Sophie Gastrin présente le Mag, C l'info et le JT de Télématin
Sophie Gastrin présente en direct le JT de France 5, C l’info, tous les soirs à 17 h25. Sur France 2, elle est le joker pour le JT de Télématin. Et depuis peu, elle anime Le Mag, une émission de service à destination des Ultra-marins, pour préparer et accompagner les téléspectateurs des outre-mers français à l’arrivée de la TNT. Interview.
« Roselmack à l’antenne ne doit pas être un événement »
Vous présentez depuis peu Le Mag. Pouvez-vous nous expliquer le concept de ce magazine ?
Le Mag a été conçu pour préparer les téléspectateurs à l’arrivée de la TNT. Ils ont été habitués à RFO qui est un concentré de toutes les chaînes de France Télévisions et, demain, ils auront toutes ces chaînes de façon individuelle et permanente. Tempo va disparaître au profit de plusieurs chaînes, mais pour cela, il faut un équipement, il faut un décodeur. Alors, il y en a qui vont profiter de la situation pour dire aux gens qu’il faut changer leur vieux téléviseur… Ce n’est pas la vérité et c’est à nous de leur dire.
Est-ce une émission d’astuces ?
Ce n’est pas une émission d’astuces, c’est une émission d’accompagnement. On prend le téléspectateur par la main et on lui explique ce qui va changer, ce qu’il devra faire. On essaie d’apporter des réponses à toutes les questions que l’arrivée de la TNT va soulever.
Gare aux arnaques, notamment ?
Gare aux arnaques, effectivement !
Combien de numéros sont-ils prévus ?
Je vais enregistrer douze émissions ; deux sont en boîte, deux autres en cours de fabrication… Mais on est très short en timing puisque la TNT arrive le 1er décembre. Les deux premières sont vraiment explicatives sur la TNT et sa réception. On est très pédagogiques. Mais dans les suivantes, on va être dans le concret. On va faire témoigner des gens d’autres régions de France où la TNT est déjà arrivée avec ce que ça a changé pour eux… Il y aura des interviews de directeurs de chaîne, du président de France TV, Remi Pfimlin… Chaque Mag fera douze minutes. La diffusion de ce programme devrait se faire jusqu’au mois de février 2011.
Vous continuez pour autant votre travail à la rédaction de France 2, pour Télématin ou C l’info. C’est encore tout frais ?
Je suis arrivée à France Télévisions au mois d’août 2009, en provenance directe de Polynésie. Avant cela, j’étais à la Réunion dont je suis originaire et où je présentais également les journaux télé… Quand je suis arrivée à France 2, j’ai intégré la rédaction et le service culture et société au moment où l’on mettait en place un JT pour France 5 dont on m’a chargée de la présentation.
Le fameux C l’info ?
On a fait les numéros zéro et on a tout préparé avec l’ancien rédacteur en chef du 20 heures du week-end de F2 (qui a longtemps travaillé avec Béatrice Schoenberg), générique, décor, formule… Ce JT dure entre 4’30 et 5 minutes maxi, donc ça va vite. Il faut un concentré d’infos, donner du rythme avec des sujets dont on a compris qu’ils ne devaient pas dépasser les 50 secondes. On a fait aussi des tout en images et ça aussi, ça dynamise le JT…
Et c’est la seule case info de France 5…
Oui et la formule a été mise en place par France 2 car France 5 n’a pas de rédaction. C’est fabriqué par France 2, dans ses locaux et on le fait depuis sa régie finale. Faut pas le dire, mais je ne suis jamais allé à France 5 ! (Rires…)
France 5 est une des nouvelles chaînes de la TNT. Que pensez-vous de l’apport de la TNT aux téléspectateurs ?
La TNT apporte vraiment beaucoup car c’est une nouvelle offre, c’est une télévision différente. A côté des grosses chaînes comme F2, F3, TF1, M6, on a le choix. Et le téléspectateur, son pouvoir, c’est sa télécommande. Et aujourd’hui, on voit les super audiences de la TNT. Ca veut dire qu’il y a une demande du téléspectateur de voir autre chose que ne proposent pas ces grosses chaînes. Et la chance de France TV, c’est qu’elle a des chaînes sur la TNT avec F5 et F4. Ca enrichit son bouquet comme c’est un enrichissement pour les gens en outre-mer. Ils ont un choix supplémentaire.
