Suspense autour des arretes de methodes pour les carburants dans les DOM
Arrêtés de méthodes : insoutenable suspense
Pas de nouvelles hier soir des arrêtés de méthodes permettant de fixer le prix des carburants… Tandis que des gérants dans les territoires d’Outre-mer laissaient entendre que c’est le ministère des Finances qui refusait de les signer, le ministère des Outre-mer restait secret, mais serein. Une sérénité qui laissait même transparaître de l’optimisme. Hier matin, Victorin Lurel s’exprimait publiquement sur la naissance du Conseil représentatif des Français d’Outre-mer (CReFOM). Après de son intervention, les journalistes se sont rués sur lui pour l’interroger sur les arrêtés de méthodes. Sont-ils signés ? Sont-ils en voie de publication ? « Vous verrez bien, a dit le ministre… On aura très largement le temps de communiquer. Vous allez voir. » On en est donc réduit à faire des conjectures. Si les ministères avaient retardé la publication, ils n’auraient pas rejeté l’ultimatum des gérants de stations-service, mardi dernier, à l’issue de la derniere réunion de concertation à Bercy. Rappelons que c’est suite à ce rejet que les gérants ont décidé leur mouvement de fermeture des stations-service dans les DOM. Tout le monde s’attendait à ce que les arrêtés soient signés hier et publiés ce samedi, voire dimanche, au Journal officiel de la République, afin qu’ils soient effectifs dès lundi. Mais le silence du ministre, vendredi, donne du crédit à la rumeur lancée par les gérants quant à un blocage qui viendrait de Bercy. Le ministère des Finances pourrait-il être circonvenu par un de ses plus gros contribuables, la société Total ? « Elle acquitte, en impôts et taxes, au moins 1 milliard d’euros, rappelait le 15 janvier dernier, le président de la commission des affaires économiques de l’Assemblée nationale, François Brottes, (…) réalise sur le sol national près de 2 milliards d’investissements bruts, (…) et commande chaque année 6 milliards d’achat à des fournisseurs français. » Son poids est donc lourd en France. D’ailleurs, la gestion de la grève des pompistes dans les cinq DOM, depuis jeudi, a permis de faire tomber les masques en révélant le rôle des pétroliers. Une évidence à Mayotte où Total gère toute la filière carburant, de l’importation à la distribution de détail :Total a fermé l’ensemble de son réseau sans gérants ! En Guyane où les gérants ont inégalement suivi le mouvement de grève jeudi, le communiqué du Groupement des gérants de stations-service de Guyane est lui aussi révélateur du rôle des pétroliers : « Le Groupement réaffirme son soutien à l’ensemble de la filière carburant des DOM contre la parution des arrêtés de méthode au 31 Janvier 2014 afin que la concertation se poursuive. Le Groupement des gérants de stations-service de Guyane constate l’incapacité des stations de Guyane à pouvoir assurer la distribution des carburants à la clientèle. » La pénurie ne serait donc pas leur fait, mais celui de leur fournisseur, la SARA…
Lors de la présentation du CReFOM, hier matin, son président Patrick Karam qui entend soutenir la réforme Lurel sur le prix des carburants, a évoqué un ministre qui « n’hésite pas à prendre en bras de fer tous les lobbys ». Sans nouvelle des arrêtés de méthodes et de leur publication, on peut se dire que la partie de bras de fer n’était pas encore achevée hier soir. Et Victorin Lurel est parti passer son week-end en Guadeloupe.
FXG, à Paris
Epilogue
Finalement, à sa descente de l'avion en Guadeloupe, vendredi, le ministre a indiqué que la rédaction des arrêtés de méthodes avait pris en compte des amendements des gérants et des pétroliers et que le dialogue ne s'était pas interrompu depuis mardi dernier à Bercy. Les pétroliers et le staff de Total ont pris acte de la volonté du gouvernement d'aller au bout de la réforme et de ses conséquences...
Les prefets, dans chaque DOM, doivent désormais présenter les arrêtés de méthodes aux acteurs locaux de la filière. Lurel étant en Guadeloupe et le JO ne paraissant pas le lundi, on attend la publication des décrets pour mardi ou mercredi.