Teddy Valcy
Le Guadeloupéen Teddy Valcy échappe à l’accusation de terrorisme
L’homme qui, par deux fois s’était évadé en Guadeloupe au début des années 2000, est impliqué dans une affaire avec des islamistes radicaux.
Le 19 août dernier, le juge d’instruction au pôle antiterroriste de Paris, Thierry Fragnoli, a ordonné le renvoi du Guadeloupéen Teddy Valcy devant le tribunal correctionnel avec huit autres personnes. On lui reproche sa « participation à une entente établie en vue de la préparation d’un délit passible de dix ans d’emprisonnement, en l’espèce l’évasion avec usage d’armes et en bande organisée de plusieurs détenus ». Ils sont Smaïn At Ali Belkacem artificier de l’attentat du REC en 1995, Fouad Bassim (tous deux incarcérés à la prison de Clervaux) et Djamel Beghal, assigné à residence dans le Cantal (condamné pour sa participation à l'élaboration d'un projet d'attentat contre l'ambassade des États-Unis à Paris dans les annees 1990). Cette tentative d’évasion, selon l’ordonnance de renvoi, précise que ces faits ont été « commis à titre connexe avec une entreprise ayant pour but de troubler gravement l’ordre public par intimidation ou terreur ».
Teddy Valcy a connu Fouad Bassim lors de son incarcération à Clairvaux, suite à sa condamnation par les assises de Basse-Terre en juin 2002 à dix ans de prison. Fouad Bassim est un ami de Smaïn Aït Ali Belkacem qu’il côtoie à Clairvaux.
Libéré en 2008, Teddy Valcy a été interpellé en mai 2010 à son domicile en région parisienne, alors qu’il dormait, une kalachnikov chargée au bout du bras.
Depuis, il est incarcéré et l’instruction, apres trois années, a abouti à ce renvoi devant un tribunal correctionnel. « Je suis content qu’on n’en fasse plus un terroriste et la tentative d’évasion n’est pas démontrée », confie son avocat, le Martiniquais Eddy Arneton. Seuls en effet, Belkacem et Beghal restent poursuivis pour des faits « en vue de la préparation d’un acte terroriste ». Les écoutes téléphoniques évoquent une action en France « pour l’honneur » et font état d’une formule pouvant s’assimiler à un code : « Abou mariage ».
« Une barbe qui n’est pas celle de Dieudonné »
Teddy Valcy, aujourd’hui 36 ans, a vécu en Guadeloupe entre 6 et 25 ans. Il y a été condamné pour braquage et s’est évadé par deux fois. Il est converti à l’islam, mais ni l’instruction, ni son avocat ne peuvent dire quand il a procédé à cette conversion. « Il s’intéressait à la foi musulmane avant de rentrer en prison, explique Me Arneton, mais il n’a rien d’un radical si l’on en juge par son style vestimentaire. Il porte de longues dread locks et une barbe qui n’est pas celle de Dieudonné ! » Dans une vidéo jointe à la procédure, Teddy Valcy se montre en tenue de combat, une kalachnikov à la main, et appelle « les frères à la djihad » Dans une autre, on le voit en policier, toujours avec une arme. Le juge a finalement conclu que cette vidéo n’était pas un « fait matériel d’acte de terrorisme, mais une mise en scène assez pathétique et peu crédible destinée à impressionner des naïfs ».
Maintenu à l’isolement pendant 17 mois, Teddy Valcy et son conseil avaient saisi la Cour de justice de la République (en vain) et le tribunal administratif de Versailles. Ce dernier a considéré injustifié le renouvellement de son isolement. » Impliqué depuis comme intermédiaire dans un autre dossier de trafic d’armes (l’affaire du « tueur aux mocassins »), Teddy Valcy a été transféré à la maison d’arrêt de Nanterre où il attend tranquillement de connaître la date de son procès.
FXG, à Paris