Et on vous retrouve aussi sur Télématin…
Je présente le journal. C’est la couleur Télématin parce qu’on intègre une émission qui est déjà commencée, qui existe depuis 25 ans et qui est une des meilleures audiences de France 2… Je le fais en remplacement de la présentatrice habituelle, Sophie Lesaint. On appelle ça être joker. C’est un réveil très matinal, à 3 heures, avec une conférence de rédaction à 5 heures et le premier journal est à 6 h 30. C’est très particulier la première fois. Après on s’habitue, mais le corps va mal parce que c’est un horaire très décalé… Mais dès 5 h 30, on est tous très réveillés et dans le jus ! Et ça va vite le matin ; il faut réagir extrêmement vite, envoyer des équipes sur le terrain, aller au maquillage à 6 h 15 même si on n’a pas envie d’être maquillée ! Et quand on a fini vers 9 h 30, et bien ça y est ! On a rempli notre mission et on peut aller faire dodo.
Est-ce facile d’arriver à France 2 quand on vient de RFO ? Comment est-on perçu dans la télé parisienne quand on vient d’outre-mer ?
Dois-je répondre la vérité ? (Rires…) On arrive un peu comme un extra-terrestre parce que la planète RFO pour dire la vérité, ils ne la connaissent pas. Les gens ne savaient pas qui j’étais… Sauf ceux qui m’ont recrutée. J’ai dû expliquer qui j’étais, d’où je venais, mon parcours… Ils ne connaissent pas la planète RFO car RFO n’est pas visible en France ; elle n’est visible qu’en outre-mer. On parle de nous quand il y a un cyclone, un volcan qui explose, des émeutes ou un sportif champion du monde… En dehors de ça l’outre-mer est assez invisible à l’antenne alors qu’il est très visible dans la rue en France !
Vous rejoignez le bataillon des journalistes ultramarins à la télé, Audrey Pulvar, Harry Roselmack, Memona Hintermann, qui montrent un peu d’outre-mer à la télévision… Vous en avez conscience ?
J’avais une grand-mère chinoise, l’autre malgache, un grand-père breton… Je suis blanche, noire, chinoise, tout ça à la fois et ça fait ma richesse. Je ne me sens investie d’aucune mission. Si on nous voit plus, tant mieux, c’est une richesse pour l’antenne et pour la France. Quand on part aux Etats-Unis, on voit les Latinos, les Noirs, les Chinois et c’est quelque chose de naturel. En France, on met un Noir comme Roselmack à l’antenne et c’est un événement. Non, ça ne doit pas être un événement ! On en voit plein dans le métro et pourquoi on ne les verrait pas à l’antenne ? Je ne suis pas dans la revendication, mais je trouve légitime qu’il y ait des Noirs à la télé, qu’il y ait aussi des Musulmans, des Chinois… Ils sont partout dans la rue !
Propos recueillis par FXG (Agence de presse GHM)
Son parcours
« Je voulais faire ce métier depuis que j’ai 4 ans »
A la Réunion vers 1972, les parents de Sophie avaient la télé. A cette époque, peu de gens avaient la télévision et Sophie la voyait telle une « boîte magique qui déboule dans le salon ». « Un jour, je rentrerai dans cette boîte », a-t-elle déclaré, quand elle avait 4 ans, à sa maman ! Elle s’oriente donc, après un DEUG d’anglais à la Réunion, vers des études de journalisme à Paris. Puis, ce sont les débuts à Paris Première où elle travaille pendant trois ans. Elle y côtoie Yves Dérouville, Pierre-Luc Séguillon, puis Alexandre Michelin. Vers 1991, c’est l’appel de son île et son retour à la Réunion, à RFO où elle commence comme journaliste pigiste. Elle va y rester plus de dix ans, alternant radio et télé, éditions du midi, du soir, du week-end… En 2005, elle rejoint la Polynésie française qu’elle n’a quittée que l’an dernier.