Samai Badat, responsable de la campagne de Nicolas Sarkozy pour les Ultramarins de l'Hexagone
Samia Badat, responsable de la campagne de Nicolas Sarkozy pour les Ultramarins de l’Hexagone, devrait accompagner le candidat de l’UMP à la Réunion le 4 avril.
C’est elle qui est en charge de l’organisation du meeting du candidat Sarkozy pour les ultramarins, le 15 avril au Pullman Montparnasse à Paris. Interview.
« Il y a un avant et un après 2007 en matière d’Ultramarins de l’Hexagone »
Il y a six ans, c’était Patrick Karam, alors à la tête du Collectifdom, qui coordonnait la campagne de Nicolas Sarkozy en direction des originaires d’outre-mer. Quelle est votre légitimité ?
Je n’aurai jamais le background de Patrick Karam, pour autant ce que j’ai fait ces dix dernières années me rendent à mon sens légitime. En 2005 et 2007, j’ai fait partie de l’organisation des premiers déplacements de Nicolas Sarkozy à la Réunion. Je bénéficie en outre de l’expérience et de l’expertise acquises en travaillant à la délégation interministérielle pour l’égalité des chances des Français d’outre-mer, qu’elles soient techniques ou relationnelles vis-à-vis des associations des originaires des outre-mer. Je les connais toutes et je les ai toutes reçues. Cela a concouru au choix de ma personne pour cette responsabilité.
Vous êtes secrétaire nationale à l’UMP en charge des engagements solidaires et pourtant, c’est vous, déjà, qui étiez à la manœuvre pour la convention UMP sur l’Outre-mer en novembre dernier…
J’ai travaillé sur des problématiques plus sociales mais pas uniquement. Si je suis secrétaire nationale sur une thématique, je peux travailler sur tout. Ce qui m’a permis l’an dernier de m’imposer sur le débat dur l’islam et la laïcité…
En tant que française musulmane, le débat sur la viande hallal vous a-t-il gêné ?
Le débat tel qu’il a été manipulé, déformé par l’opposition et Marine Le Pen, m’écoeure effectivement. Mais qu’a dit Nicolas Sarkozy ? Il a demandé plus de traçabilité ; ça n’est pas choquant que la viande hallal soit fléchée en tant que viande hallal. Moi qui achète hallal, je préfère que cette viande soit ciblée.
Mais comment êtes-vous arrivée à prendre la charge la campagne pour le 6e DOM ?
J’ai eu les mains libres et j’ai pu m’exprimer lors de ce colloque sur la laïcité. De la même manière, j’ai travaillé sur la convention outre-mer pour laquelle on m’a proposé l’animation. A la suite de cette convention, on m’a chargé d’un groupe de réflexion thématique sur le programme et le bilan outre-mer du président. C’était d’abord un travail de fond, après, on m’a demandé de travailler sur la mobilisation pour le meeting du 15 avril qui aura lieu à l’hôtel Pullman Montparnasse.
Quelles relations avez-vous avec le QG de campagne du président ?
Comme tous les orateurs nationaux de l’UMP, j’ai participé à des réunions au QG avec Guillaume Lambert, Nathalie Kociusko-Morizet, Olivier Biancarelli… On est très abondamment alimentés en argumentaires sur tous les thèmes et je suis en relation avec eux pour l’organisation du meeting et le déplacement à la Réunion.
Dans cette campagne, bénéficiez-vous du renfort de la ministre de l’Outre-mer et de l’actuel délégué interministériel, Claudy Siar ?
Pour le meeting, toutes les volontés sont les bienvenues. Marie-Luce Penchard sera aux Antilles avec François Fillon et ne pourra donc y être, quant au délégué, il aura toute sa place s’il veut y prendre part.
En quoi consiste l’organisation d’un meeting comme celui du 15 avril ?
Il ne s’agit pas juste de ramener du monde ; il faut expliquer aux gens qu’il y a un vrai bilan, qu’il y a un avant et un après 2007 en matière d’Ultramarins de l’Hexagone, que c’est Nicolas Sarkozy qui a mis tout cela en place. C’est pour quoi il faut venir l’écouter dire ce qui a été fait et ce qu’il fera.
Pour parler bilan, quelles sont les principales mesures que vous retiendriez ?
