Tahiti au salon de l'agriculture
Un salon sous le signe des restrictions financières
Nos institutionnels ont donné dans la sobriété cette année au salon international de l’agriculture de Paris. Réduction drastique des budgets oblige, ils ne sont venus qu’à douze du ministère de l’économie rurale et de l’établissement public d’intérêt commercial Vanille. « Aucune aide n’a été allouée aux 12 exposants professionnels », selon Martin Temehameharii Coeroli, chef du département information et documentation du ministère. « Ils ont investi leurs propres deniers et nous leur fournissons une aide pour la promotion et la communication. » L’an dernier, les stands polynésiens étaient relégués tout au fond…. « Mais comme c’est l’année des Outre-mer, nous sommes désormais près du boulevard », s’enorgueillit M. Coeroli. Cette année, le ministère a voulu mettre l’accent sur la vanille et les fleurs coupées. Tatiana Hart, de l’EPIC Vanille a emmené 4 agents et 3 vaniliculteurs. Deux autres producteurs sont aussi présents, mais ils ont préféré prendre leur propre stand. L’EPIC Vanille amené 300 kilos de vanille et, pour la première fois, ils ont accepté de faire du dépôt vente. Jusqu’à l’année dernière, le stand institutionnel ne faisait pas de vente et renvoyait les clients vers les stands des privés. « On perdait les clients en route… Là, on les tient. » A la mi-salon, la moitié du stock de vanille a été liquidé mais il a fallu revoir le packaging. « Les gens ne contestent pas le prix mais ils veulent de petites quantités… », explique Tatiana Hart.
La vanille en or
La vanille de Polynésie a été encore saluée par une médaille d’or au concours général agricole. Une compensation pour tous ces frais occasionnés même si cela concourt à la promotion du Fénua ! Car ceux qui ont confié leur vanille en dépôt vente ont payé eux-mêmes leur fret (Air Tahiti Nui leur a fait de vrais tarifs !) et laissent une commission de 30 %. « 9 m2 de stand, rappelle Tatiana Hart, coûtent 420 000 fcfp. » Les dix gousses ne se négocient pas à moins de 21 € ! Chez les exposants privés, fédérés dans l’association que préside Heinarii Haoatai, les comptes aussi sont serrés. « Il faut compter 1 millions de fcfp par entreprise… » Pour se loger, ils se sont débrouillés. Certains, comme l’équipe de Tatiana Hart, ont loué des appart-hôtels et ils dorment tous dans la même chambre. « On n’a pas le temps de faire la fête ! On doit bosser pour vendre… », résume Heinarii. « Le soir, on doit ranger tous les produits et on rentre crevés. Et puis, c’est réveil à 6 heures », raconte Tatiana. Le matin, les exposants se retrouvent autour d’un café, 1 à 2 heures avant l’ouverture et ils font le bilan. Il y a eu trois bons jours en début de salon, mais tout le monde dit que la fréquentation est en baisse et surtout, les gens ont du mal à lâcher 20 ou 30 €. « Même si le pays n’est plus capable de nous aider, on vient quand même, déclare Heinarii. J’espère qu’on va équilibrer mais est-ce que ça vaut le coup de venir ? » Ils sont arrivés une semaine avant le salon, il leur a fallu trouver des tables, des lampes, des emballages. Certains ont des amis parisiens chez qui ils ont pu stocker leur matériel d’exposition, mais la plupart ont du acheter ou louer… « Heureusement, on est plus efficace que le public, s’amuse Heinarii. Je ne comprends pas pourquoi ils continuent de venir… » Certains, comme les perliculteurs, savent qu’ils vont rentabiliser leur salon grâce aux bijoutiers qu’ils vont fournir sur place. D’autres vont poursuivre, après le SIA, au salon de Nice.
FXG (agence de presse GHM)