Taubira a reçu les étudiants de Sciences po
Taubira reçoit les étudiants de Sciences Po
Christiane Taubira recevait mercredi soir dans les salons dorés de la chancellerie, place Vendôme à Paris, une trentaine d'étudiants guyanais dont une majorité scolarisée à Sciences Po. "J'ai de vieilles amours pour les étudiants de Saint-Laurent qui sont entrés à Sciences Po dans le cadre de l'éducation prioritaire." La ministre, en effet, a été membre pendant six ans du jury de sélection et a souvent accompagné les admis à Sciences Po Paris le jour de la rentrée. "C'est important pour moi de vous revoir", leur a-t-elle dit en guise de bienvenue. Outre le droit de suite qu'elle entendait leur offrir ainsi, la ministre leur a demandé d'exposer les problématiques auxquelles ils sont confrontés au cours de leur cursus universitaire. Trois intervenants étaient donc chargés d'exposer la question du tutorat et de l'accompagnement des nouveaux étudiants, celle du logement et celle des bourses d'études. C'est Jessi Américain, issu avec Nicolas et Vanessa de la 1ère promotion des élèves du lycée Bertème Juminer de Saint-Laurent admis à l'école de la rue Saint-Guillaume, qui a ouvert les prises de paroles.
"Sciences Po nous garantit un logement les deux premières années, puis nous devons nous débrouiller." La Région Guyane a mis en place une solution pour une année supplémentaire avec la Cité internationale universitaire, mais nombre d'étudiants, à l'instar de Roberto, ont du faire des pieds et des mains pour trouver une solution. "On ne peut suivre les cours correctement et travailler en même temps !"
Un système de bourse existe pour les aider. Il y a la bourse classique sur critères sociaux, financée par l'Etat et Sciences Po, et celles attribuées par la Région. L'une est d'un montant de 750 par an, une autre de 1 500, c'est selon les revenus des parents. Les étudiants souhaitent que la Région ne distribue qu'une seule bourse d'un montant uniforme. "Même 1 500 euros par an, explique Charles-Henry Asaitie (en 1ère année), c'est très peu pour vivre à Paris." Alors il lance un appel aux élus guyanais : "Il faudrait qu'ils nous proposent des stages ou des jobs d'été, qu'ils nous ouvrent leurs réseaux !" C'est là tout l'objet de la question des parrainages. Mais outre les problèmes matériels auxquels sont confrontés les nouveaux, il leur faut apprendre une nouvelle méthodologie. "On écrivait sur des cahiers à Saint-Laurent, raconte Caroline Siong, originaire de Javouhey et étudiante en 5e année, et on se retrouve en 1ère année avec des étudiants qui prennent leurs cours sur des Mac !" Charles-Henry aurait sans doute décroché si les plus anciens ne l'avaient encouragé à ne pas lâcher. "C'est très dur au début, dit-il, on doit faire beaucoup de choses en très peu de temps, sans rien connaître à la ville..." Caroline s'est plainte de la difficulté de l'intégration sociale lorsqu'elle était en première année : "Les autres étudiants nous regardaiten un peu de haut au début... Avec le temps et l'arrivée, chaque année de nouveaux Guyanais, ça va mieux."
Christiane Taubira n'a pu assister à l'ensemble des échanges (réunion à Matignon oblige), mais elle a souhaité que l'ensemble de ses invités nouent des liens entre eux, tout en les invitant à rester en contact avec elle, via son conseiller pour les "affaires réservées", Eric Lafontaine.
FXG, à Paris
Jessi ou la génération des premiers diplômés
Jessi est diplômé depuis l'an dernier. Après trois ans à Paris, il a fait sa 4e année à Bogota. "L'avenir de la Guyane passe par son intégration meilleure dans sa zone géographique", lance-t-il citant ses camarades présents qui ont choisi d'aller au Brésil comme Cynthia, en Colombie comme Roberto, au Chili comme Anne-Catherine ou au Quebec comme Caroline. Jessi a ensuite fait un mastère en gestion ressources humaines en alternance chez Saint-Gobain. "J'ai accompagné deux plans de sauvegarde de l'emploi dans deux filiales de ce groupe." Aujourd'hui, il est en recherche d'emploi et reste impliqué dans le réseau informel des Guyanais de Sciences po. Mais il est toujours en lien avec son tuteur, un ancien de Sciences Po devenu directeur des ressources humaines.