La création de la délégation interministérielle est un tel précédent que même François Hollande se permet de la citer dans ses meetings ; le travail sur la continuité territoriale avec les billets Karam et les billets deuil. Rappelons que l’Etat n’a aucun pouvoir sur les compagnies aériennes, alors quand Hollande parle de plafonner les prix mais faudrait qu’il nous dise comment. Nous avons fait beaucoup en matière de lutte contre les discriminations à l’emploi et au logement avec tous les moyens : les conventions avec les entreprises et les agences immobilières, les politiques de testing, les plaintes, les sanctions… Sur le volet mémoriel, il y a eu le discours du 10 mai, l’hommage de la République à l’esclave qui a fait pleurer Christiane Taubira. Il y a eu la journée du 23 mai pour honorer les ancêtres esclaves. Je rappelle à Serge Romana qui s’est battu pour ça que c’est un gouvernement de droite qui lui a donné gain de cause ! Et puis, n’oublions pas la panthéonisation de Césaire. Il y a encore eu l’agence de promotion et de diffusion des cultures d’outre-mer et encore la circulaire permettant la promotion et la mutation des fonctionnaires originaires d’outre-mer dans leur territoire. Maintenant, le texte existe et est désormais opposable même s’il reste à le mettre en application, mais ça sera l’objet du second mandat du président.
Vous allez participer au déplacement du candidat Sarkozy à la Réunion, qu’attend-on de vous ?
Quand le président amène en déplacement une personne originaire du département qu’il visite, c’est parce qu’elle représente quelque chose. Je crois incarner la jeunesse réunionnaise motivée, volontaire et qui a envie de donner une image positive de la Réunion, des outre-mer en général.
Le quinquennat Sarkozy a été marqué par des crises sociales contre la vie chère. Sur ce point, interrogé par France Ô, Nicolas Sarkozy a comparé le niveau de vie des Domiens à celui de leurs voisins dans leur bassin géographique. Ca lui a valu des critiques des socialistes. Fallait-il le faire ?
Victorin Lurel fait son travail d’opposition classique ; il est dans son rôle. Quiconque a vu cette interview voit bien que le président maîtrise parfaitement ses sujets outre-mer. Sur le fond, souvent on reproche au gouvernement de ne pas assez insérer les départements dans leur bassin d’origine. LADOM finance les étudiants pour qu’ils aillent se former chez leurs voisins. On dit que pour faire baisser le coût de la vie, il faut acheter de la viande au Brésil quand on est en Guyane ou aux Antilles, plutôt qu’en métropole… Alors pourquoi dans certains cas, faut-il parler du bassin d’origine et dans d’autres, ne faudrait-il pas en parler ? C’est vraiment démagogique.
Vous êtes entrée en Sarkozye avec Nassima Dindar et, aujourd’hui, vos chemins se sont séparés. Comment l’expliquez-vous ?
La vie politique est telle que les chemins des uns et des autres se croisent et se décroisent. Pour autant, je garde beaucoup de reconnaissance et d’affection pour Nassima Dindar. J’ai beaucoup appris avec elle et je suis très loyale et fidèle aux gens avec qui j’ai travaillé, qui m’ont donné ma chance. Il y a eu de part et d’autres des incompréhensions et des maladresses qui ont fait qu’on en est arrivé à cela. Forcément, je le regrette parce que j’aurai préféré que nous restions dans la même famille politique. Maintenant, elle a ses raisons, il ne m’appartient pas de les juger. Je préfère retenir d’elle l’organisation magistrale des deux premiers déplacements de Nicolas Sarkozy à la Réunion.
Avez-vous des ambitions ?
Servir mon président, mon parti, ma sensibilité politique mais également l’outre-mer et les Ultramarins et essayer de donner une image positive de la jeunesse ultramarine qui est assez souvent mise à mal par les grèves ou par l’image qu’on s’en fait dans l’Hexagone. Je veux montrer aussi qu’on peut être pleinement Français, mais également musulman d’origine indienne et Réunionnaise. Pour autant, je ne suis candidate à rien. Je procède par étape et la seule élection qui compte aujourd’hui, c’est celle de Nicolas Sarkozy.
Comment qualifiez-vous le rapport personnel qu’entretient le président sortant avec l’outre-mer ?
C’est une relation de responsabilisation avec des mesures fortes, une incitation à la prise en main qu’il s’agisse de biodiversité, d’agro-nutrition, de développement endogène… Le fil directeur de sa relation avec l’outre-mer est une politique de responsabilisation qui n’est pas une politique affective ou doudouiste.
L’outre-mer est-il un enjeu difficile pour le président candidat ?
La Réunion a toujours voté à contre-courant. L’outre-mer est imprévisible mais Nicolas Sarkozy a de quoi valoriser son bilan qui est très bon. Je voudrais juste qu’on retienne qu’en matière de prise en compte des Ultramarins de l’Hexagone, il y a un avant et un après Nicolas Sarkozy.
Propos recueillis par FXG (agence de presse GHM)
Photos Régis Durand de Girard