Salon du livre - Muriel Tramis
Muriel Tramis sort aux éditions Dagan, Au cœur du giraumon, un premier roman.
Cette Martiniquaise installée à la fois dans l’Hexagone et en Martinique est une développeuse de jeux vidéo et de réalité virtuelle, à la tête depuis 9 ans d’une entreprise, Avantilles. Elle sort son premier roman, Au cœur du giraumon qui nous plonge dans l’univers de trois jeunes filles dans la Martinique des années 1970. Interview.
« J’ai besoin d’être sous les tropiques pour écrire »
Qui sont ces trois adolescentes qui sont les héroïnes de ce livre ?
Ce sont trois élèves en classe de seconde du pensionnat Saint-Joseph de Cluny à Fort-de-France, l’une est békée, l’autre est mulâtresse, la troisième est négresse. Elles symbolisent la société martiniquaise qui est fortement cloisonnée. Ces trois jeunes filles n’ont pas vocation à se rencontrer mais dans ce lieu fermé, elles développent une connivence intellectuelle et elles commencent à se confier, à parler de leurs aventures sentimentales et même de la découverte du reste du monde.
Y a-t-il une part autobiographique ?
J’ai vécu en Martinique jusqu’à l’âge de 17 ans et, oui, c’est une autofiction. Je me souviens de l’atmosphère de l’époque et j’y inscris une fiction très inspirée de ma vie. D’ailleurs, le premier chapitre du livre, je l’ai écrit à quinze ans, quand j’étais en classe de seconde.
C’est un peu le prétexte à raconter ces années 1970…
C’est dans ces années-là que j’ai fait ma propre révolution culturelle, que je me suis ouverte au monde et que j’ai découvert que la société était secouée par ces problèmes d’identité… Ca n’a pas beaucoup changé d’ailleurs ! Il y a un clin d’œil politique avec le sous-titre du livre qui est « 73 – 74 » et qui fait référence aux articles de la Constitution sur lesquels nous nous sommes prononcés récemment.
Comment évoluent ces jeunes femmes dans ces années 1970 ?
Elles sont en rébellion parce qu’elles se rendent compte qu’on leur a menti, la société, leurs parents. Et cette rébellion est mon point de départ pour répondre à la question que je me pose au début du livre : quelle place occupe-t-on dans l’univers quand on naît femme dans ce confetti d’île qu’est la Martinique ?
Et votre réponse ?
Je pense que tout se joue à l’adolescence et, si le roman rencontre son public, je publierai un deuxième et un troisième tome. Le dernier n’est pas encore écrit et c’est dans celui-ci que je donnerai une réponse finale, du moins je l’espère, à cette question. La réponse est en moi… Ce qu’il faut retenir, c’est que c’est une fable drolatique avec un coup de théâtre. Ce sont des filles impertinentes et comme le dit mon préfacier, Gerry L’Etang, c’est un livre plein de volupté.
Quel a été l’élément déclencheur à l’écriture ?
Quand j’ai écrit le premier chapitre, à 15 ans, c’était une histoire de chahut dans la classe du professeur d’anglais. C’était une remplaçante handicapée. On l’a tellement chahutée qu’elle a préféré renoncer et elle a donné sa démission. Toute la classe en a été très affectée. J’ai écrit une petite nouvelle que j’ai laissée reposer dans un tiroir et, en l’an 2000, je me suis demandé ce que j’allais apporter au monde, alors je l’ai reprise et décidé de raconter tout.
Propos recueillis par FXG (agence de presse GHM)