), Déshumanisation et surexploitation néocoloniales – Démounaj et pwofitasyon dans la Guadeloupe contemporaine, L’Harmattan
« Il y a deux sortes de citoyens. Certains sont bien à l’aise, d’autres sont des sous-citoyens. Je me suis donc intéressé à la stratification raciale de la société, à la déshumanisation mise en œuvre, à la pwofitasyon et au mal être dans la société guadeloupéenne. Il y a six piliers de la déshumanisation dont le plus important est l’enseignement officiel et les dégâts qu’il occasionne. En bout de course, à l’université, on a une moyenne de 25 % de succès apres la première année contre 50 en métropole. On avait 15% l’an passé en économie où j’enseigne, et cette année, au premier semestre, on a eu 4,6% de succès… Soit les étudiants ont un problème, soit il y a autre chose. Il y a aussi le problème des mémoires qui sont étouffées comme les cimetières d’esclaves sur les plages, celui de la justice... Les enjeux ne se limitent pas à une question statutaire, mais que tous les Antillais aient le même statut de citoyen. Mon livre est une théorie générale de la néo-colonisation. »
Danielle Donnet-Vincent (Guyane), Il était une fois le bagne colonial, Ibis rouge
« Ce sont les souvenirs d’un fonctionnaire colonial qui avait rassemblé toutes sortes de choses, ecrit des souvenirs, pris des photos, fait des dessins… Tout ça est tombé dans l’oubli. Je n’ai qu’un mérite, c’est d’avoir ressuscité cette mémoire. C’est la mémoire d’un Français qui a découvert la vie aux colonies. A l’inverse de la majorité des fonctionnaires qui l’entouraient, il a été émerveillé. Il témoigne avec beaucoup de fascination et de respect. Albert Ubaud était fils de fonctionnaire colonial. Il a passé son enfance jusqu’en 1908, en Nouvelle-Calédonie. Puis, il est parti en Guyane en 1926 ou il est resté jusqu’en 1943.
Marie-Andrée Ciprut (Guyane), La vie à pile ou face ou le goût des autres, Ibis rouge
« C’est un calendrier imaginaire sur 12 chapitres, de rencontres, de réactions à des faits personnels et historiques qui me laissent des goûts bizarres, des goûts de miel (l’amitié) ou des goûts de fiel (le racisme)… C’est Patrick Chamoiseau qui m’a poussée à écrire. Et je lui ai dédié mon premier livre, Outre-mer, qui parle du métissage. »
Daniel Maximin
L’auteur guadeloupéen sort le 1er juin au Seuil, Aimé Césaire, frère volcan. Un parcours vu depuis celui de Daniel Maximin. Celui-ci se réjouit d’annoncer que l’exposition créée à l’occasion de l’année des Outre-mer, Césaire, Lam, Picasso, sera à Fort-de-France en décembre. Maximin est aussi l’adaptateur de la pièce Une saison au Congo, montée par Christian Schiaretti, directeur du Théâtre national populaire (TNP) de Villeurbanne avec une troupe burkinabé.
Gerty Danburry signe Les Rétifs aux éditions du Manguier, son dernier roman qui se déroule dans le contexte du week-end de la fete des mères de mai 1967.
Hugues Pagésy présente une fable sur la rencontre d’un pilier de comptoir avec l’au-delà, Rendez-vous avec Dieu, aux éditions Nestor.
Jean-Yves Bertogal est le poète et slammer guadeloupéen installé a Champigny. Il signe sous son trigramme, JYB, L’écho des conques, publie par les Xérographes éditions.
Alain Foix et son Martin Luther King
Euphrasie Calmont et Emma ou la rage de vivre.
David Alliot et son Cesaire et le PCF