Shirley Billot : la beauté est dans la banane
La jeunesse éternelle est dans la banane
Shirley Billot a développé des crèmes de beauté à partit du bananier.
En entrant dans l’enceinte du Beyond Beauty Events, salon professionnel des cosmétiques de Paris, ce 10 septembre, l’entrepreneuse martiniquaise, Shirley Billot, a atteint son but : présenter sa gamme de produits anti-âge aux professionnels après un parcours du combattant entamé il y a près de 2 ans ! Zoom, l’espace dédié aux produits émergents, a sélectionné parmi trente autres marques, sa ligne de beauté à laquelle elle a donné le nom de Musatherapy. Musa en latin veut dire banane et c’est dans ce fruit qu’elle est venu puiser les actifs anti-âge (phytostérols) et antioxydant (polyphénols) des crèmes de soins de la marque Kadalys (Kadali en sanskrit veut aussi dire banane). « J’ai commencé à travailler avec une chercheuse guadeloupéenne, Dora Destouches, qui a fait une thèse avec le CIRAD sur la recherche de molécules anti-âge dans le bananier. » A partir de ces travaux, Shirley s’est dit que les vertus de la banane méritaient qu’on s’y attarde. Elle prépare une bibliographie sur le sujet qui rassemble 80 études et propose un programme de recherche au CIRAD : comment isoler, concentrer et conserver ces molécules bio-disponibles dans une crème de beauté ? Depuis, sept chercheurs se sont mis au travail. Et après avoir décroché l’aide des ASSEDIC, le soutien d’OSEO Innovation, de la Région Martinique et de fonds privés, elle a fondé une société par actions simplifiées, SHB, et déjà déposé 25 brevets ! « Je me suis rapprochée de la filière banane qui a accepté de collaborer car ça l’intéresse de trouver de nouveaux débouchés. Les bananes de Guadeloupe et Martinique ne présentent aucune trace de pesticides ou de métaux lourds… » Ce qui lui a permis d’obtenir des actifs naturels de banane certifiés bio à 67 %.
Une gamme cosmétique universelle
Les producteurs avec qui elle travaille (Tino Dambas et Philippe Aliane en Guadeloupe ; Louis-Daniel Berthome, José Maurice ou Bertrand Aubery en Martinique) font attention à ne pas traiter les fruits qu’ils lui destinent pendant leur transport au pôle agro-alimentaire de Martinique (PARM). Il faut 150 kilos de bananes vertes ou une demi tonne de bananes jaunes pour extraire un kilo d’actifs. A terme, Shirley souhaite créer au PARM le centre de pré- !à transformation, « même si c’est prématuré aujourd’hui… » Les essais sur la peau humaine (culture de tissus) sont et ont été réalisés avec la faculté de pharmacie de Montpellier. Ils permettent d’affirmer que les effets anti-âge de la banane sont incommensurablement plus forts que ceux des actifs de l’huile d’argan ou de pépins de raisin… Ce n’est donc pas un produit ethnique qu’a développé Shirley Billot, mais une gamme cosmétique universelle destinée à tous les types de peau. Pour ce salon professionnel parisien, elle a fait appel à un industriel italien qui lui a préparé un stock de tubes et flacons suffisant pour répondre à une première commande de gros. Elle vise la clientèle des pharmaciens et la distribution sélective (parfumeries). « On est déjà présents à la pharmacie du forum des Halles à Paris, à la pharmacie KST à Fort-de-France ou à celle du Rond-point à Schoelcher. Les magazines Grazia, Votre Beauté, Public, Côté Santé, le JDD (et bientôt Elle) lui ont consacrée un papier et sa page FB a déjà eu plus de 12 000 visites.
Reste plus qu’à trouver les clients.
Shirley Billot a investi dans sa société 500 000 euros depuis 18 mois.
FXG (agence de presse GHM)
Des bains feuilles à la société SHB
Jeune quadragénaire, Shirley est fille d’un père militaire qui l’a emmenée enfant vivre à Djibouti avant de revenir suivre sa scolarité à Tartenson et Schoelcher. Avec un bac scientifique, elle se forme à l’économie et travaille pendant 7 ans comme conseil en logistique, relations clients dans différents secteurs en Europe (musique, banque, pharmacie…). De retour aux Antilles, elle travaille dans le téléachat et la distribution de gros. C’est sa mère qui lui a transmis sa passion de la pharmacopée locale. « Elle m’a initiée aux bains feuilles qu’on chauffait au soleil pour traiter les problèmes de peau… » Elle a ensuite rencontré les spécialistes, le Dr Henri Joseph de Capesterre-Belle-Eau, le Dr Nossin, pharmacien du Prêcheur. « Ils m’ont donné envie de risquer ce projet. C’est un peu fou et j’angoisse beaucoup, surtout en pleine crise, mais bon… c’est une passion ! » L’envie de créer la société est née en 2009 pendant la grève générale. « Je voulais créer un produit haut de gamme qui valorise une image martiniquaise innovante, qui valorise la banane française et favorise l’emploi local. »